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Le tombeau du Duc Jean de Berry

Primitivement élément central d’un tombeau ducal aujourd’hui détruit et dispersé, ce monument était visible dans l’ancienne Sainte Chapelle de Bourges. Et ce n'est qu'en 1757 que le cénotaphe fut transporté à la crypte de la cathédrale.

Sculptée dans un marbre blanc incrusté d’ inclusions de roche noire, la statue du vieux duc est d’une finesse d’exécution remarquable. L’homme, couronné, est représenté tenant un phylactère, mains croisées sur le buste.

Le visage est traité de manière réaliste, les traits du prince étant tout à fait reconnaissables, et comparables à d’autres supports artistiques, sculptés ou dessinés.

Les pieds du duc de Berry reposent sur un ours endormi, la tête ceinte d’un licol marqué de la fleur de Lys. La titulature complète du défunt est gravée sur les bords de la dalle sur laquelle repose la statue.

L’ours ducal a été au centre d’interprétations toutes plus folkloriques les unes que les autres et reposant la plupart du temps sur des propositions méconnaissant souvent la culture de ce haut personnage. Animal symbolique du duc, qui usait de la devise “Ursine, le temps venra”, il n’est, d’après Michel Pastoureau, que l’illustration d’un jeu de mots associant le nom anglais “bear” à la sonorité du mot “Berry” et aurait été imaginé par le duc lors de sa longue détention dans les geôles anglaises pendant la Guerre de 100 ans pour traduire sa lassitude d’être retenu loin de sa terre.

Certains pensent que l'animal représente la force. Force, oui, mais pas que:

Cela pourrait être le symbole de son énigmatique devise : « Ursine, le temps viendra ».

Certains historiens pensent que cet « Ursine » reflète la passion du duc pour l'astrologie. Car dès son plus jeune âge, Jean est fasciné par cette science. Il devient chevalier de l'ordre mystérieux de l'Etoile à même pas 12 ans...

Sa devise, « Ursine, le temps viendra », intrigue et certains pensent que c'est en lien avec la constellation de la Petite Ourse, voire avec des choses bien plus ésotériques... Mais plus simplement aussi, Ursine fait référence à la femme de Jean, Jeanne de Boulogne, dont on voit la statue près de lui : la dame faisait partie de la famille... des Ursins !

Une autre hypothèse envisage une relation avec saint Ursin, premier évêque de Bourges vers 250 et saint patron du Berry.

Les reliques de Saint Ursin dans la première absidiole de la cathédrale de Bourges


Ce gisant n'est qu'une partie de ce qui constituait le tombeau, qui était entouré de pleurants d'albâtre dont certains sont visibles au musée du Berry (! à l'Hôtel Cujas), au Louvre, au musée Rodin ou encore au Metropolitain muséum de New- York.

On peut voir une reconstitution en plâtre du tombeau dans la salle de cérémonie du palais Jacques Cœur.


Le gisant du duc n'est pas la seule trace de son mécénat dans l'édifice puisque deux priants (ou orants) le représentant ainsi que sa seconde épouse Jeanne de Boulogne sont disposés dans la chapelle Notre Dame la Blanche au fond de l'abside de la cathédrale.

Jeanne de Boulogne, duchesse de Berry, morte vers la fin de 1422, était fille unique de Jean II, comte de Boulogne et d'Auvergne, et d'Éléonore de Comminges. Elle fut mariée, en juin 1389, à Jean de France, duc de Berry, fils du roi Jean le Bon. Elle avait alors douze ans et le duc près de cinquante.

C'est elle qui obtint la grâce de Bureau de la Rivière (1392) et qui sauva la vie au roi Charles VI, dans un bal masqué, où, déguisé en sauvage, il faillit être brûlé vif (nuit du 27 au 28 janvier 1393 "Le Bal des Ardents"). Après la mort du duc de Berry (15 juin 1416), elle épousa l'ambitieux Georges de La Tremoille, qui était plus jeune qu'elle (16 novembre 1416). Il la traita si durement qu'elle fut obligée de le quitter. Elle lui laissa néanmoins l'usufruit de ses domaines et mourut sans enfants, au château de Saint-Sulpice-sur-Tarn, vers la fin de 1422.

Visité en 2021.


Pl. Etienne Dolet, 18000 Bourges

Accès payant


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