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La chapelle des Miracles de Saint-Sulpice-de-Favières

La chapelle des Miracles date du dernier quart du XIIe siècle et est de style gothique primitif. Le profil des ogives est d'une gorge entre deux tores, et le doubleau intermédiaire est formé d'un méplat entre deux tores.

Des formerets existent au nord. Les chapiteaux ont des corbeilles carrées, et sont sculptés de larges feuilles et de crochets formés de lobes arrondis, recourbés sur de petites grappes de grains ronds. La hauteur sous les voûtes est de 9,50 m, mais le sol avait été rehaussé à trois reprises, et était situé à seulement deux marches en dessous du sol de l'église en 1939.

Comme l'ont montré les fouilles menées par l'abbé Fernand Boulard en cette année, la chapelle correspond au chœur de l'église précédente, qui était précédé par une nef de trois travées. La longueur totale devait atteindre 30,00 m, ce qui est déjà considérable pour une église villageoise. Les fondations et parties basses de ses murs et piliers ont subsisté dans le sol. L'importance du projet de reconstruction de la seconde moitié du XIIIe siècle explique que l'édifice actuel n'englobe pas le plan de l'ancienne église.

Elle était apparemment dépourvue de bas-côtés, et sa largeur de 6,50 m n'était qu'un tiers environ de celle de la largeur actuelle. Il était donc impossible que la nef de l'ancienne église accueille les célébrations eucharistiques, alors que se construisit le chœur de l'église neuve. Pour des raisons qui n'ont pas été éclairées, la profondeur des deux premières travées du chœur de l'église actuelle semble calquée sur la chapelle des Miracles. La conservation de celle-ci n'a en conséquence pas été mise en cause lors de l'édification du sanctuaire actuel, comme le montrent également la décoration de la porte faisant communiquer les deux édifices, et à plus forte raison le remplacement successif du mur sud de l'ancienne église par le mur nord de l'église actuelle, qui empiète légèrement sur l'espace intérieur de la chapelle.


Dans l'alcôve, une statue de la Vierge à l'Enfant en marbre, haute de 100 cm et datant de la fin du XIVe siècle. Elle n'est pas propriété de la commune, et provient de la région du Mans. Elle a été transmise par héritage à une association diocésaine au cours des années 1950.

Mur nord en petits moellons et étroites ouvertures.

Au centre, Une statue en bois polychrome de sainte Barbe, haute de 140 cm et datant du dernier quart du XVe siècle, considérée comme œuvre majeure de son époque.

C'est pour cette raison que les supports de son doubleau intermédiaire sont enfoncés dans le mur, qui forme comme une niche autour, ce qui est certainement le résultat d'une restauration. Les supports des ogives sont quant à eux enfoncés trop profondément dans le mur pour être mis au jour, et les formerets ont donc logiquement disparu de ce côté.

Le mur oriental enferme par ailleurs une partie d'un ancien doubleau, ce que permet à Yves Sjöberg de conclure à l'existence d'une abside dans le passé. Depuis, ses vestiges ont été retrouvés sous la rue.

La fenêtre actuelle est en tout cas plus récente que la chapelle ; inspirée par les baies de la claire-voie, elle s'ouvre sous un arc de décharge en anse de panier visible extérieurement. Le chevet a donc été remanié aux moins deux fois, et la fenêtre actuelle pourrait être constituée de fragments des baies de l'abside refaites lors d'une restauration. Le mur occidental comporte aussi un ancien doubleau, qui n'est devenu formeret qu'avec le bouchage de l'arcade vers l'ancienne nef disparu. Ici se situe la seconde fenêtre de la chapelle.


Une statue en bois polychrome de saint Sulpice de Bourges, haute de 120 cm et datant du XVIIe siècle

— D'autres interrogations sont soulevées par l'examen de la chapelle. En premier lieu, le mur septentrional ne fait pas corps avec les piliers. Ce mur est constitué de petits moellons noyés dans un mortier, et ne comporte aucune fenêtre vers l'extérieur. Yves Sjöberg estime que ce mur est postérieur à la chapelle, à l'instar du mur du chevet. Il conçoit mal que l'ancienne église se serait présentée comme un étroit boyau, et pense que son chœur aurait été flanqué d'un collatéral, ou que la seconde travée, initialement carrée, aurait été la croisée du transept, avec donc des croisillons au nord et au sud. Pour Thierry Mariage, l'appareil du mur septentrionale renvoie tout au contraire à la période préromane, ce qui est sans doute une interprétation un peu hasardeuse, car cet appareil ne présente aucun signe distinctif, comme l'emploi de l'opus spicatum ou de pastoureaux, petits moellons cubiques utilisés jusqu'à la période carolingienne. En effet, le même appareil peut se trouver sur n'importe quel mur de ferme. L'abbé Lebeuf rapporte par ailleurs que « la moitié de cette chapelle est réduite en sacristie », ce qui apporte peut-être la clé d'explication.

Buste-reliquaire de saint Sulpice de Bourges, qui remplace celui, en argent, perdu à la Révolution

En second lieu, le mur est percé de deux ouvertures étroites comme des meurtrières, qui donnent sur un local attenant. Sur l'une des ouvertures, on a identifié les traces d'une barre de fer verticale, et l'on a également retrouvé l'un des judas permettant de fermer les fenêtres depuis l'autre côté. De petits coussièges y permettaient de surveiller la chapelle tout en se tenant assis sur un banc de pierre. Probablement, il s'agissait de surveiller les reliques de saint Sulpice de Bourges, mais l'on a également évoqué les hypothèses de cellules destinées à des reclus, ou plus prosaïquement à une salle pour héberger des pèlerins malades.

Le puits découvert en 1939 (ou baptistère ?).

— En troisième lieu, le puits près de l'angle sud-ouest, découvert en 1939, n'est pas identifié comme tel avec certitude. Thierry Mariage le considère comme baptistère, car la coupe révèle des similitudes avec les baptistères de Fréjus et Poitiers. L'architecte semble oublier que les fonts baptismaux se situent traditionnellement à l'ouest des églises, près de l'entrée, car les individus non baptisés ne devaient pas entrer dans l'église.

Yves Sjöberg penche pour un puits sacré, où des miracles se sont peut-être produits, ce qui à l'avantage de fournir en même temps une explication pour la conservation de la chapelle.

Elle est également susceptible d'avoir abrité les reliques.

Visité en 2022.


2-6 Pl. de l'Église, 91910 Saint-Sulpice-de-Favières

Accès libre


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