Aléria, ville romaine.
Les Étrusques s'installent dans l'opulente Alalia. Dans les années 1960-1970, 179 tombes de culture étrusque ont été dégagés, datées entre 500 et 259 av. J.-C. L'influence de cette civilisation fait d'Aléria la capitale de l'île, statut qu'elle conserve jusqu'à la fin de l’Antiquité. Le comptoir d’Alalia se métisse : des populations étrusques et carthaginoises y cohabitent avec les Grecs. Plus tard, les Carthaginois s’allient à eux lors d'un conflit naval en 535 av. J.C, qui porte le nom de "bataille d'Alalia". Les Phocéens perdent soixante de leurs navires et sont obligés de fuir en masse vers Massilia ou l’Italie. Alalia est prise par les Romains en 259 av. notre ère et devint Aléria.
Les ruines de la ville antique d’Aleria sont décrites pour la première fois par Prosper Mérimée (1803-1870) après son voyage d’inspection en Corse de 1839. Il mentionne notamment l’arc occidental et les arases de l’édifice rectangulaire qui jouxtent cet arc. Entre 1955 et 1960 Jean Jehasse entreprend, sur le promontoire dominant le fleuve, les premières fouilles importantes marquées par la mise au jour du Forum et des quartiers associés constituant le cœur administratif, commercial et religieux de la ville.

Si la présence romaine y semble déjà effective dès la fin du 3e s. av. J.C., Aleria et son territoire connaitront trois colonisations successives attribuées à Sylla vers -81, à César en -46 et à Octave aux alentours de -32.
Délimitée par un rempart encore visible au sud-est et par la forte déclivité naturelle à l’ouest et au nord, la surface de la ville est de 11ha environ. Les portes, dont les traces ont été révélées par l’archéologie, la morphologie du terrain ou la toponymie, ont été aménagées au sud, à l’ouest et au nord-est, dans le rempart qui entourait la cité.

La ville évoluera jusqu’à l’antiquité tardive et connaitra de nombreuses modifications et reprises visibles sur les bâtiments ou sur l’organisation générale des axes de circulation internes à la cité.
D’un point de vue archéologique, la ville semble connaître un déclin progressif à partir du IVe siècle de notre ère, sans qu’apparemment le site ne soit totalement abandonné. A la fin du VIe siècle, une lettre du pape Grégoire le Grand, confirme la présence d’un évêché à Aleria.

A la période d’abandon de la ville succède une phase d’exploitation des ruines qui semble remonter au XIVe siècle, sous l’autorité de la république de Gènes. Il s’agit en particulier du recyclage d’éléments architecturaux calcaires transformés en chaux ou remployés tels quels en maçonnerie que l’on retrouve notamment dans les maisons alentours et au-delà. Les traces de cette exploitation sont visibles partout sur le site, notamment sur les piliers nord et sud de l’arc occidental, où l’on observe en négatif les empreintes des blocs qui ont servi à son édification. Ce constat pourrait expliquer en partie la relative rareté de la roche calcaire sur le site, ou seuls quelques fragments d’inscriptions, de marbres ornementaux ou de statues ont été découverts. La fabrication de chaux tout comme la récupération de roches à bâtir semblent avoir perduré jusqu’au XIXe siècle.

Classement par arrêté du 18 décembre 1990. Depuis l’année 2010, le territoire et la façade maritime d’Aléria font l’objet de nouvelles recherches archéologiques orientées sur l’Antiquité.
Récemment, le site de la ville antique a fait l’objet d’un programme de recherche mêlant bilan des connaissances et acquisition de données nouvelles, sous la forme d’une campagne de relecture du bâti (2011/2013) suivie par une prospection géophysique (2016/2017) destinée à connaître les limites, la configuration et la densité du tissu urbain intra-muros. La valorisation des résultats de ces recherches menées par l’équipe d’Arkemine (A. Coutelas, S. Painsonneau, G. Bonnamour), associée aux archéologues de la Collectivité de Corse (F. Allegrini-Simonetti, J.-M. Bontempi, M.-L. Marchetti), éclaircira et élargira la représentation de la ville antique.
Visité en 1988.
Le Fort, 20270 Aléria
Accès payant
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