Coups de coeur gallo-romain au Laténium
- Alain Foucaut
- 15 avr. 2018
- 2 min de lecture
La plaque-étendard de Gorgier: Les astres et le cosmos ont de tout temps intrigué et fasciné les humains. Il est possible, dans les murs du Laténium, d’évoquer les conceptions astronomiques et les croyances astrologiques des Gallo-Romains grâce à la plaque-étendard de Gorgier.

Ce singulier objet a été découvert à Gorgier lors d’une prospection effectuée en 1987 sur le site gallo-romain de Sur Ponton. Étant donné qu’aucune fouille n’a encore pu s’y dérouler, on ne connaît pas précisément le type d’occupation de ce lieu. Toutefois les archéologues supposent qu’une villa romaine pouvait effectivement s’élever à cet emplacement. Notre étendard appartenait peut-être à l'autel domestique de la villa en question. Cette plaque en bronze aux dimensions miniatures dévoile par les représentations qui y figurent certaines croyances et conceptions cosmologiques de nos ancêtres. De fait on distingue en ronde-bosse les têtes des sept divinités de la semaine. Chaque jour possède sa divinité.

Ces divinités n’ont pas été choisies au hasard: elles correspondent aux noms des planètes dont les anciens avaient connaissance. Dans la tradition gréco-romaine, chaque journée était l’occasion de fêter une des divinités romaines qui étaient associées à un des astres que les astronomes de l’époque pouvaient observer (Uranus et Neptune ne l'étant pas). Ainsi, le dimanche était le « jour de Sol » (Sol dies), le lundi le « jour de la Lune » (Lunae dies), mardi le « jour de Mars » (Martis dies), mercredi le « jour de Mercure» (Mercurii dies), jeudi « le jour de Jupiter » (Jovis dies), vendredi était « le jour de Vénus » (Veneris dies), saturdi (ancien nom de samedi, de Saturni dies) était le jour du dieu « Saturne ».
Les représentations des divinités de la semaine se retrouvent pour l’essentiel dans un territoire qui couvre l’est de la France, la Suisse et le sud de l’Allemagne. Ces figurations qui connaissent des formes variées (mosaïques, statuettes, monuments lapidaires ou vases en céramique), sont toutes postérieures à 200 après J.-C.
Les autels en pierre de Cressier portent chacun une dédicace en latin, l’une au dieu Mars, l’autre à la déesse Naria Nousantia (déesse celtique, mentionnée aussi à Muri près de Berne). Ces autels votifs ont une histoire riche en rebondissements.

Erigés au 2 siècle après J.-C. sur une petite colline, dans un sanctuaire sans doute dédié à Mars, le dieu romain de la guerre, ils sont réutilisés au Moyen Âge dans la construction d’une chapelle dédiée à Saint Martin. En 1608, ils sont déplacés dans la nouvelle église paroissiale de Sainte-Marie du Rosaire, pour servir de support à une table d’autel. Ils tombent ensuite dans l’oubli pendant plus de deux siècles. Au début du 19 siècle, ils sont redécouverts par Louis de Meuron, alors châtelain du Landeron. Depuis, ils ne cessent de susciter l’intérêt des archéologues et des épigraphistes. Grâce à eux, en effet, on a pu identifier ce qui est à ce jour le seul temple romain connu dans le canton de Neuchâtel
Les verres gallo-romains: Médaillons en verre, bases d'anses de bouteilles (Saint-Blaise).

Et rien que pour la beauté !



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Sources: