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La merveilleuse chapelle des moines de Berzé-la-Ville

La Chapelle des Moines, proche de la ville de Cluny, date du XIe siècle.

A l'origine, elle dépendait du prieuré des moniales clunisiennes de Marcigny-en-Brionnais. C'est en 1100 que Hugues de Semur, abbé de Cluny de 1049 à 1109, obtint l'obédience de Berzé-la-Ville.

Vendue comme bien d'Eglise à la Révolution, la chapelle devint une exploitation agricole privée.

C'est en 1887 que Philibert Jolivet, curé de la paroisse de Berzé-la-Ville, décela des traces de peintures sous l'épais badigeon des murs.

Son enlèvement fit apparaître des fresques du 12e siècle magnifiquement conservées et d'une émouvante beauté.

Dès 1893, la chapelle fut classée monument historique. Peu après la seconde guerre mondiale, Miss Evans, archéologue britannique, acquiert cet édifice pour en faire don à l'Académie de Mâcon, en 1947.

La chapelle est célèbre par ses peintures, considérées comme le plus beau témoignage de l'art roman clunisien, et qui sont vraisemblablement l'oeuvre d'artistes rassemblés par saint Hugues lors de ses voyages au Mont-Cassin.

Le rapprochement avec l'art byzantin de la Cappadoce s'impose, comme aussi avec les peintures des sanctuaires romains de la même époque.

Elles permettent d'imaginer le décor, disparu, de l'église abbatiale de Cluny III.

L'Académie de Mâcon, propriétaire et gestionnaire de la chapelle, fait procéder et participe aux nécessaires restaurations, sous le contrôle des Monuments historiques.

La Chapelle des Moines, derrière la porte d’entrée du Château des Moines, est un bâtiment simple se composant de deux étages.

L’étage inférieur ou la crypte, datant de la fin du 11e siècle, est voûtée en berceau.

Il était utilisé comme cellier et fait office de salle d’expositions sur les fresques. L’étage supérieur date du début du 12e siècle. Il se compose d’une nef de trois travées, d’une travée de chœur et d’une abside.

Les fresques de l’abside attirent toute l’attention. C’est le plus grand ensemble de fresques romanes en Bourgogne et le meilleur exemple de l’art pictural de l’atelier de Cluny III. Les fresques sont généralement datées de 1105-1115, c’est à dire, à la fin ou juste après l’abbatiat de Hugues. L’iconographie est un témoin très important de la grande époque clunisienne, représentant une quarantaine de personnages dans des scènes bibliques et hagiographiques.

On y retrouve des influences de l’art byzantin et de l’art pictural de Rome. Les fresques attestent l’usage d’une technique mixte, combinant la peinture à fresque en majeure partie et des finitions peintes à sec. La palette riche comporte les ocres jaune et rouge, le minium, le vermillon, la terre verte, le bleu de lapis-lazuli, le blanc et le noir de carbone.

Les fresques, bien conservées, dont certaines parties ont été recouvertes par une deuxième couche vers la fin du Moyen Âge, ont été restaurées aux 19e et 20e siècles.

Au centre du cul-de-four de l’abside trône le Christ en Majesté bénissant, représenté dans une mandorle. Au-dessus de son nimbe se trouve la main de Dieu dans un cercle.

Les douze apôtres jouxtent le Christ : le cortège de saint Paul à gauche et le cortège de saint Pierre à droite. On y reconnaît la donation de la loi à saint Pierre, dite traditio legis, ainsi que la clé de saint Pierre et des phylactères. En bas du cul-de-four on admire deux saints, à gauche, et deux évêques ou abbés, à droite.

Entre les arcatures de l’abside, au pied du Christ, on voit six bustes de Vierges sages ou de saints, avec des ornements vestimentaires. Les deux arcatures aveugles de l’abside représentent des scènes de martyres particulièrement belles.

A gauche, il y a le martyre de saint Blaise, avec son emprisonnement en haut et sa décapitation en bas.

A droite, on admire le martyre de saint Vincent de Saragosse, torturé sur une maie de pressoir. Le choix des deux saints sud-européens est considéré comme un hommage clunisien aux Arméniens et aux Espagnols.

Dans le soubassement de l’abside, neuf bustes de saints et de martyrs occupent l’espace sous les baies. A gauche, Abdon, Sennen, Dorothée et Gorgon sont des martyrs orientaux. Au centre, Sébastien, Serge et Bacchus sont les saints de la Rome éternelle. A droite, Denis et Quentin sont des saints de l’occident de la chrétienté. Sur les piédroits de l’arc triomphal de l’abside on trouve deux bustes d’abbés qu’on croit représenter Mayeul et Odilon de Cluny.

En haut de l’arc triomphal, l’ensemble absidal est complété par un agneau et par deux anges. On retrouve encore d’autres fresques, plus simples et plus abîmées, sur les voûtes du chœur et de la nef : des motifs géométriques, des palmettes, et des traces d’une Cène et d’une Entrée à Jérusalem.

Visité en 2020.


Rue de la Chapelle, 71960 Berzé-la-Ville

Accès payant


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