Les peintures murales du baptistère Saint-Jean de Poitiers
Tous les murs intérieurs du baptistère Saint-Jean de Poitiers étaient couverts de fresques mais beaucoup ont disparu:
De belles peintures romanes (de la fin du XIe siècle ou du début du XIIe siècle) recouvrent les parois de la salle baptismale, mais des vestiges prouvent qu’il y en avait également sous les arcs de l’entrée et dans la salle occidentale.
Relativement bien conservées, elles s’inscrivent dans la lignée des grands ateliers romans du Poitou comme ceux de Saint Hilaire-le-Grand et de Notre-Dame-la-Grande à Poitiers ou de Saint-Savin-sur-Gartempe.
Les personnages, dans des teintes d’ocre, sont en mouvement et manifestent un grand dynamisme comme souvent dans l’Occident médiéval. La qualité exceptionnelle de la mise en page est assurée par de nombreuses frises grecques et médaillons, qui reprennent des motifs de l’Antiquité.
Au-dessus de l’arc de l’abside d’axe est représentée l’Ascension. Le Christ inscrit dans une mandorle (forme en amande) est entouré de deux anges. En dessous, la main de Dieu est peinte dans un nimbe crucifère.
De part et d’autre, les douze apôtres le regardent s’élever. Cette scène fait référence à la dernière recommandation du Christ envers les apôtres : il les enjoint à aller baptiser et évangéliser. Sur le mur en face, le grand vase de vie faisant référence au baptême ou plutôt à l’eucharistie, devait être, comme aux temps paléochrétiens, entouré de deux paons, oiseaux symboles de la résurrection des morts.
Représentation inédite sur ces mêmes murs : celle de quatre cavaliers dont l’un est nommé Constantin, premier empereur chrétien.
Constantin représente le christianisme combattant le paganisme. On doit interpréter l’ensemble en lien avec les commentaires de l’Apocalypse : les cavaliers signifient les “quatre royaumes” de l’univers qui doivent être réunis sous l’autorité de l’Église de Rome pour assurer le salut des hommes. Sur le mur nord, un saint est encadré de deux paons.
Sur le mur sud, saint Maurice, légionnaire martyr dont l’Église de Poitiers possédait des reliques, est encadré d’un paon et d’un dragon qui tente de fuir.
Un homme qui menace ce dernier d’une épée est accompagné d’une inscription en langue vulgaire, l’une des plus anciennes connues : “il cria marci e turna” (il cria grâce et s’enfuit). L’abside d’axe, quant à elle, accueille des peintures gothiques du XIIIe siècle, qui débordent parfois sur les peintures plus anciennes.
Sur la voûte, un Christ en majesté dans un quadrilobe est entouré des symboles des quatre évangélistes : l’aigle de saint Jean, l’ange de saint Mathieu, le taureau de saint Luc et le lion de saint Marc. Les apôtres Pierre et Paul, patrons de la cathédrale de Poitiers sont également représentés.
En dessous, se déroule une partie de la vie de Jean-Baptiste, désormais patron de l’église paroissiale : Annonce à Zacharie, son père, de la naissance d’un fils, Naissance de Jean-Baptiste, Désignation du nom de l’enfant, Jean-Baptiste priant dans le désert. La suite est endommagée mais sur le mur est de la salle baptismale, à droite en sortant de l’abside, on peut voir la décapitation de Jean Baptiste, sa tête apportée sur un plateau par Salomé à son beau-père le roi Hérode.
Visité en 2020.
Rue Jean-Jaurès, 86000
Accès payant
Sources:
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