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Tout à fait unique dans l'Occident chrétien: L'hypogée des Dunes

Situé sur le plateau des Dunes qui surplombe la rive droite du Clain, l'hypogée* a été édifié au cœur d'une importante nécropole de la ville antique de Lemonum, Le dolmen de "La Pierre levée" paraît avoir servi de limite au cimetière qui s'étendait le long de la voie romaine de Bourges. Actes notariés et tradition orale ont gardé le souvenir d'un champ "Chiron martir", et un "chemin des martyrs". C'est en explorant en 1878 la nécropole que le père Camille de La Croix mit au jour cet édifice doté d'exceptionnelles sculptures et inscriptions chrétiennes de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Âge.

  L’« hypogée des Dunes » ou « hypogée de Mellebaude » est situé au sud-est de la ville de Poitiers à environ 400 m du mur d’enceinte de la ville antique, de l’autre côté de la rivière  Clain, sur un des plateaux qui s’élèvent presque à pic sur le fleuve, dans la zone appelée « les Dunes ». Ce toponyme des « Dunes » n’a rien à voir avec le sens actuel du terme, il faut le comprendre d’après le mot celte dont il dérive, c’est à dire dubes, qui signifie falaise, hauteur.


Statue de Notre-Dame des Dunes, au sommet de la falaise dite des Dunes

il a été mis au jour accidentellement en 1878 lors des travaux de décapement du sol dirigés par le commandant du génie Rothmann pour établir le parc à fourrages des casernes d'artillerie voisines. Cette découverte attise la curiosité du père Camille de la Croix, un célèbre fouilleur de l'époque mais ce dernier ne peut obtenir l'autorisation de fouiller sur un terrain militaire. Vexé, il fouille sur un terrain particulier, contigu à l'ouest, site rocailleux appelé le Chiron des martyrs. Il y met au jour 313 sépultures et, le 24 décembre 1878, un hypogée qui était enfermé dans une sorte de tour octogonale à l'intérieur, circulaire à l'extérieur.

L’hypogée est abrité, depuis 1908, par un bâtiment construit en style néo-mérovingien destiné à le conserver.

Cette chapelle funéraire fut aménagée par l'abbé Mellebaude pour devenir sa sépulture.

Le caveau, peut-être païen à l'origine (d'abord simple salle rectangulaire) était accessible par un escalier désaxé.

Trois marches sont des pierres mérovingiennes ornées d'élégants serpents, de poissons, d'entrelacs empruntés de toute évidence à un autre édifice. Une autre marche utilisait également en remploi une dalle ornée d'anges.

L'escalier conduit à des dormants de porte, eux aussi déplacés comme le révèle le sens inversé du décor. L'abbé Mellebaude, aménageant ce lieu pour sa propre sépulture, y gravera sa profession de foi ; elle commence ainsi :

" † Au nom de Dieu, moi † Ici Mellebaude, débiteur et serviteur de Jésus-Christ, j'ai institué pour moi la crypte que voici, où gît indignement ma sépulture…".

Il subsiste aujourd’hui plusieurs murs conservant encore des traces de décors peints polychromes, ainsi qu'un remarquable ensemble de sculptures et bas-reliefs.

De dimensions modestes, l’édifice était vraisemblablement voûté en plein-cintre et couvert de tuiles. Il était divisé en deux espaces de semblables mesures, séparés par une marche ornée de rosaces et d'une inscription latine. Un arcosolium (tombe sous arcade) a dû abriter la tombe de l'abbé Mellebaude.

Une grande partie des sculptures retrouvées dans l’édifice pourraient provenir d’autres monuments poitevins du Haut Moyen Âge. D'une grande richesse, cet ensemble reste unique en Europe. Nous ne connaissons pas aujourd’hui la provenance de ces pierres qui pourraient être des remplois.

On trouve également, incrustés dans un certain nombre de pierres gravées d'inscriptions bibliques et dans un texte de Mellebaude déclarant sa foi en la chrétienté trinitaire, des cabochons de verre issus de la nécropole de l’époque romaine.

Au fond de l'espace principal subsiste un autel, aujourd’hui seule trace du passé liturgique de l’édifice.

Enfin, à sa découverte, le sol de l’édifice, dallé de calcaire, comportait une dizaine de sarcophages attirés par la sépulture de Mellebaude sans doute.

Autour de l'hypogée, 35 sujets furent inhumées dans des sarcophages dont certains étaient destinés à des nouveau-nés ; il y a eu ici la volonté de sauver l'âme de nourrissons non baptisés.

Le 12 juillet 1886, l'hypogée a été classé au titre des Monuments historiques et ce classement a été étendu au jardin archéologique qui l'entoure le 18 septembre 1952.

Ce site, classé ''Monument historique'' et ''Musée de France'', est tout à fait unique dans l'Occident chrétien. Il est fermé au public depuis 1998, pour des raisons de conservation. Il reste accessible toute l'année aux spécialistes, sur rendez-vous. Le public nombreux s'y rend exceptionnellement deux fois par an, en juin lors des Journées Nationales de l'Archéologie et en septembre lors des Journées Européennes du Patrimoine.

Visité en 2020.


Notre visite avec un conférencier, comme si vous y étiez ! Désolé pour le son de qualité médiocre.

Masque obligatoire mais aussi surchaussure pour ne pas contaminer le site.

*(Archéologie) Construction souterraine où les anciens déposaient leurs morts.



14 Rue du Père-de-la-Croix, 86000 Poitiers



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