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La musique arabo-andalouse au MAECO

La musique arabo-andalouse (arabe : الطرب الأندلسي), aussi appelée al moussiqa al andaloussia, gharnati, san'â, chaàbi, hawzi ou malouf en Algérie, al-ala ou al-andaloussi au Maroc, malouf en Tunisie et en Libye est un genre musical profane, classique ou savant, du Maghreb, distinct de la musique arabe classique pratiquée au Moyen-Orient (ou Machrek) et en Égypte.

Elle est l'héritière de la tradition musicale arabe transmise au IXe siècle de Bagdad (alors capitale des Abbassides) à Cordoue et Grenade grâce notamment à Abou El Hassan Ali Ben Nafiq ou Ziriab, musicien brillant qui en créa à l’époque les bases, en composant des milliers de chants et en instituant le cycle des noubat (Le mot nouba veut dire « attendre son tour » ou se succéder en arabe), composées de formes poétiques tels le muwashshah ou le zadjal (qui furent l'une des sources des Cantigas de Santa Maria du roi Alphonse X de Castille, du flamenco et des troubadours).

Cette musique aura également une influence sur la musique occidentale contemporaine, notamment sur les œuvres de Camille Saint-Saëns à la suite de ses contacts avec des musiciens Algériens, tel Mohamed Sfindja.

La musique jouait un rôle important dans la vie princière, depuis que l’artiste irakien Zyriab introduisit des musiques et un art de vivre nouveau à la cour de Cordoue. Le chapiteau aux musiciens du Museo Arqueológico de Cordoue, plusieurs coffrets d’ivoire et même certains textiles en rendent compte.

Chapiteau des musiciens (976 - 1000):

Pièce unique, elle se distingue par sa décoration figurative. Le fait que ses quatre côtés soient ornés de figures humaines situe cette pièce dans un contexte privé de la Cordoue des califes.

Les quatre musiciens du chapiteau sont représentés de face, debout sur les acanthes qui entourent le gorgerin (partie inférieure du chapiteau dans les ordres dorique et ionique romains, toscan, arabe et gréco-romain de la Renaissance). Cette représentation témoigne du goût pour le luxe et les loisirs raffinés de la cour des Omeyyades de Cordoue.

Les quatre visages présentent des dommages intentionnels, associés aux tensions iconoclastes de la rigueur religieuse, au cours des invasions nord-africaines des Almoravides, et surtout des Almohades, aux XIe et XIIesiècles, respectivement. La recherche de précédents pour cette pièce mène aux étapes antérieures à la conquête islamique de la péninsule ibérique, avec des pièces comme le chapiteau des évangélistes, par exemple.

La bouteille aux musiciens (Fin du Xe - début du XIe siècle):

Cette pièce a été découverte lors d’une fouille réalisée dans la rue Alfonso X el Sabio à Cordoue. Par la suite, elle est entrée dans les collections du Museo Arqueológico y Etnológico de cette ville. Elle a été récemment restaurée mais reste fragile en raison de l’altération de la glaçure.

La forme est peu courante. La panse, globulaire et aplatie, s’appuie sur une base annulaire ; le col haut et étroit présente plusieurs bagues dans la partie supérieure. cette forme peut être comparée à la bouteille ornée de motif de lièvres, dont le col a disparu, découverte à Madina Ilbira.

Le décor est souligné d’épaisses lignes noires. Celui du col est illisible. Sur la panse se déroule une scène ludique, peut-être une scène de cour, d’un genre peu fréquent dans les décors contemporains. Elle est composée d’une frise de personnages masculins, barbus pour la plupart. Un homme assis, coiffé d’un turban conique, fait face à une théorie de musiciens. À ses pieds se tient un motif difficile à identifier, parfois interprété comme un animal. Face à l’homme assis, on observe d’abord un homme tête nue, figuré en attitude de marche. Il porte une corne à sa bouche. Derrière lui, un autre semble tenir un tambour de basque. À ses côtés, un homme imberbe porte sur la tête un objet noir formé de pales : il est parfois identifié comme un équilibriste en train de s’exercer. Enfin, un homme barbu porte une longue tige à l’extrémité de laquelle se trouve un élément en position diagonale dont l’interprétation est difficile ; d’aucuns ont proposé d’y voir un chambellan. La restauration a aussi permis de restituer une figure en position acrobatique, les mains posées au sol et les pieds levés.

La représentation d’êtres humains est attestée sur de nombreuses céramiques d’al-Andalus. On peut citer par exemple le personnage en train de boire sur une céramique en vert et brun découverte à Benetússer près de Valence, ainsi que les visages sur plusieurs pièces contemporaines décorées selon la même technique, découvertes à Madinat al-Zahra, dans la ville palatiale du calife de Cordoue.

Musicien almohade, XIIe siècle.

Il est communément établi que l’Etat almohade a été bâti sur des bases dogmatiques et religieuses faisant la part belle à l’abstinence et à la rationalité. Aussi, n’est-il pas surprenant de constater que le fondateur de cette dynastie, Mehdi Ibn Toumert, avait banni la musique et passa à l’acte en ordonnant la destruction des instruments de musique existants.

Cette politique destructrice a été malheureusement poursuivie par ses successeurs, sans pour autant que la prohibition exagérée ne mette en péril l’existence de la musique et du chant surtout en Andalousie qui couvait et protégeait ses artistes.

Au Maroc, le chant a emprunté la voie détournée du soufisme pour se consacrer aux incantations religieuses et au chant pieux (Madih), évoquant Dieu et son Prophète.

Cependant sous le règne de Al Mansour Adddahbi (le doré), une reprise artistique a été enregistrée essentiellement à Séville. Cette renaissance a eu raison de la censure pratiquée par les almohades pour amorcer à la normale et à la liberté de la pratique de la musique, à telle enseigne qu’une esclave chanteuse ou Qyna, n’avait de valeur marchande appréciable que si elle excellait dans le chant ou la danse. Cette valeur était rehaussée si, en plus, elle jouait d’un instrument, ce qui lui conférait le droit et le privilège de choisir ses accompagnatrices.

Azulejos aux musiciens (XVe siècle), Chapelle de San Bartolomé à Cordoue. Cette enceinte est un bon exemple du style gothique-mudéjar, avec un plan rectangulaire, divisé dans la chapelle et le portique richement ornés d'azulejos et de plâtres.

CORDOBA Museo Arqueológico de Córdoba, Plaza de Jerónimo Páez 14003

Accès gratuit pour les ressortissants européens !

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