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Cluny I et Cluny II

Le domaine de Cluny est occupé dès le Xe siècle par un monastère de dimensions modestes. Au fil des décennies, l'abbaye connaît tour à tour plusieurs chantiers, connus sous le nom de Cluny I, II et III. À la fin du XIe siècle, avec le lancement de l'immense abbatiale de Cluny III, le domaine s'impose comme un centre spirituel et culturel de premier plan qui rayonne sur l'Europe entière.

Au tournant de l’an mil, l’Europe occidentale connaît une période relativement stable. La croissance démographique, la multiplication des échanges et l’essor des villes favorisent la circulation des idées et des savoir-faire. L’Église parvient progressivement à affirmer son autorité face au pouvoir séculier. La montée en puissance de l’Église explique aussi le fort élan de spiritualité qui touche la société. Les églises et les sanctuaires se multiplient et s’agrandissent pour recevoir les reliques de saints et les pèlerins de plus en plus nombreux.


Cluny I

En 910, le duc d’Aquitaine et comte d’Auvergne Guillaume Ier dit le Pieux fait don à l’abbé Bernon de terres à Cluny et demande que soit construit un monastère, placé sous la protection du pape uniquement. Après la signature de l’acte de fondation, 12 moines s’installent à Cluny, où existait déjà une villa (domaine médiéval) qui permet de subvenir à leurs besoins. Les possessions de Guillaume Ier, qui se composent de terres agricoles et d’un bourg, intègrent désormais la vie monastique.

L'abbé Bernon commença la construction de l'abbatiale Cluny I en 910. Cluny I fut terminée sous son successeur Odon et dédicacée avant 927. L’église préexistante de Cluny fut alors convertie en chapelle dédiée à la Vierge Marie. Aujourd'hui, il ne reste plus rien de Cluny I, qui fut détruite pour laisser place aux édifices de l’abbaye de Cluny II.


Cluny II

Le complexe monastique de Cluny II est connu grâce aux descriptions du Liber Tramitis, un coutumier des années 1035-1040.

Le quatrième abbé de Cluny (954-994), Maïeul de Cluny, construit Cluny II à partir de 963, pour remplacer l'édifice précédent, devenu trop étroit ; l'église abbatiale fut consacrée en 981. Cluny II se caractérise par un chevet complexe avec plusieurs absidioles et une galilée (avant-nef), située à l'ouest. Le développement du chevet témoigne de l'essor de la liturgie et des pèlerinages. À la croisée du transept (étroit) et du vaisseau central (large), s'élevait un haut clocher, du type de celui qui subsiste à Chapaize. Cette disposition du clocher au-dessus de la croisée devint la règle quasiment absolue pour toutes les églises romanes de la région.

L’abbé suivant, Odilon de Mercœur (994-1049), fut l’un des plus grands hommes dans l’histoire de Cluny. Il agrandit l’abbatiale et le monastère de Cluny II. En 998 et 1024 les papes reconfirment l’indépendance vis-à-vis de l’évêque de Mâcon. Cluny était alors un pouvoir autonome dont le rayonnement ne cessait pas de s’accroître. C’est sous le fameux abbé Hugues de Semur (1049-1109) que Cluny a connu son plus grand essor. L’abbaye reçoit le privilège monétaire du pape en 1058. Hugues décide de construire une église abbatiale énorme, Cluny III, qui devait être la plus grande église de la chrétienté...


La campagne de sondages sur le site de l’ancienne abbaye de Cluny, en septembre 2006, avait pour but de mieux connaître le potentiel archéologique pouvant subsister aux emplacements du chevet de Cluny II et des bâtiments claustraux juxtaposés selon les descriptions anciennes.

Ces sondage pratiqués dans la « Galerie Rouge » actuelle, parallèle à la galerie orientale du cloître du XVIIIe siècle, se sont révélés extrêmement positifs puisqu’ils ont permis de retrouver l’emplacement de l’autel majeur du sanctuaire de Cluny II dans sa réfection gothique, différents états de maçonneries de ce sanctuaire,

et plus au sud, par deux autres sondages, les extrémités de la salle capitulaire dans ses deux états des XIIIe et XVe siècles selon les éléments de voûtement et de pavement de carreaux vernissés de sols découverts.

Les actes de vandalisme révolutionnaires et autres destructions au cours du XIXe siècle plongent Cluny dans l’oubli. Les rares vestiges restants ne donnent plus aucune idée de l’abbaye. Sensibilisés à ces destructions et au risque d’effacement de la mémoire, plusieurs historiens locaux et passionnés se plongent dans les archives afin de reconstituer l’histoire de ce qui fut l’un des plus grands centres théologiques et intellectuels de l’Occident médiéval.

Mais il faut attendre les années 1920 pour qu’un archéologue américain, Kenneth John Conant, s’intéresse à l’architecture de Cluny. Conant consacre une grande partie de sa vie aux fouilles du site. Pendant 40 ans, il note chaque découverte, numérote chaque pièce exhumée, dessine chaque partie. Ces recherches méthodiques lui permettent d’identifier les trois grandes phases de travaux (Cluny I, II et III) et de procéder à une reconstitution graphique de l’abbatiale lors de son apogée aux XIe-XIIe siècles. En 1968, Conant publie Cluny, les églises et la maison du chef d'ordre qui devient immédiatement la référence sur l’histoire architecturale de l’abbaye.

Visité en 2020.



Rue du 11 Août 1944, 71250 Cluny

Accès payant


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