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Les portails romans sud et nord de la cathédrale de Bourges

Le portail sud est un réemploi de la cathédrale romane précédente. Il a été remonté au début des années 1230 et repeint à cette occasion. Les traces de peinture encore bien visibles datent de cette époque.

Le Christ du portail est inscrit dans une mandorle; il trône au milieu des quatre Vivants, selon une disposition qui est celle des "portails royaux" du milieu du XIIe siècle : Chartres, Le Mans, Angers...

Au linteau, les douze apôtres, siégeant ensemble sous une arcature, conversent entre eux. Dans le prolongement de ce registre, les chapiteaux recevant la retombée des voussures sont décorés de scènes et de motifs divers, sans ordre narratif apparent. A gauche, à partir de l'extérieur, on reconnait l'expulsion du Paradis, avec un ange brandissant une épée devant Adam et Eve toujours nus et honteux. On voit ensuite le péché d'Adam et Eve, puis une scène où un guerrier à cheval est lancé au galop face à un monstre léonin qui menace une figure féminine dont il ne subsiste que la partie inférieure du corps. Le dernier chapiteau de cet ébrasement est agrémenté de deux médaillons où s'inscrivent un joueur de harpe, peut-être David, et un être fantastique à corps de coq, queue de griffon et buste anthropomorphe. L'abaque est décoré de palmettes liées par des bagues perlées. Sur l'ébrasement droit, de l'extérieur vers le centre, on distingue sous une arcade une femme trônante et couronnée, les pieds reposant su un suppedaneum orné de sept arcatures: serait-ce la Sagesse ?

Elle est accompagnée d'un guerrier qui perce de sa lance un petit personnage nu recroquevillé à ses pieds; sur le chapiteau suivant, Samson ou David écarte la gueule d'un lion, en face d'un aigle qui s'apprête à dépecer un guerrier couché sous son bouclier. Deux griffons affrontés précèdent l'image de deux hommes, l'un jeune, l'autre plus âgé, tenant ensemble, en se faisant face, une grappe de raisin. Il s'agit vraisemblablement non pas de Noé dans sa vigne, mais d'une illustration du retour des éclaireurs envoyés par Moïse pour prospecter le pays de Canaan. Derrière ce groupe un homme agenouillé sous une main divine est adossé à un piédestal encerclé par des flammes, qui supporte ce qui pourrait être un animal.

Deux voussures seulement sont peuplées de figures, elles abritent d'abord une série de quatorze anges (deux fois sept) portant des encensoirs, des chandeliers, des croix, des patènes et même des lanternes; puis une série de dix personnages assis (deux fois cinq), qui ne sont en aucun cas les Vieillards de l'Apocalypse, les accompagnateurs habituels du Christ en Majesté des portails du milieu du XIIe siècle. A gauche, en contrebas, la femme couronnée tenant dans sa main une tige fleurie a parfois été identifiée à la Vierge; le personnage barbu qui lui fait face, sa main gauche appuyée sur un bâton, serait alors Joseph. Les huit autres figures sont difficiles à identifier.

Au-dessus de la femme couronnée, les quatre figures de gauche seraient celles des Évangélistes, avec Jean imberbe; en face, au-dessus de l'homme appuyé sur un bâton, on trouverait les quatre grands prophètes : Isaïe, Ézéchiel, Jérémie et Daniel. Ces statues d'ébrasement reposent sur des socles en forme de chapiteaux montés sur des tronçons de colonnes richement décorés de cannelures torses ou de rinceaux végétaux aux riches entrelacs.

Contre la porte, les piédroits sont ornés de motifs végétaux vomis par un monstre situé à l'extrémité inférieure.

Les portes en chêne datent du milieu du XVe siècle. Le vantail de gauche porte dans le haut l'inscription suivante : Orate pro defunctis et benefactoribus Ecclesiae. Reginaldus Boicelli. Ce Renaud Boisseau était le secrétaire de l'archevêque de Bourges Jean Coeur (fils de Jacques Coeur) et ses deux initiales R.B. sont sculptées sur cette porte. Sur le vantail de droite on voit les armes de Jacques Cœur et de sa femme Macée de Léodepart ainsi qu'une série de lettres I et de cœurs ailés.

Dans le mur de droite une jolie porte Renaissance donne accès à une petite maison affectée au personnel de la cathédrale. Mgr Antoine Bohier fit mettre ses armes (buchées à la Révolution) au-dessus de la porte le 27 septembre 1517. Sur l'emplacement de cette maison se trouvait autrefois la recluserie. Au Moyen Age, des pénitents volontaires, appelés reclus, vivaient dans la prière et le silence à proximité des églises.

A l'angle gauche du porche, une très belle statue de Saint Étienne avec le livre des Évangiles (XIIIe siècle).


Deux escaliers conduisent au portail nord.

Comme le portail sud, il date de la cathédrale romane du XIIe siècle et il est abrité par un beau porche du XIIIe aux arcs polylobés. Ce porche est surmonté d'une salle qui a abrité les archives (Une salle identique surmontait le portail sud jusqu'au XIXe siècle).

Une Vierge de Tendresse orne l'écoinçon nord entre ces arcs. Le franciscain prêcheur qui occupait l'écoinçon ouest a disparu, victime des intempéries. Ce portail a beaucoup souffert du vandalisme huguenot en 1562. Toutes les statues ont été mutilées et la Vierge du trumeau a disparu. Le linteau est décoré d'une frise de rinceaux de feuillages habités de fleurs de pavots. Au tympan, Notre Dame de Grâce présente l'Enfant Jésus dans une loggia surmontée d'un baldaquin à coupole ajourée. A droite, un vide où subsiste une auréole, peut-être celle de St Joseph et l'Annonciation suivie de la Visitation au-dessous du réveil des bergers ajouté plus tardivement. A gauche, les trois mages (dont la tête de celui du milieu a été retrouvée et remise en place il y a quelques années (1973 ?)) s'inclinent avec leurs présents. Au-dessus, anges adorateurs et restes mutilés d'un buisson ardent, symbole de Marie.

Les vantaux ont été offerts au XVe siècle par la famille Leroy dont les blasons et les initiales figurent sur la porte.

Visité en 2021.


Pl. Etienne Dolet, 18000 Bourges

Accès libre


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