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La chapelle du Saint-Sépulcre à Fribourg

La chapelle Mossu, ou chapelle du Saint-Sépulcre et de saint Laurent, a sans doute été intégrée entre les contreforts sud de la tour d'entrée de l'église Saint-Nicolas vers 1430 puis mise sous toit en 1457, à l'instigation de Jean Mossu, bourgeois de Fribourg et recteur de la fabrique de Saint-Nicolas. De plan irrégulier, elle est éclairée par deux fenêtres : la plus grande comporte un magnifique remplage à mouchette qui manifeste l'influence d'une famille d'architectes de renom, les Parler, qui ont œuvré en de nombreuses églises du Saint-Empire et notamment en la cathédrale St-Guy de Prague. La chapelle est liée au patronage de saint Laurent, dont la statue figure au-dessus de l'autel.

La chapelle du Saint-Sépulcre abrite une œuvre d'importance européenne : un groupe de treize statues grandeur nature, en molasse polychrome, figurant la mise au tombeau du Christ après sa mort sur la croix. En fait, plutôt que la transposition de l'épisode transmis dans les évangiles, il semble qu'elle figure plutôt une « levée de corps » : ce genre de représentation, qui remonte à l'art byzantin de la fin du premier millénaire, est passé dans la peinture, la sculpture et les manuscrits occidentaux ; il est aussi lié à l'érection de chapelles rappelant celle du Saint-Sépulcre de Jérusalem, dont le rôle pouvait être important durant les célébrations de la Semaine sainte. La particularité de la mise au tombeau fribourgeoise tient à son caractère monumental et au fait qu'elle figure parmi les premières manifestations de ce genre en Europe.

La date de 1433, gravée sur la table du sarcophage, n'indique pas forcément la date d'achèvement du groupe, qui date tout de même de la fin de la première moitié du XVe siècle, même si on ignore le nom de son auteur. Le groupe de statues occupe l'emplacement actuel depuis 1942, date à laquelle on a procédé à un réaménagement de la chapelle : jusqu'alors, la chapelle était divisée en deux étages (1646) et les statues se présentaient dans une grotte (1878) ; elles ont même été disposées, un temps, dans la travée sud-est de la chapelle. La scène présente Joseph d'Arimathie (à droite) et Nicodème (à gauche), en costume du xve siècle, tenant un linceul sur lequel repose le Christ, vêtu d'un simple pagne. Derrière se tient sa mère éplorée, soutenue par l'Apôtre Jean et entourée des deux autres Marie. Marie-Madeleine, les cheveux défaits, tient un flacon contenant les huiles nécessaires à l'embaumement. Sur les côtés, deux anges vêtus d'un habit liturgique portent les instruments de la passion (fléau, colonne, croix et clous). Devant la mise au tombeau se tiennent trois soldats endormis, en référence à l'évangile du matin de Pâques.

Les peintures des voûtains et les clés de voûte sont consécutives de la mise sous toit de la chapelle du Saint-Sépulcre dans les années 1450.

La première grande voûte, à l'entrée, comporte quatre anges portant les instruments de la passion et une clé de voûte aux armes de Jean Mossu, qui a fondé la chapelle au xve siècle. La seconde grande voûte, au-dessus de la mise au tombeau, présente quatre anges jouant de l'orgue portatif, de la harpe, du luth et du triangle, ainsi que les armes de la seigneurie de Chenaux, à Estavayer, en référence à la famille de la veuve de Jean Mossu ;

la petite voûte qui la jouxte, près de la grande verrière, présente un décor semblable avec des anges jouant du psaltérion, de la viole, des timbales et, vraisemblablement, de la harpe.

Sur la petite voûte située au-dessus de l'autel de saint Laurent figurent, outre les armes de la famille Mossu, les quatre paroles de l'ange aux femmes qui se présentèrent au tombeau du Christ, le matin de Pâques : Quem quaeris (Qui cherches-tu), Non est hic (Il n'est pas ici), Surrexit (Il est ressuscité), Pax vobis (La paix soit avec vous). Les peintures ont été restaurées – et celles de la voûte aux quatre paroles, entièrement repeintes – en 1942 par Antoine Claraz, lors de la restauration de la chapelle.

Les vitraux de Manessier: Pour la première étape (1974-1976), il s'inspira de la mise au tombeau de la fin du Moyen Âge pour garder l'atmosphère de recueillement propre à la chapelle du Saint-Sépulcre.

Pour la seconde étape (1980-1983), il s'agissait à la fois de laisser suffisamment de lumière pénétrer dans la nef, et de trouver les teintes qui s'accorderaient le mieux avec les vitraux de Mehoffer. Manessier choisit le thème de la Pentecôte pour les dix fenêtres : l'Esprit Saint est répandu depuis le sommet sombre des lancettes jusqu'aux tons plus clairs des parties inférieures.

La dernière étape (1988) est en lien avec l'Année mariale puisque la rose de la tour a été réalisée sur le thème du Magnificat. Visible depuis la chapelle St-Michel mais pas depuis la nef, en raison du buffet du grand orgue, la rose est offerte à la contemplation des passants grâce à une bulle de verre placée au-dessus du narthex en 2012.

Rue du Pont-Suspendu, 1700 Fribourg, Suisse

Accès libre

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