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La beauté intérieure de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers

  • Alain Foucaut
  • 16 oct. 2020
  • 4 min de lecture

La clarté, l’ampleur des volumes (100 mètres de long et 30 mètres de large) et la simplicité de la cathédrale sont surprenantes.

Son plan dessine une croix latine au transept court. Ce grand quadrilatère se compose de trois vaisseaux séparés par de grandes arcades en arc brisé. Caractéristique de l’architecture du style gothique angevin, l’originalité réside dans l’association de son couvrement, assuré par des voûtes d’ogives bombées et des murs épais qui présentent un jeu d’arcatures aveugles au niveau inférieur. Le niveau supérieur est percé de grandes baies à remplage ou de doubles baies. Entre les deux, une coursière de circulation,soutenue par une corniche à modillons sculptés, fait le tour de l’édifice en empruntant des passages muraux logés derrière les piliers.

Enfin, le chevet plat monumental accueille trois absides, logées dans l’épaisseur du mur, donnant l’impression de chapelles.


Bras sud après restauration de la voûte

Peinture sur un mur de la nef «Jésus à Gethsémani» (fin du XVIIe siècle)

La cathédrale Saint-Pierre compte beaucoup de peintures de cette sorte. Elles ont toutes étaient recouvertes de peinture à la Révolution, mais on les redécouvre depuis le XIXe siècle.

Grand autel baroque au centre du chevet dédié à la Vierge de l'Assomption

Cet autel provient de l'abbaye de la Trinité à Poitiers.

Entre décor ornemental et décor figuré, il faut probablement imaginer l’ensemble de la cathédrale peinte. Personnages «historiques», frises décoratives et faux appareils devaient composer le décor principal de cet édifice. Des peintures découvertes au XXe siècle se concentrent essentiellement dans la nef à l’entrée de l’édifice : les nervures des voûtes sont rehaussées de nuances ocres ;

des atlantes, aux corps peints et aux têtes sculptées,semblent soutenir les arcs des voûtes. Les sculptures des chapiteaux sont formées de feuillages ou plus rarement de personnages.

Les modillons sont composés de têtes réalistes, de masques grimaçants, de personnages ou d’animaux. Certaines clefs de voûtes autour de la croisée sont également sculptées. Des inscriptions sont lisibles sur les clefs des voûtes de la travée la plus proche du mur du chevet : sur la voûte centrale est gravée de façon circulaire IN QUO A MCLXVII, inscription latine mentionnant l’année 1167 et laissant supposer la date d’achèvement de la voûte et des travées orientales du chevet. Sur la voûte sud,sont gravées les initiales ADAM. Elles ont probablement une haute valeur symbolique et spirituelle.


La cathédrale possède un ensemble de vitraux des XIIe et XIIIe siècles dont le plus célèbre : le vitrail de la Crucifixion.

Daté des années 1160-1170, il est visible dès l’entrée et éclaire la partie centrale de l’édifice. Ce vitrail est l’un des plus anciens vitraux conservés en France à leur emplacement d’origine. Sa lisibilité, les détails des visages et le trait proche de la peinture romane du Poitou en font l’un des plus beaux vitraux de l’Ouest de la France. Epargné lors de différents conflits et grâce à plusieurs restaurations dont la dernière en 2004 lui a rendu toute sa lisibilité. Ce vitrail est encore constitué de plus de la moitié des verres d’origine. Dans la partie basse du quadrilobe, les donateurs du vitrail (le couple royal Aliénor d’Aquitaine et Henri II Plantagenêt),sont représentés offrant la maquette du vitrail (restitution des restaurateurs) accompagnés de quatre de leurs enfants.

La Crucifixion du Christ occupe le centre de la composition. Le Christ sur la croix tourne son regard vers laVierge et Longin, le porte-lance.

De l’autre côté,se trouvent saint Jean et Stéphaton, le porte-éponge.

En haut du vitrail, le Christ de l’Ascension est présenté dans une mandorle ; les apôtres et la Vierge le regardent.

Sur la partie basse du vitrail figurent la Résurrection du Christ, la Crucifixion de saint Pierre, tête en bas, entourés de la condamnation de saint Paul par l’empereur Néron et la Décapitation de saint Paul. Les deux autres vitraux du chevet également datés du XII e siècle sont consacrés à l’histoire et aux martyrs de saint Laurent, saint Pierre et saint Paul, respectivement à gauche et à droite du vitrail de la Crucifixion.

Des vitraux de la fin du XII e et du début du XIII e siècle sont encore conservés dans l’ensemble de l’édifice, mais remaniés à différentes périodes, ils sont plus difficiles à lire et moins connus. Ceux du côté nord illustrent l’Ancien Testament : histoires d’Abraham, Lot,Joseph et batailles de Josué par exemple.Des grisailles du XIII e siècle, restaurées au XIXe siècle,sont encore conservées dans les baies proches de la façade.Entre 2009 et 2014,une campagne de restauration a été réalisée. Certaines verrières accueillent des créations contemporaines en imitation des grisailles du XIII e siècle.


L’un des ensembles mobiliers le plus remarquable de la cathédrale correspond sans aucun doute aux stalles du chœur,

classées au titre des Monuments historiques en 1908. Elles se composent de 74 sièges en chêne répartis en deux rangées de stalles. Datées du milieu du XIIIe siècle, elles sont les plus anciennes conservées en France. Il pourrait s’agir d’une commande de Jean de Melun, évêque à Poitiers de 1237 à 1257. A l’origine, elles faisaient partie d’un ensemble plus important. Leur emplacement actuel résulte de réorganisations successives de l’espace du chœur.

La sculpture des hauts dossiers est remarquable. Dans les écoinçons figurent des anges offrant des couronnes aux justes, image en alternance avec des motifs d’animaux comme un coq ou une chauve-souris, des dragons ou autres bêtes curieuses ou monstrueuses. D’autres motifs plus symboliques et moralisateurs s’y déploient également : l’orgueil est symbolisé par l’homme chutant de cheval, l’avarice par une femme devant son trésor ou encore l’architecte avec ses outils, bâtisseur des cathédrales. Du côté nord, uneVierge à l’enfant vient remplacer un ange dont les bras portant les couronnes sont encore visibles.

Considéré comme l’un des plus exceptionnels de France, le grand orgue de Poitiers est une pièce notable du mobilier de la cathédrale Saint-Pierre. Il fut réalisé par François-Henri Clicquot, l’héritier de la célèbre dynastie de facteurs d’orgues, lui-même facteur d’orgues du roi, et installé en 1791 sur une tribune édifiée en 1778 par l’architecte poitevinVétault. Parfaitement adapté à la musique française et composé de plus de trois milles tuyaux, il est constitué de quarante-quatre jeux, quatre claviers manuels et un pédalier, deux tremblants et neuf soufflets. Très peu modifié depuis sa création, il fut classé au titre des Monuments historiques en 1908.

Visité en 2020.



1 Rue Sainte-Croix, 86000 Poitiers

Entrée libre


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