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Les émaux de Limoges

À travers le nouveau parcours du musée de Cluny "le monde médiéval", quelques salles de « respiration » permettent une explication plus fournie sur un sujet : un espace est dédié à Notre-Dame, un autre à la Sainte-Chapelle et un dernier aux émailleurs du Limousin. Le musée de Cluny détient l’une des plus importantes collections d’émaux limousins conservées dans les musées.

L'émail de Limoges, ou Œuvre de Limoges (opus lemovicense en latin), est une technique de travail de l'émail, dite émail champlevé qui apparaît au milieu du XIIe siècle dans la ville française de Limoges. Après avoir connu un vif succès en Europe occidentale, elle disparaît au milieu du XIVe siècle.

Les raisons du succès et de la diffusion importante de l’Œuvre de Limoges sont multiples, mais il faut tout d'abord considérer les qualités propres des émaux limousins réalisés sur cuivre : moins chers que l'or et l'argent, ils permettaient aux paroisses et aux monastères de se doter de reliquaires, d’objets de culte, d’éléments de décor d’autel, dorés et colorés.

La technique de l'émail champlevé se prête bien à la représentation d'images dogmatiques comme à la narration d'épisodes de la vie du Christ ou des saints.

Les ateliers de Limoges pouvaient fournir une production abondante, en nombre, aussi bien que des œuvres réalisées spécifiquement pour des commanditaires prestigieux.


Pièces majeures de l'Opus lemovicense, on compte encore près de 700 châsses conservées dans les plus grands musées du monde. Ces châsses sont en fait des sortes de sarcophages en miniature offertes aux reliques des saints. Le choix de leur décor vient amplifier toute la symbolique des reliques conservées. Les thèmes choisis correspondent à des effets de "mode" en vigueur à cette même époque et rappellent aussi les traits de la liturgie développée au travers de cette élévation des reliques.


Si le nom de saint Austremoine de Clermont ne résonne qu'en Auvergne - qu'il a évangélisée au IIIe siècle -, une de ses reliques a pourtant fait le tour du monde. Un voyage qui n'est pas dû à une ferveur religieuse mais à un vol. La châsse (du latin capsa, « caisse ») en émaux de Limoges du XIIIe siècle qui l'abritait reposait dans la crypte de l'abbatiale Saint-Austremoine d'Issoire, fondée par des bénédictins au XIIe siècle. Dérobée dans la nuit du 3 au 4 août 1983, elle entame un étonnant périple : la châsse passe de main en main, des Pays-Bas à Los Angeles, de l'Alaska à la Nouvelle-Zélande. Et la relique du saint auvergnat achèvera ses pérégrinations dans une galerie d'art de Honolulu, sur l'archipel de Hawaii. C'est là que la police la retrouvera le 12 septembre 1990. La châsse auvergnate retrouvera enfin sa place dans la crypte de son église en juin 1992

L’Opus lemovicense a connu dès la fin du XIIe siècle une large diffusion dans toute l’Europe, favorisée à partir de 1215 par la décision du concile de Latran IV d’autoriser l’emploi de l’émail champlevé pour les vases sacrés.


Chasse reliquaire. Cathédrale de Trèves, Allemagne

Cette production d'orfèvrerie est incomparable dans toute l'histoire médiévale. En effet, l'Oeuvre de Limoges, avec celle des chantiers hispaniques, a laissé dix fois plus de pièces que les ateliers réunis de la Meuse, de la Rhénanie, de la Saxe, de l'Angleterre et de la Scandinavie.

Croix provenant de Draflastadir (Nord de l'islande). Musée de Reykjavik. XIIIe siècle.

Cette production est unique tant à la quantité de pièces créées qu'à l'étendue de la nature de ces produits. L'Oeuvre s'étend des châsses reliquaires, des ustensiles appropriés à la liturgie chrétienne (Croix, chandeliers, burettes, gémélions, encensoirs ...), des plaques pour les vêtements liturgiques (Pans de chasuble agrafés par un grand fermail, mitre, ganté, crossé ...), jusqu'aux applications sur des pièces à usage profane et héraldique (Cassettes, chandeliers, siège d'apparat, coupes, flacons, fibules, pommeaux d'épées, chanfreins, brides, harnais, étriers, collier de chasse, boîte à onguent, fibules à parfum ...).

Deux chasses provenant du trésor de la cathédrale de Troyes (Aube, France)

Si l'on ne connaît pas exactement l'origine des ateliers d'émaux en Limousin, l'histoire nous rappelle que, dès le VIIème siècle, d'origine de Chaptelat, Eloi suit son apprentissage auprès de l'orfèvre renommé Abbon à Limoges. Il devient contrôleur des mines et des métaux, maître des monnaies, puis grand argentier du royaume de Clotaire II, puis trésorier de Dagobert Ier avant d’être élu évêque de Noyon en 641. Il fonde les monastères de Solignac, et de Saint-Martial à Paris.

Les Émaux de Limoges à décor profane est une exposition-dossier (du 13 avril 2016 au 26 septembre 2016) organisée en collaboration avec le Palazzo Madama-Museo Civico d’Arte Antica de Turin, autour du prêt exceptionnel du coffre du cardinal Guala Bicchieri (vers 1160-1227).

Le parcours dévoile, autour d’une quarantaine d’œuvres, les émaux limousins profanes (dont une trentaine de médaillons), leur iconographie ainsi que leurs techniques.

Visité en 2022.


28 Rue du Sommerard, 75005 Paris

Accès payant


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