L'église monolithe de Saint-Émilion
Selon la tradition, au VIIIe siècle, le moine breton Émilion, après avoir prononcé ses vœux à Saujon, s'établit en ermite près de ce qui, par la suite, devient la ville de Saint-Émilion. Il construit un oratoire, l'ermitage de Saint Émilion et à sa mort en 767, ses disciples creusent un modeste souterrain dans la pierre.

Au début du XIIe siècle, Pierre de Castillon, vicomte d'Aubeterre, fait creuser l'église ainsi que celle d'Aubeterre-sur-Dronne en Charente, en deux sites de sa seigneurie. S'inspirant de modèles visités en Cappadoce pour la technique de creusement du haut vers le bas (moins dangereuse que l'inverse), il conçoit deux petites memoriae (imitations en mémoire) du Saint-Sépulcre. À Saint-Emilion, se trouvaient déjà les reliques de saints protecteurs, et il est probable que Pierre de Castillon s'appuie sur la vita (dont la première version connue date du XIIe siècle) qui relate les prodiges du saint, afin d'attirer sur une voie secondaire les pèlerins en route vers Compostelle, sources de revenus.

La date de construction de l'église n'est pas connue avec précision. Une inscription sur le 3e pilier sud de la nef indique que l'église fut dédicacée à saint Émilion le septième jour des ides de décembre. Cette inscription peut être datée de la fin du XIe siècle ou du début du XIIe siècle. Elle correspond peut être à la consécration du lieu comme lieu de culte.

Cette période correspond à la période de creusement de l'édifice qui est sans doute mené sous le contrôle des moines bénédictins installés sur le site, et par influence orientale au retour de la première croisade. En effet, on peut rapprocher l'église monolithe de Saint-Émilion des églises paléochrétiennes du Moyen-Orient.
Du grec ancien « mono », signifiant « unique » et « lithos », «pierre», son nom qualifie un édifice creusé à l’intérieur du plateau calcaire et dont la structure actuelle forme encore un seul bloc.

Vers le XIIe siècle, une tour est élevée au-dessus de l'église, qui sert par la suite de base à son clocher. Au XIVe siècle, des fenêtres gothiques et un portail sont percés. La flèche du clocher est érigée au XVIe siècle.

Les modifications que subit l'église monolithe aux XV et XVIIe siècles ne dénaturent pas son aspect primitif. Devenue trop grande pour le nombre de fidèles de la paroisse, le sanctuaire de Saint-Émilion voit la fin de la grande époque des pèlerinages, scellant le sort de la commune comme centre religieux régional. L'église souffre de la vente de l'édifice à la Révolution en 1793. Sa réutilisation en fabrique de salpêtre pour en faire de la poudre à canon, fait disparaître définitivement toute décoration murale. « Les sculptures qui, jadis devaient être nombreuses, ont pratiquement toutes disparu. Les quelques éléments sculptés en bas-relief et les restes de corniches et de moulures ont échappé aux racloirs des salpétriers du fait de leur mauvaise position ».

Ses proportions gigantesques (Sa longueur est de 38m, sa largeur de 20m ; la partie antérieure n'a que 8m de hauteur, et le reste 20m environ) font d’elle, l’église monolithe la plus vaste d’Europe !

L'Eglise monolithe se découvre uniquement en visite guidée, proposée par l’Office de Tourisme:
La visite débute par la grotte de Saint Emilion où l’ermite s’est réfugié avant de construire la ville que nous connaissons aujourd’hui.

Elle abrite un siège connu pour ses bienfaits miraculeux. En effet, le siège de la fertilité a permis bon nombre de naissances.

S’ensuit la découverte de la chapelle et de ses peintures murales. De l’univers de la prière et du recueillement, on passe au monde des morts en passant la porte de cette immense sculpture souterraine menant à l’église monolithe : les catacombes.

L'église est classée comme monument historique en 1886 ; son clocher l'est en 1907.

Visité en 2021.
Pl. du Marché, 33330 Saint-Émilion
Accès payant.
La prise de photo n'est pas autorisée lors de la visite des monuments souterrains.
Alors je vous propose de découvrir l'intérieur de l'édifice grace à une petite vidéo trouvé sur YouTube.
Sources:
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