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L’oratoire carolingien de Germigny-des-Prés

A l’époque gallo-romaine, c’est Germinacus qui fit construire sa villa à Germigny des Prés. Il donne dans le même temps son nom au village. Aux VIIe et VIIIe siècles, les abbés de l’Abbaye de Fleury à Saint Benoît sur Loire s’intéressent à la villa et en font leur résidence secondaire.

L'église de Germigny-des-Prés est construite sur sa villa sous l'impulsion de l'évêque Théodulf d'Orléans, abbé de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire et fin lettré appelé par le roi des Francs Charlemagne pour faire renaître les études et les lettres.

La construction a été confiée à Odo le Messin (ou Eudes de Metz), architecte de Charlemagne et d'origine arménienne, ce qui explique les évidentes ressemblances avec la cathédrale d'Etchmiadzine, le saint siège de l'église apostolique arménienne.

La date de construction de l'édifice est antérieure à 806 si l'on en croit une inscription de l'inauguration de l'église.

Cette villa est située sur un domaine appartenant à la communauté de l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire. Elle comprend l'église avec à l'Ouest les bâtiments d'habitation et les dépendances. Construite à l'époque où Charlemagne fait élever la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle, cette construction incite Théodulf à ne rien négliger pour la sienne. Couverte de voûtes et magnifiquement décorée, elle passe pour incomparable en Neustrie.

En 843 ou 844, les Grands du Royaume et les prélats tiennent les premiers États généraux français à Germigny, puis le roi des Francs Charles II le Chauve visite en 854 et 855 cette villa désigné sous le nom de palais royal dans les actes. Dans la première moitié du IXe siècle, un incendie endommage gravement le site.

Entre 1060 et 1067, Hugues Ier, abbé de Saint-Benoît-sur-Loire, fait restaurer l'église et y établit trois religieux. Pendant les Guerres de Religion entre 1560 et 1562, la partie Ouest de l'église est détruite, probablement en épargnant le chœur. Au XVe siècle ou au XVIe siècle, la nef est reconstruite mais l'édifice de Germigny n'est plus qu'une simple église de village.

Repérée pour ses qualités, l'église est protégée par un classement comme Monument historique en 1840.

L'architecte Delton refait habilement la voûte de l'abside sans déposer la mosaïque. Des restaurations de la mosaïque sont faites en 1841 par Ciuli, un spécialiste italien, et en 1846 par Théodore Chrétin.

En 1845, sur les ordres de Prosper Mérimée, l'abside sud est entièrement reconstruite. Le clocher qui menace de s'effondrer est étayé par l'architecte français Eugène Millet. Vers 1856, la mosaïque est très endommagée et l'église menace de tomber en ruines.

En 1861, la reconstruction est décidée et le projet confié à l'architecte français Juste Lisch. Ce dernier, plus soucieux de l'aspect architectural que de l'intérêt archéologique, fait supprimer les absidioles Est, abaisse la tour d'un étage et crée une coupole.

En 1868, l'église est démolie, on découvre trois nouvelles mosaïques qui sont dessinées par Juste Lisch puis détruites. Avant le congrès archéologique de 1930 qui se tient à Orléans, des fouilles mettent en évidence les fondations de l'église primitive.

Jusqu'au milieu du XIXe siècle, Germigny passe pour la plus ancienne église de France, mais après sa reconstruction sur le même emplacement par Juste Lisch entre 1867 et 1876, ne subsistent du monument original que des fondations enfouies dans le sol, une mosaïque célèbre et quelques pierres utilisées dans la construction neuve. Des chapiteaux et des fragments de stuc sont conservés au musée des Beaux-Arts d'Orléans.

Grâce à de nombreux documents et descriptions anciennes, Albert Delton en 1841, Prosper Mérimée vers 1845, Paul Bouet pendant la démolition de 1867 et aux fouilles entreprises avant le congrès archéologique de France tenu à Orléans en 1930, on peut tenter de rétablir le plan primitif, l'élévation et la décoration de l'édifice.

Malgré les démolitions de 1867, les fouilles ont révélé sous le dallage actuel, à environ quarante centimètres, le sol de l'église du XVe siècle et 1,15 m sous le sol actuel, le dallage primitif. Cette différence de niveau a permis de mettre au jour les fondations des absides en moellons de Fay-aux-Loges et Briare.

L'abside est qui porte la mosaïque est de l'époque de Théodulf. À l'Ouest on retrouve les fondations d'une abside semi-circulaire visiblement remaniée en octogone avec un mur parallèle. On peut y voir la loge de l'évêque comme celle de Charlemagne à la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle puis l'aménagement d'un porche.

Le mobilier est peu abondant. On distingue essentiellement une pietà de l'école bourguignonne, située près de l'oratoire. L'église comporte un petit musée avec notamment un reliquaire émaillé qui est une œuvre d'un atelier limousin de la fin du XIIe siècle avec une décoration champlevée composée d'anges dont on ne voit que le buste dans des médaillons. On a déposé dans le jardin une lanterne des morts du XVIe siècle ou du XVIIe siècle provenant d'un cimetière voisin aujourd'hui disparu.

Visité en 2022.


Rte de Saint-Martin, 45110 Germigny-des-Prés

Accès libre


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