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Les murs des fédérés

Le 18 mars 1871, les Parisiens se rebellent contre le gouvernement. C'est le début de la Commune qui durera 72 jours. Un épisode historique qui a marqué les esprits. Il y a tout juste 150 ans.

A la fin de la « Semaine sanglante », le samedi 27 mai 1871, les troupes versaillaises, dirigées par le président de l'époque Adolphe Thiers et commandées par le maréchal Mac Mahon, futur président de la République, parviennent à investir le cimetière du Père-Lachaise où des fédérés s’étaient repliés tandis que les quartiers du Trône, de Charonne et de Belleville étaient assaillis. Durant plusieurs heures, les communards résistent au point que les combats se seraient parfois terminés au corps à corps et à l’arme blanche, entre les tombes, non loin des sépultures de Nodier, Balzac et Souvestre.

Cent quarante-sept communards faits prisonniers sont fusillés contre le mur est de l’enceinte du cimetière. Dans les heures et les jours qui suivent, les corps de milliers d’autres fédérés tombés lors des combats de rue dans les quartiers environnants sont ensevelis à leurs côtés, dans une fosse commune. En leur mémoire, une section de cette muraille est appelée dès la fin des années 1870 le « mur des Fédérés ».

Depuis lors, il symbolise la lutte pour la liberté, la nation et les idéaux des communards.

Chaque année le premier mai, les anarchistes, les syndicalistes, les maçons du grand orient, les communistes rendent hommage aux communards devant le mur des fédérés et la tombe de Jean Baptiste Clément auteur du temps des cerises, hymne de tous les communards et de tous les ouvriers.

Une chanson mainte fois reprises dans le monde entier et qui a inspiré nombre d’artiste...

Ce mur est devenu au fil du temps un haut lieu de la mémoire collective. Il symbolise pour beaucoup les luttes pour la liberté, le progrès social, mais aussi toutes les résistances, particulièrement celles contre la démocratie. Il est significatif que les plus importantes manifestations devant ce mur correspondent à des moments forts de revendications populaires.

En 1936, le 24 mai, 600 000 personnes y défilaient. Cette manifestation servit sans nul doute d’accélérateur aux luttes ouvrières. Sous l’Occupation, l’idée de résistance se manifesta par des signes ostentatoires, par exemple des jets de fleurs.

C'est à la Libération que le Mur retrouve la faveur des cadres et des militants communistes.

Très proche de Marcel Paul depuis l'avant-guerre, Maurice Thorez soutient activement sa lutte victorieuse pour la nationalisation de l'électricité et du gaz (loi du 8 avril 1946), puis des houillères (75 ans aujourd'hui).

N'oublions pas l’importante montée au mur de 1945, associant victimes du nazisme à celles de la Commune.

D'ailleurs, c'est dans cette même portion du cimetière que seront par la suite installés les monuments rendant hommages aux déportés.


Avec d'autres éléments du Père-Lachaise, le mur des Fédérés a été classé monument historique par arrêté du 14 novembre 1983.

Situé dans la division 76 du cimetière, il porte une plaque de marbre gravée de l'inscription :

« AUX MORTS DE LA COMMUNE 21-28 Mai 1871 »

En face, se trouvent les tombes de plusieurs personnalités communardes, telles que Jean-Baptiste Clément ou Paul Lafargue et Laura Marx.


Matériellement, l'édifice n'est pas celui contre lequel les fédérés ont été fusillés : abimé, le mur a été reconstruit en même temps que l'ensemble de l'enceinte.

Des pierres du bâti d'origine ont été réemployées à la construction d'un monument intitulé

"AUX VICTIMES DES REVOLUTIONS"

Cette œuvre, sculptée en 1909 par Paul Moreau-Vauthier, se trouve de l'autre côté du cimetière, adossée à la paroi extérieure de l'enceinte nord, dans le square Samuel-de-Champlain.

Le sculpteur rend ici hommage à toutes les victimes des révolutions, y compris à la Commune de Paris. Les deux camps qui se sont affrontés cherchent-ils ici à se réconcilier ?

La citation de Victor Hugo qui y est inscrite « Ce que nous demandons à l’avenir, ce que nous voulons de lui, c’est la justice ce n’est pas la vengeance » semble être un clin d’oeil.

En son centre, une allégorie de la Justice tente d’arrêter les deux clans ennemis.

En 1871, 147 Français ont été tués par des Français pour étouffer la commune libre, ce qui fera dire à Victor Hugo : le cadavre est à terre mais l’idée est debout !

Visité en 2021.



Cimetière du Père Lachaise: 16 Rue du Repos 75020 Paris

Square Samuel-de-Champlain: 18 avenue Gambetta 75020 Paris

Accès libre


Sources:


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