top of page

Le trésor de Suscinio, un ensemble de 30000 carreaux de pavements médiévaux

À l’extérieur de l’enceinte du château, la chapelle Saint-Nicolas appartenait au premier manoir des Dreux. Orientée est-ouest, sa façade occidentale est munie de deux contreforts encadrant la porte, elle-même surmontée d'une étroite baie composée de deux panneaux vitrés.

Une nef de quinze mètres ouvre par trois travées sur les bas-côtés et ouvre à l'Est sur l'ensemble avant-chœur et chœur. La disparition de la chapelle reste encore mal documentée, mais il semble qu'elle ait été causée par un incendie en lien avec la guerre de succession de Bretagne vers 1370.

Quelques indices dans les sources textuelles laissent supposer que l’édifice existe toujours un siècle après, mais à l’état de ruine. Sa destruction partielle serait peut-être liée à la construction de bastions au XVIe siècle qui ont nécessité l’agrandissement des douves vers le Sud.

Le pavement de Suscinio a été découvert en 1975, lors des travaux de mise en valeur de l’ancien château ducal, possession des princes bretons de la Maison ducale des Dreux-Montforts. Le Conseil général du Morbihan qui avait acquis le site avait alors entrepris le dégagement des douves et des abords de la grande demeure fortifiée des XIVe-XVe siècles. Sous un épais talus hérissé d’arbustes coiffant la contrescarpe sud, les ruines d’une chapelle étaient apparues.

La fouille entreprise permit de mettre en évidence la présence d’un pavement recouvrant la quasi-totalité du sol de l’édifice, soit environ 270 m. Son état de conservation remarquable était évidemment dû à l’existence de cet épais talus haut de trois mètres qui pendant des siècles l’avait protégé des intempéries, dégradations et vols.

Déposé pour restauration en 1976, il revint à Suscinio en 1984, et fut pour partie présenté au public dans les salles restaurées du grand logis d’entrée, faute d’avoir pu pour des raisons de sécurité et de protection retrouver son site initial hors-les-murs.

Il convient de signaler que l’origine de cette chapelle et la pose de son décor de sol ne sont pas contemporaines de la grande demeure que l’on visite aujourd’hui, bâtie pour l’essentiel après 13802. Elles lui sont antérieures. La chapelle existait au XIIIe siècle à l’époque du manoir des princes de Dreux. Lors de fouilles qui ont suivi la dépose du pavement, des traces archéologiques ont mis en évidence des remaniements et agrandissements vers 1300 et permis de mieux comprendre le sens d’une découverte passée quasiment inaperçue en 1963 :

Plus d’un millier de carreaux avaient été trouvés en vrac dans la douve et ses abords, au pied de la chapelle. Ces carreaux monochromes, ou bicolores à décor incrusté, provenaient donc d’un premier pavement (Suscinio I), peut-être jeté au rebut lors d’une réfection, et remplacé au moins en partie par le pavement découvert en 1975 (Suscinio II).

L’intérêt exceptionnel de cet ensemble est multiple. Tout d’abord, le grand pavement mis au jour en 1975 nous est parvenu quasiment intact, à la place qu’il occupait lors de son abandon, recouvert par les remblais de la chapelle puis par un épais talus provenant des déblais du creusement des douves. Avant même sa fossilisation il fut l’objet de réfections diverses. Les décors qui le composent résultent de techniques variées.

Outre les carreaux bicolores à décor incrusté, récupérés dans la douve, et dont on a pu restituer les panneaux d’origine, la plus grande partie des carreaux du grand décor trouvé en place, plus récents, sont soit à engobe, soit monochromes verts ou jaunes, souvent découpés en tesselles triangulaires pour former des décors de mosaïque rectilignes.

Visité en 2020.

Route du Duc Jean V, 56370 Sarzeau

Accès payant

Sources:

articles recents: 
recherche par TAGS: 
bottom of page