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Fontaine belle eau, entre légende et réalité

Vers le fond du jardin anglais, abritée, presque dérobée aux regards par de nombreux arbres,

une source est mise en valeur par un bassin octogonal en pierre de taille installé au début du XIXème siècle.

De cette source est née une des légendes explicitant le nom de Fontainebleau. On raconte qu'au Moyen-Age, lors d'une chasse, le chien préféré du roi, se perd en poursuivant un cerf. Après plusieurs heures de rechercher, le chien est retrouvé, couché au bord d'une source aux eaux limpides : elle deviendra donc la Fontaine Bléaud (nom du chien) ou Belle-Eau et par contraction, Fontainebleau.


Au commencement existe la grande nappe phréatique de la Beauce qui imprègne les terres sur une étendue d’environ 9000 km2 au sud et à l’ouest de Fontainebleau, présente à une profondeur de un à huit mètres dans six départements de notre région. C’est l’un des plus importants réservoirs d’eau souterraine de notre pays. Elle modèle les paysages d’Ile-de-France par les fleuves qu’elle alimente. Elle abreuve un million d’habitants en eau potable, elle gorge châteaux d’eau, lavoirs et sources, déterminant des mares forestières et des prairies humides. Elle est visible encore dans certains puits de maisons bellifontaines et permet aujourd’hui l’irrigation régulée des plaines.

Peu profondes, affleurant en maints endroits, les eaux de cette nappe, durant le moyen-âge, s’étalaient largement autour du ru de Changis, ce modeste affluent de la Seine coulant du sud-ouest au nord-est qui a déterminé tout l’axe de développement du parc du château, de l’Obélisque au déversoir du Grand Canal, sur une longueur d’environ 2,3 km, puis souterrainement canalisé depuis quelques dizaines d’années, jusqu’à la Seine.

Parfois marécageuses et fétides, ces eaux protégeaient néanmoins de toute intrusion le château de plan ovale capétien construit sur le bord nord du ru probablement par Louis VI le Gros au début du XIIème siècle, depuis que le comté du Gâtinais, dont la forêt relève, avait été rattaché à la Couronne de France.


Le donjon. Prenant la forme d’une grosse tour carrée, ce massif logis médiéval pourrait avoir été édifié dans les premières années du XIIe siècle ou dans les dernières années du XIe siècle. C’est à son premier étage que s’est trouvée, pendant des siècles, la chambre du roi.

Puis, assainies au cours des siècles, drainées, canalisées, traitées en cascades jaillissantes, ces « belles eaux » servant à l’ornement des lieux sont devenues gage de fertilité, symbole du pouvoir, parures et lieux de fêtes, manifestant à tous les regards la gloire du château.

En 1528, François Ier, peu après son retour de captivité à Madrid, manifesta le désir de s’installer plus largement à Fontainebleau, se plaisant, comme ses prédécesseurs, à poursuivre « les bêtes rousses et noires » dans la forêt de Bière enserrant son château, alors simple relais de chasse.


Ouvrant directement sur la forêt et offrant un belle perspective sur le Petit Mont Chauvet, la Porte Dorée constitue le passage privilégié des départs et des retours de chasse des souverains, comme par exemple sous Louis XV.

Première entrée royale du château de Fontainebleau, la Porte Dorée fait l'objet d'une campagne d’appel aux dons pour être restaurée.

« Cette royale maison, la plus superbe qui soit au monde » doit, dès cette époque, sa renommée à la richesse et à la variété de ses fontaines qui suscita de tous temps, et aujourd’hui encore l’admiration des visiteurs. « Fontaine Belle Eau »... Si les termes Belle eau, ou Bliaut, ou Blaud renvoient à des explications contradictoires, aucune hésitation sur le terme « fontaine » dont tirent fierté le château et la ville.

La plus ancienne est la source de la fontaine Belle Eau, située dans l’actuel jardin Anglais. C’est elle qui aurait donné son nom au château.

Dès 1527, tout au début des transformations voulues par François Ier, la fontaine est révérée, protégée par une sorte de voûte formant grotte, décorée de fresques illustrant la découverte de la source et entourée d’un jardin, le jardin de la Fontaine qui voisinera plus tard avec le bois des Canaux et le jardin des Fruits.

En 1598, Henri IV, soucieux de mieux honorer cette « Belle Eau », fit aménager le bassin et surmonter la fontaine d’une petite construction, «une grande coquille demi-fermée où, dit le Père Dan, on a plaisir de contempler à couvert cette source, et la voir ruisseler; qui n’est pas un petit contentement parmy un nombre presqu’infini de merveilles de ce séjour royal ». A la fin du règne de Louis XIV, le réaménagement complet de cette partie du jardin des Pins fera disparaître ce petit ouvrage et les ravissants jardins qui l’entouraient, et, en 1731, l’abbé Guilbert évoquera avec nostalgie « la grande coquille demi-fermée qu’Henry le Grand avait fait élever qui laissait considérer à plaisir la beauté de cette eau ».

La source, enfouie « dans un mauvais puisard et caché par la charmille, qu’il faut chercher avec beaucoup de peine », dit encore l’abbé Guilbert, sera retrouvée en 1810 par Joseph-Maximilien Hurtault et plus tard aménagée par Louis Boitte avec un bassin en pierre et une gracieuse statue en marbre blanc de Céres.

Visité en 2022.


Place du général de Gaulle - 77300 Fontainebleau

Accès 9h30 jusqu'à 17 ou 18h (suivant les saisons)


Sources (Fontaines):

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