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La radiographie en archéologie

Un ami archéologue m'a invité à une séance de radiographie de materiel archéologique provenant

des fouilles d'un cimetière mérovingien situé sur la commune de Cattenom.

Cattenom se situe au nord de Metz, près de la frontière avec le Luxembourg. La ville est plus connue pour sa centrale nucléaire ou ses vestiges de la ligne Maginot !

Les Mérovingiens (Ve-VIIe siècle après J.-C.) enterraient leurs morts habillés et, le plus souvent, accompagnés de leurs objets personnels.

La garde de l'épée laisse entrevoir une belle petite plaque-boucle

Les matériaux organiques (tissus et objets en cuir) disparaissent rapidement, sauf conditions de conservation exceptionnelles, mais les céramiques, les verreries et les éléments métalliques d’armement ou de parure sont fréquemment retrouvés. Ces derniers sont généralement altérés par la corrosion, au point que leur forme et leur fonction peuvent devenir indiscernables, empêchant toute étude.


Artéfacts issus de fouilles...

... et la radiographie !

Paire de boucles d'oreilles en argent

C’est ainsi qu’un objet ferreux informe peut passer inaperçu… à moins qu’il soit radiographié ! L’image radiographique permet en effet de mieux voir sa forme, de distinguer certains décors et d’évaluer son état de conservation.

L’utilisation de la radiographie en lien avec l’étude du mobilier métallique débute à la fin des années 1950 en Allemagne, au sein de différentes institutions telles que le Römisch-Germanisches Zentralmuseum de Mayence ou le Rheinisches Landesmuseum de Bonn. Dès lors, son usage dans le cadre archéologique s’est largement répandu.

En France, l’intérêt pour la radiographie appliquée à l’étude du mobilier est plus tardif et remonte aux années 1970 et 1980 (Mohen 1971, 1973 ; Vuaillat 1976, 1987), tout comme en Suisse (Rychner 1977, 1987).

Par la suite, l’engouement pour ces techniques d’imagerie dans le cadre d’interrogations sur les techniques de fabrication du mobilier métallique de l’âge du Bronze a diminué, à l’exception de rares publications, par exemple de la part de H. Wüstemann (1999).


lls ont néanmoins trouvé un second souffle depuis une dizaine d’années avec le développement de nouvelles techniques comme la tomographie (Mödlinger 2008 ; Bunnefeld & Schwenzer 2011). Il n’est désormais plus seulement question de déterminer les techniques de fabrication d’objets de manière individuelle : à l’instar de certains travaux fondateurs (Ankner 1977), on cherche alors à étudier de manière systématique un corpus d’objets afin d’en dégager des tendances techniques permettant de documenter leurs contextes de production (Schwenzer 2004 : 141-176 ; Wüstemann 2004 : 259-330 ; Mödlinger 2011 : 21-50 ; Bunnefeld 2016 : 31-38). C’est dans la continuité de ces études qu’en 2018, en partenariat avec les universités de Gand et de Bourgogne, a débuté une thèse traitant notamment des techniques de fabrication des épées à poignée métallique de l’âge du Bronze en Europe occidentale.


En haut, fer de lance à ailerons. Dessous, scramasaxe avec un peigne en os et probablement un couteau par dessus.

Le fer de lance radiographié laisse deviner de belles surprises.

La technique la plus répandue en archéologie est la radiographie dite conventionnelle, qui utilise un support argentique. L’image formée sur le film rend compte de la structure interne de l’objet traversé par les rayons X par contraste entre les zones fortement exposées, correspondant à celles absorbant peu le rayonnement, et d’autres qui le sont moins, en lien avec des régions absorbant une plus grande partie.


Scramasaxe le long de la jambe d'un guerrier franc

On devine quelques éléments de décor du fourreau

Et la radiographie

Le scramasaxe et sur les os, éléments de décors et rivets du fourreau.

Aussi une plaque-boucle pour maintenir à la ceinture.

Détails de différents scramasaxes.


Cette technique demeure très utilisée en raison de la relative facilité de sa mise en œuvre et de son coût raisonnable. Les résultats peuvent être remarquables, à l’image des radiographies produites au Rgzm de Mayence, qui constituent encore aujourd’hui de précieuses sources d’information tout à fait exploitables. Néanmoins, ces clichés souffrent de difficultés d’intégration aux travaux numériques, leur digitalisation se traduisant bien souvent par une perte de lisibilité de certains détails et donc d’informations.


Haches et scramasaxes dans leurs fourreaux (Musée Romain-Germanique, Cologne, Allemagne)

Un scramasaxe est une arme blanche franque et, pour certains types, pangermanique (saxonne, viking, wisigothique, etc.). Il s'agit d'un coutelas semi-long à un tranchant long sur un côté de la lame, l'autre côté n'étant affûté qu'à son extrémité (dernier tiers de la lame environ).

Scramasaxe et son fourreau: Couteau de chasse de Charlemagne (trésor d'Aix la Chapelle, Allemagne)

Visité en 2022.


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