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Le trésor gallo-romain de Neuvy-en-Sullias

Installé dans l'hôtel Cabu, le musée abrite le trésor de Neuvy-en-Sullias, un ensemble exceptionnel de bronzes gaulois et gallo-romains.

Le 27 mai 1861, les ouvriers d'une carrière de sable de Neuvy-en-Sullias, une petite commune du Loiret située dans la région naturelle du Val de Loire à 30 km au sud-est d'Orléans, découvrent fortuitement un dépôt d'objets en bronze rassemblés dans une cache de 1,40 m² faite de briques, pierres et tuiles, sans maçonnerie.

Les circonstances de la découverte, le manque de surveillance du site, les complications de partage dues au nombre et à la définition des ayants droit expliquent le flou qui entoura l'ampleur exacte de la découverte : des sources locales font état de monnaies d'argent et d'objets de harnachement disparus depuis. Acquis en 1864 par la ville d'Orléans, la plupart des objets sont exposés au musée historique et archéologique de l'Orléanais, d'autres objets auraient été vendus séparément, quelques-uns ont été retrouvés ultérieurement.

Le trésor est constitué d'une trentaine d'objets en bronze, que l'on peut grouper en trois lots. Le premier est composé de sculptures d'animaux ; les deux autres sont des statues figuratives dont une partie de figurines très stylisées et une autre partie de statuettes de dieux latins. Toutes les statues sont en bronze coulé, sauf les sangliers qui eux sont réalisés par martèlement de plaques de métal sur une forme en bois, les détails du décor étant ensuite exécutés "au repoussé".

Un grand cheval, l'antérieur gauche levé, de belle facture, 1,05 m de hauteur, 54 kg sans le socle ;

Une trompette droite, 1,52 m de long, 854 g ;

Un sanglier grandeur nature en tôle de bronze, 1,25 m de long, la reconstitution est incomplète et les pièces restantes suggèrent l'existence d'une seconde statue de sanglier d'à peu près la même taille ;

Quatre plus petites statuettes d'animaux : deux sangliers, un cerf et un bovidé (de 25 à 50 cm de long) ;

Trois figurines mythologiques - Esculape, Hercule et Mars - et un taureau, de facture classique, peut-être importées pour certaines ;

Dix statuettes dites gauloises que l'on peut diviser en trois groupes : les nus longilignes ; les nus aux formes pleines ; les personnages habillés.


Certains spécialistes ont pensé qu’il pouvait s’agir d’un dépôt de bronzier qui aurait groupé là des objets destinés à la refonte. Mais la présence de divinités et d’animaux eux-mêmes associés à des dieux amène à penser qu’il s’agit plutôt d’objets provenant à l’origine d’un sanctuaire. En effet, les fidèles offraient des présents de ce type aux divinités en remerciement d’un bienfait. Ces offrandes pouvaient ensuite être déplacées et cachées afin de les protéger du pillage ou bien de céder la place à d’autres lors d’un nouveau dépôt. Devenues sacrées par leur consécration à une divinité, elles ne pouvaient être détruites.

Les pièces de bronze de Neuvy provenaient vraisemblablement d’un fanum, lieu de culte gallo-romain issu de la tradition architecturale gauloise. Une inscription latine sur le socle du cheval confirme cette interprétation. Il y est dit que les magistrats de la ville de Cassicion (site non identifié) l’avaient offert à Rudiobus, sans doute un dieu guerrier. Ce socle est en outre doté d’anneaux, ce qui indique que l’objet pouvait être porté lors de processions. Il s’agit donc bien d’une offrande à un dieu, destinée à être déposée dans son sanctuaire.

La naissance de l’art proprement gallo-romain demeure mal connue, et ce trésor soulève encore aujourd’hui bien des questions par le mélange de styles que présentent les divers objets qui le composent. Les figurines humaines sont de deux types : les unes de facture gauloise comme la remarquable « grande danseuse », les autres de facture classique romaine comme Esculape, Hercule enfant ou Mars. Quant au cheval, pièce maîtresse du dépôt, il incarne le réalisme propre à l’art romain, mais s’en éloigne par certains traits comme l’important développement de l’encolure ou la raideur des jambes. C’est donc une œuvre gallo-romaine qui mêle deux styles : gaulois et romain.

La grande variété stylistique des œuvres de Neuvy-en-Sullias conduit à dater le trésor dans une fourchette chronologique assez large, allant du Ier siècle avant J.-C. au IIe siècle après J.-C. L’art de ces bronzes se situe à la charnière entre deux époques et deux styles. Le sanglier et la « grande danseuse » témoignent de manière très claire d’une résistance de l’art celtique au début de l’époque romaine.

Le sanglier du trésor de Neuvy a été réalisé en tôle de bronze chaudronnée, une technique traditionnelle chez les Celtes. Très admiré pour sa combativité, cet animal a souvent été choisi pour orner les enseignes militaires. Avec sa chevelure flottante et son corps au tronc étrangement étiré, la « grande danseuse » ne correspond en rien aux canons de l’art romain. Elle esquisse un pas de danse que l’artiste a exprimé par la position des bras et des jambes avec une liberté caractéristique de la statuaire celtique. Saltimbanque ou ménade, on ignore qui elle est. Cette « grande danseuse » aux formes épurées fut très admirée par André Malraux et par nombre d’artistes du XXe siècle.

Visité en 2022.


1, square Abbé Desnoyers 45000 Orléans

Accès payant


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