- 20 mars 2021

La vallée des ancêtres

L'ensemble rupestre du massif de Fontainebleau est un regroupement de gravures rupestres essentiellement situé au sein d'abris formés par les chaos rocheux gréseux du massif géologique de Fontainebleau. Cet ensemble rupestre compte plus de 2 000 abris gravés, ce qui en fait, pour le territoire français, le second ensemble rupestre en importance, après celui de la Vallée des merveilles.

Découvert et étudié progressivement à partir du XIXe siècle, l'ensemble rupestre du massif de Fontainebleau reste relativement peu connu du grand public. Une partie des œuvres sont supposées dater du Mésolithique.

L'abri du Coquibus 2 en 1989.

Mais le manque probant d'éléments lithiques, le nombre restreint de sondages ayant livré des niveaux archéologiques, ainsi que la modestie et la méconnaissance de l'art mésolithique, ne permettent pas d'attribuer l'essentiel des gravures à cette période. Même si certaines sont en effet en lien avec les industries lithiques du Sauveterrien et du Tardenoisien, principalement des grattoirs et des têtes de flèche en silex, et se trouvent sous abri, il reste toutefois difficile de déterminer avec exactitude leur attribution chrono culturelle, ne serait-ce que par la présence de nombreux motifs d'aspects similaires (ou non) dont l'exécution a très bien pu être réalisée à des périodes antérieures ou postérieures. Ces derniers passent pour être essentiellement non-figuratifs, géométriques et stylisés, semblables à ceux des sites du Tardenois, tel l'abri du Soldat Franc à Brécy.

L'abri du Coquibus 3 en 1990.

Les plus abondants sont par ordre décroissant de simples traits rectilignes, des traits alignés, des quadrillages de type « tablette de chocolat ». À côté de ces motifs omniprésents, on observe des signes géométriques plus complexes et plus rares, croix, chevrons, étoiles, diverses formes circulaires, et des motifs abstraits impossibles à interpréter. Les représentations de lames, d'armes, d'outils renvoient au Néolithique et à l'Âge du Bronze et sont postérieures, ce qui fait supposer que les autres motifs figuratifs stylisés, dont des hommes, des cerfs, des vulves, le sont aussi.

Le cavalier de l'abri 3 en 1990

et en 2003.

Autour de la ferme de Coquibus se concentre quelques beaux abris déjà visités avec vous, comme l'abri du Parc aux Boeufs ou encore l'abri du Bois des Longs Vaux. Et il y en a d'autre...

Coqibus 2015

Nous nous attarderons donc sur un plus petit périmètre qui fut dénomé à la fin des années 40 "Mont des Ancêtres". Cette zone contient plusieurs cavités ornées (toutes découvertes après la seconde guerre mondiale). Nous allons découvrir ensemble les trois plus beaux abris.

Le premier dénomé "grotte des Maréchaux",

tres basse de plafond, comporte de nombreux graffitis de patronymes bien connus à Milly aux XVII et XVIIIe siècle.

Mais elle est surtout connu pour son "pendu" probablement de la même époque.

Néanmoins, quelques anthropomorphes semblent plus anciens.

Le second abri possède quelques beaux quadrillages,

malheureusement partiellement détruit à la fin des années 1970 par pur vandalisme.

On distingue la tentative de prélèvement et la destruction partielle du quadrillage!

Et enfin, la plus célèbre grotte de Milly-la-Forêt: L'Abri du Cavalier.

Abri du Cavalier en 2015

Ce site d'art rupestre de type géodique est sans conteste le plus riche du massif des Trois-Pignons, sa richesse est surtout caractérisée par :

- l’omniprésence des gravures sur toutes les parois de la géode

- la présence de très nombreux anthropomorphes (fantomatiques ou stylisés) souvent oblitérés dans des quadrillages et des gravures stéréotypées du mésolithique.

2015

- une triple enceinte.

2015

- les gravures associées au moyen-âge, un cavalier sur son cheval, et un cheval plus loin.

Les traces rouges sont dues à une tentative maladroite et malheureuse de moulage (explication donné par Alain Bénard Président du Groupe d'Etudes, de Recherches et de Sauvegarde de l'Art Rupestre (GERSAR)).

De plus, le responsable de ce vandalisme à œuvré sur différents site de la forêt...

Ces gravures sont peut-être à mettre en relation avec des murs d'enceinte médiévaux, murs probablement destinés à assurer le pacage de bétail emmené paître en forêt, et avec l'activité des pâtres et bergers de ce bétail.

Murs 1989

Murs 2015

Cette activité pastorale connaît son floruit aux XIIe et XIIIe siècles, ce qui renvoie effectivement aux quelques datations que fournissent les gravures médiévales.

- la gravure isolée en forme de hutte, appelée 'le sorcier'

La richesse de la décoration rupestre de cet abri pose la question de la motivation qui poussait les mésolithiques a gravé plus abondement certaines cavités que d'autres, et pourquoi autant d'anthropomorphes ? Proximité d'un campement, d'un cours d'eau, de gibiers, d'un site sacré ? Le site est encore exempt de pollutions modernes alors prenez en soin SVP.

Juste après la naissance de mon premier fils, en 1990: Découverte de son premier abri orné!