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Les sylvains de Fontainebleau

Claude François Denecourt

Né de père inconnu, « monté » de Luxeuil à Paris où il habitait rue du Marché d'Aguesseau, il s'engage volontairement en 1809 dans l'Armée napoléonienne, au 88e régiment d'infanterie de ligne.

Il est promu sergent en 1814. Après quatorze années passées à Versailles, il est nommé concierge d’une caserne de Fontainebleau en 1832, avant d’être révoqué en raison de ses idées républicaines.

À 44 ans, il découvre les beaux paysages de la forêt qui lui apportent beaucoup de réconfort. Il décide alors de consacrer tout son temps et une partie de ses économies à faire connaître ce lieu aux touristes. Autodidacte, ayant découvert les livres à vingt ans auprès d’un instituteur alors qu’il sait à peine lire et écrire, il publie ses premiers guides très rapidement.

Il profite du succès d’une grande manœuvre militaire (le Camp d'Arbonne) qui se déroule en août 1839 pour publier un petit fascicule permettant de se rendre sur les lieux afin d’apercevoir les troupes. Dès lors, ce guide sera réédité sans cesse jusqu’à sa mort (11 éditions rien qu’entre 1839 et 1848), accompagné de nombreux ajouts.

Chaque édition était accompagnée d’une carte réalisée selon les volontés de Denecourt lui-même. Mais, on pouvait aussi se la procurer seule. La carte permet de repérer les différentes visites proposées dans le guide. Celui-ci comporte aussi une partie sur le château de Fontainebleau, généralement vendue séparément. Même s’il n’est pas écrivain et qu’il reconnaît lui-même son manque de culture savante, c’est son approche pratique et concrète de la visite en forêt – il guide lui-même les excursionnistes à la demande – qui fait le succès des guides de Denecourt.

La fontaine Sanguinède construite en 1852 par Claude-François Denecourt (1990).

À partir de 1842, Denecourt ne se contente pas d’indiquer les promenades, mais il commence à tracer lui-même les chemins en forêt, avec l’autorisation tacite de l’administration des eaux et forêts, parfois avec l’aide des carriers et autres tailleurs de pavés : à sa mort, 150 km de sentiers sont ainsi tracés et balisés au moyen de flèches bleues, afin de ne pas s’égarer. Il fait également aménager des fontaines, des grottes et fait édifier une tour d’observation appelée « Fort l'empereur » lors de son inauguration en 1853 par Napoléon III (actuellement Tour Denecourt).

La tour Denecourt en forêt de Fontainebleau

Il baptise enfin les lieux les plus remarquables : 600 arbres, 700 rochers, sites et points de vue. Ces noms, souvent empruntés à la mythologie, à l’histoire ou à la littérature, sont l’occasion pour Denecourt de raconter les légendes – qu’il a souvent inventées lui-même – liées au lieu. En 1855, les plus grands écrivains (Lamartine, Hugo, Sand, Musset, Baudelaire…) lui rendent hommage à travers un recueil de textes où il est nommé le « Sylvain » de la forêt de Fontainebleau par Théophile Gautier.


De nos jours, ces sentiers bleus Denecourt – couleur rappelant le bleu des uniformes de l'armée napoléonienne où il servit – existent toujours, baptisés « Denecourt - Colinet », du nom de Charles Colinet (1839-1905), l’autre sylvain et continuateur de l’œuvre de Denecourt.

Claude François Denecourt est ainsi considéré comme un des pionniers de la randonnée pédestre et des chemins de randonnée modernes.


Charles Colinet

De 1875 à sa mort, il continua à entretenir et étendre le réseau de sentiers dans la forêt de Fontainebleau, sentiers qui portent aujourd'hui le nom de « Denecourt-Colinet », et à publier les éditions de la « carte topographique de la forêt de Fontainebleau ».

Malade depuis un an, il meurt le 11 mai 1905 au matin. Ses obsèques sont célébrées le 13 mai, à l'église Saint-Louis de Fontainebleau. Il est inhumé au cimetière de Fontainebleau.

Son épouse, Mme Colinet, poursuit son travail après 1905 et publie ses cartes.

En 1900, un comité décide d'offrir à Charles Colinet un médaillon en bronze réalisé par Léo Gausson, en remerciement pour ses 25 ans de travaux pour la forêt. Il sera placé sur un rocher.

Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, on se pose toutefois la question de maintenir ou non les 300 km de sentiers qui, n’ayant pas été entretenus, ont vu la nature reprendre ses droits. On décide finalement de les conserver. Leur entretien est assuré bénévolement par l’association des Amis de la forêt de Fontainebleau.

Visité en 2022.


Cimetière de Fontainebleau,

1 Pl. de Verdun, 77300 Fontainebleau


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