Perles et pendeloques en variscite du néolithique
- Alain Foucaut
- 2 août 2020
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La callaïs désigne les pierres vertes dont sont faites les remarquables parures découvertes dans plusieurs sites néolithiques d’Europe occidentale.

Terme utilisé au début de notre ère par Pline l’Ancien et repris par les premiers archéologues du début du XXème siècle lors des premières fouilles des grands tumulus de la région de Carnac (Morbihan).

Les minéralogistes la désignent aujourd’hui sous le nom de «variscite». Cette pierre verte, proche de la turquoise par sa couleur et sa composition (un phosphate d’aluminium)

Ce collier en variscite verte était porté par un haut personnage de Carnac, il y a plus de 6 000 ans. Il a été découvert dans le tumulus Saint-Michel, lors des premières fouilles du site, au milieu du XIXe siècle. Une vingtaine de parures et plusieurs centaines de perles ont été trouvées dans d'autres sites néolithiques morbihannais.

Ces pierres semi-précieuses provenaient toutes d'Espagne, révélant que les échanges entre populations préhistoriques de l'Ouest et de la région ibère étaient beaucoup plus anciens qu'on ne le soupçonnait.

Le doute a été levé tout récemment, par Guirrec Querré, du laboratoire d'Archeosciences de Rennes. « Toutes les perles et colliers ont été analysés par l'accélérateur de particules Aglae, installé dans l'enceinte du Louvre », dit le chercheur. L'appareil permet d'analyser la composition chimique des objets, sans les endommager, puis de les comparer avec des échantillons des filons connus. Car chacun d'entre eux a sa « signature chimique ».

Les joyaux provenaient du site d'Encinasola, au sud de l'Andalousie. Puis, à partir de - 4 000, du site de Palenzuela, 600 km plus au nord.
Les archéologues supposent que ces échanges au long cours se faisaient par mer et non par terre.
On ignore pourquoi, dès - 3 000, ces pierres vertes ne sont plus prisées par les ancêtres des Morbihannais. Et on ne sait pas si elles ornaient le cou d'hommes ou de femmes. L'acidité du sol breton conserve parfaitement la variscite mais décompose rapidement les ossements.

Retrouvées en grand nombre (800 perles découvertes dans 33 monuments datés entre 5000 ans et 3000 ans avant J-C.), dès 1853, dans les tombes de la région de Carnac, les parures de callaïs ont fait l’objet d’une intense activité de recherche ces vingt dernières années. Une quinzaine de chercheurs européens, archéologues, géologues, gemmologues, chimistes…, se sont réunis en colloque à Carnac pour divulguer les résultats des investigations sur ce bien prestigieux du Néolithique d’Europe occidentale.
L’ouvrage "La parure en callaïs du Néolithique européen" est téléchageable à cette adresse : https://www.archaeopress.com#

La forme particulière de ces "perles" est de reproduire la forme de la crache de cerf. La présence de cet élément d'origine animale renvoie à la thématique de la chasse, fait que l'on retrouve souvent dans les derniers groupes de chasseurs-cueilleurs européens.

Des craches de cerf étaient déjà présentes dans les tombes de Téviec et d'Hoëdic !

Visité en 2020.
Musée de Préhistoire 10 place de la Chapelle, 56340 Carnac
Accès payant
Sources: