Les rues de Pompéi
- Alain Foucaut
- 21 janv. 2023
- 4 min de lecture
Pompéi est divisée par un réseau de rues qui a évolué au fil des siècles.

Le tracé des rues a évolué avec les différentes populations qui se sont succédé. Le noyau osque de la ville possède un tracé tortueux qui tranche avec l'urbanisme rectiligne des Grecs et des Samnites. Le cardo (du nord au sud) primitif de la ville est matérialisé par la rue de Mercure. Le decumanus (est en ouest) le plus ancien est composé de la rue de la Mer et une partie de la voie de l'Abondance.

Ces axes primitifs sont modifiés: les decumani sont matérialisés en 79 par l'axe allant de la Porte Marine à la Porte du Sarno (voie de l'Abondance) et par la rue de Nola pour le deuxième decumanus. Le cardo principal relie la Porte du Vésuve à la Porte de Stabies.

Le réseau des rues assure des communications rapides entre les forums périphériques (Forum Civil et Forum Triangulaire) et l'amphithéâtre. Aux croisements des grandes voies, les artères s'élargissent pour faciliter la circulation de ceux qui fréquentaient les thermes implantés aux carrefours. Deux types de circulations occupaient les rues : les véhicules et les piétons. La chaussée destinée aux véhicules était pavée de blocs polygonaux de trachyte verte ou de basalte.

Les trottoirs étaient réalisés en béton ou en terre battue pour les tronçons datant de 80 à 44 av. J.-C. On passait d'un trottoir à l'autre grâce à de grosses pierres aux bords arrondis qui permettaient de traverser la rue quand celle-ci était inondée par la pluie ou le trop plein des fontaines publiques.

L'entretien des rues incombait aux édiles et celui des trottoirs aux propriétaires des maisons d'où la diversité des matériaux des trottoirs.


Les noms antiques des rues de Pompéi nous restent inconnus dans leur majorité.

Les appellations actuelles des rues sont des noms conventionnels que les archéologues leur ont donnés pour l'une ou l'autre raison, des plus importantes, comme la rue de l'Abondance, qui doit son nom à la sculpture d'une corne d'abondance, aux plus humbles, comme la ruelle des Squelettes, qui doit son nom à la découverte des squelettes de quatre personnes.

La voie de l'Abondance constitue le decumanus maximus (principal) de Pompéi. Elle va de la rue de Stabies au Forum Civil puis de la rue de la Mer à la porte Marine pour son tracé le plus ancien. Elle relie les noyaux les plus importants de la ville: le Forum, les thermes de Stabies, l'amphithéâtre et la Grande Palestre. Dans sa plus grande largeur, elle fait 8,50 m.
La voie de l'Abondance crée un carrefour avec la rue de Stabies : le carrefour d'Holconius. Une statue de Marcus Holconius Rufus (de) couronnée de laurier avait été placée à côté de l'un des quatre piliers de l'Arc de triomphe à quatre faces qui couronnait le carrefour. Sur un angle de ce même carrefour, une fontaine avec un bassin décoré d'un bloc sculpté représentant la Concorde tenant une corne d'abondance a donné son nom à la rue.

La voie de l'Abondance est divisée en trois tronçons. Le premier va de la Porte du Sarno et monte en pente légère jusqu'au carrefour de la rue de Stabies.

Ce tronçon date du IIIe – IIe siècle av. J.-C. Il fait 4 m de large et est pavé de blocs de basalte marqués par de profonds sillons. Les trottoirs sont faits de lave ou de tuf gris de Nocera et sont hauts de 60 cm. De nombreux blocs de bords de trottoirs proches des thermopolia présentent des trous sur leurs rebords pour y attacher la bride des chevaux. Le deuxième tronçon va du carrefour de Stabies à la voie des Théâtres. Il est totalement fermé à la circulation et possède un dénivelé de 80 cm de haut comblée par des marches d'escalier.

Cette dénivellation permet d'évacuer l'eau venant du Forum dans un égout en direction du sud, au-delà des limites de la ville. Le troisième tronçon date du VIe siècle av. J.-C. et va jusqu'au Forum. Il est plus bas que le Forum et un escalier monumental en tuf gris était nécessaire pour atteindre la place. Un effet monumental était donné par le propylée à colonnes et fronton ainsi qu'avec les façades en gros blocs de tuf composées de pilastres et corniches des maisons. Le pavage a été remplacé dans les dernières années 70.


Il faut imaginer cette rue comme la plus représentative de la Pompéi romaine. Le grouillement des clients, commerçants, paysans, habitants avec les boutiques aux marchandises variées, ateliers, thermopolii et maisons en font la rue la plus vivante de la cité.

En voyant les rues de Pompei tristes comme le silence des ruines, j'avais du mal à les imaginer peuplées et animées par quarante mille âmes il y a 2 000 ans de ça.

Pourtant, la cité antique fourmille de détails de la vie quotidienne des pompéiens à l'intérieur des maisons encore debouts ou à même la chaussée. Un des éléments qui a piqué ma curiosité dans ces rues étroites qui n'excèdent pas, pour la plupart, les 4 mètres de largeur (incluant le trottoir), ce sont ces ornières marquant le pavé sur plusieurs mètres et piégeant les touristes chaussés de talons (non mais quelle idée...).

Il s'agit de traces de roues de chars qui sillonnaient jadis la cité de long en large. L'un des chars les plus lourds, le "paustrum" trainaient jusqu’à quatre boeufs et marquait particulièrement le sol de son passage.

Visité en 2011.
Via Traversa Andolfi 20, 80045 Pompeya, Italia
Accès payant
Sources:
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