Le château des rois de Bohême: Le château fort de Prague
- Alain Foucaut
- 27 déc. 2021
- 3 min de lecture
Le château de Prague (en tchèque : Pražský hrad) est le château fort où les rois de Bohême, les empereurs du Saint-Empire romain germanique, les présidents de la République tchécoslovaque, puis de la Tchéquie, siègent ou ont siégé.
Entrée principale sur la place du Hradčany.

Le Livre Guinness des records l'a classé comme étant le plus grand château ancien du monde ; il a en effet une emprise au sol de 570 mètres de long sur 130 de large.
Façades du château vues depuis la Vieille Ville ; on distingue, de gauche à droite, l’aile thérésienne partiellement occultée par le dôme de Saint-Nicolas de Malá Strana et dominée par les toits de la cathédrale Saint-Guy, le palais Louis, les fenêtres Renaissance de la salle Vladislas, la chapelle de Tous-les-Saints, le palais Rožmberk dominé par les tours de Saint-Georges, le palais Lobkowicz en vert ; le toit pointu de la Tour noire finit la longue façade.

Situé sur la colline de Hradčany (En tchèque, hrad signifie « château-fort ») et dominant la Vieille Ville de Prague et Malá Strana, cet ensemble monumental émerge d’une couronne de jardins et de toits et déploie sa longue façade horizontale d’où jaillissent les tours de la cathédrale Saint-Guy


et de la basilique Saint-Georges.

Le château de Prague occupe un oppidum, colline naturellement fortifiée dont les défenses naturelles sont renforcées par la présence humaine, habité dès le néolithique. Des fouilles archéologiques ont révélé la présence d’un habitat de la culture de la céramique cordée et de l’âge du cuivre. En tout état de cause, il a fallu attendre jusqu’aux années 1980 pour infirmer la croyance selon laquelle l’église Notre-Dame, fondée peu après 885 par Bořivoj, marquait la première trace tangible de l’homme sur ce lieu naturellement fortifié.

Cette croyance, ce mythe dira-t-on, n’est pas neutre puisqu’elle soutiendrait la prééminence temporelle des Tchèques (peuple slave) au château, symbole du pouvoir, qui domine, de sa masse imposante, la capitale, Prague et par suite toute la Bohême, niant par conséquent, une possible antérieure présence franque (donc allemande) sur les lieux. Rappelons que l’une des premières sources historiques concernant les Tchèques mentionnent qu’ils se choisirent pour roi un Franc, Samo.
La tour poudrière Mihulka (fin du XVe siècle)

En 1928, l’archéologue Ivan Borkovský découvre, sous la troisième cour du château, la tombe d’un guerrier richement dotée (épée de fer, hache, arc, carquois et flèches, rasoir et bouclier de bois) datant de la deuxième moitié du IXe siècle, preuve qu’une élite y aurait été présente avant qu’avec le duc Spytihněv, les Přemyslides n’en fassent leur résidence.

Toujours est-il que la première trace écrite concernant le château est le fait de Cosmas de Prague, un moine qui écrit les Chronica Boemorum peu après l’an mil et mentionne qu’« autrefois » un autel païen logeait au point le plus élevé de l’oppidum. Sur cet emplacement, une église est édifiée par Venceslas, elle est dédiée à Saint Guy, saint patron des Saxons, signant ainsi l’orientation politique, culturelle et religieuse de l’État tchèque naissant.
Ce palais fut jusqu’au XVIe siècle le siège des ducs et des rois de Bohême

Dans la mesure où l’autel païen mentionné par Cosmas était, toujours selon ce dernier, consacré à Žiži, une déesse dont le nom évoque la vie (život en tchèque), il n’est pas interdit de voir également, dans cette dédication de la première cathédrale des souverains de Bohême à Saint Guy (Vitus en latin, Vít en tchèque, nom qui se rapporte à vita, la « vie »), un geste empreint de syncrétisme.
Le long de la muraille nord qui donne sur la Fosse aux Cerfs, la Ruelle d’Or (Zlatá ulička) est formée d’une rangée de maisonnettes miniatures, certaines pas plus hautes qu’un homme, qui s’adossent au mur d’enceinte entre la Tour Blanche et la Tour de Dalibor (Daliborka).

Sur ce site surélevé, une première fortification en bois est bâtie au IXème siècle pour protéger la résidence des princes Přemyslides régnant sur le royaume de Bohême. À l’intérieur de l’enceinte, les premiers bâtiments en pierre sont des églises construites à côté du palais encore en bois : l’église Notre-Dame (IXème siècle, aujourd’hui disparue : quelques traces archéologiques sont cependant encore visibles),

l’église et le couvent Saint-Georges (Xème siècle, plusieurs fois reconstruit), la rotonde Saint-Guy (Xème siècle, à peu-près à l’emplacement du chœur de l’actuelle cathédrale).

Le site du Château de Prague est ainsi dès cette époque le centre politique et religieux de Prague et du royaume. Le château lui-même, résidence princière, royale puis impériale fut progressivement aménagé au cours des siècles, principalement sous l’empereur Charles IV (XIVème siècle), le roi Vladislas Jagellon (fin XVème – début XVIème), l’empereur Rodolphe II Habsbourg (XVIème – début XVIIème siècle), et l’impératrice Marie-Thérèse Habsbourg (XVIIIème siècle). Après la chute de l’empire austro-hongrois en 1918, il devient naturellement le siège du nouveau président de la République tchécoslovaque.

Il reste aujourd’hui la résidence officielle du président tchèque.
Visité en 2014.
Hradčany, 119 08 Prague 1, Tchéquie
Accès payant
Sources:
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