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Erection et destruction des mégalithes.

Pour construire un dolmen, il faut tout d'abord préparer des grosses dalles de pierre naturelles ou artificielles extraites à partir d'un monolithe. Lorsqu'on sépare une dalle d'un monolithe, on a recours à un clivage naturel sur ce dernier pour faciliter le processus. On y plante un pieu de bois et on le laisse s’imbiber d'eau. Ensuite, on place la dalle ainsi extraite sur plusieurs rondins pour la transporter. Après avoir creusé une fosse, on dresse aux quatre coins des pierres de support, puis on place une dalle de couverture au-dessus. On glisse le corps du défunt et des mobiliers funéraires dans l'espace ainsi formé avant de le boucher avec des dalles de pierre plates.

Affiche du musée de préhistoire de Carnac

Au niveau du transport et de l'érection, les techniques sont diverses : transport par voie d'eau pour les grandes distances. Le transport sur le continent peut se faire par roulage sur des chemins de ripage en rondins, par glissement sur sol gelé, par des traîneaux ou des sortes de rails en troncs de chêne, par la technique du panglong en Asie du Sud-Est. Des coins, perches et cordages (cordes en fibre végétale tressée, en racines souples de sapin, de lierre et de viorne, qui sont trempées, martelées puis tressées) permettent de manipuler et d'élever ces blocs.

(L'hypothèse selon laquelle les tumulus auraient servi de rampe pour la mise en place de la table d'un dolmen est controversée.)

Allée couverte (dépourvu de ses dalles de couverture) et tumulus très arasée de Luffang Tal-er-Roch

Dolmens dans leur tumulus (encore visible)

La mise en place des dalles de couverture sur des piliers verticaux peut se réaliser à l'aide de rampes ou plans inclinés, voire des échafaudages. Après basculement du menhir dans sa fosse, ce mégalithe peut être relevé à l'aide d'un portique, puis solidement maintenu par des « blocs de calage ».

Il ne semble pas que les bœufs aient été employés pour tracter, bien que le joug ait été connu au néolithique. Les chercheurs pensaient que le transport et l'érection des mégalithes nécessitaient une main-d'œuvre importante réunie au cours de festivités ou cérémonies.

Mais l'expérience, largement médiatisée en 1979, réalisée par Jean-Pierre Mohen à Bougon dans les Deux-Sèvres, a bousculé plusieurs idées reçues sur les investissements en temps et en main-d'œuvre, sur l'usure, ou sur la densité des populations qui auraient participé aux travaux. Poussé par vingt hommes et tiré par cent soixante-dix autres à l'aide de cordes en lin sur un train de rondins, eux-mêmes installés sur des rails de bois, un bloc de 32 tonnes a parcouru une quarantaine de mètres avant d'être élevé d'un mètre au moyen de trois leviers. Des expériences similaires ont montré que des effets importants peuvent aussi être accomplis avec peu de personne, bien que lentement.

Le Grand menhir brisé d'Er Grah

Si la dégradation des édifices mégalithiques est en partie imputable aux outrages du temps (foudre, tremblement de terre), les destructions résultent le plus souvent d'une action humaine volontaire, parfois très ancienne. Dès le Néolithique, dès lors qu'un site n'avait plus d'usage funéraire, ses blocs de pierre pouvaient être récupérés ou détruits symboliquement. Beaucoup de tombes furent pillées dès l'Antiquité. Émile Cartailhac évoque un passage de Cassiodore qui attribue aux Goths l'habitude de faire ouvrir les tombeaux anciens, pour en voler les trésors supposés y être cachés tout en veillant à respecter la cendre des morts.

Menhir du Bronzo

Dans sa volonté de faire disparaître toute trace de paganisme, l'Église catholique fut l'une des plus grandes destructrices de monuments mégalithiques. Dès 452, le concile d'Arles condamne comme sacrilège toute personne allumant des flambeaux ou rendant un culte quelconque près de ces pierres. En 567, le concile de Tours renouvelle cette condamnation. En 658, le concile de Nantes ordonne aux évêques de faire démolir les édifices qui font encore l'objet d'un culte et d'en faire transporter les pierres dans des endroits perdus où nul ne les retrouvera. En 789, un décret de Charlemagne exècre devant Dieu ceux qui leur rendent un culte. Par la suite, l'Église adopte des méthodes moins violentes, comme la christianisation des menhirs.

Le menhir christianisé de Saint-Uzec

En dehors d'une volonté délibérée de destruction, diverses actions humaines contribuent à une dégradation inexorable, notamment dans le cas des dolmens : destruction des tumulus qui protègent les édifices mais gênent les cultures, récupération des pierres (dalles de couverture, orthostates, pierres du cairn dolménique) pour la construction, la taille de pavés, les travaux de voiries... Ces destructions s'accroissent considérablement avec le développement du machinisme agricole à partir du milieu du XXe siècle.

Le cairn de Petit Mont: En 1943, la construction d'un blockhaus d'observation entraine la destruction d'un des deux dolmens et endommage le second.

Dès la fin du XIXe siècle, l'établissement de cartes archéologiques et d'inventaires permettent de recenser le patrimoine mégalithique et conduisent les autorités administratives à protéger certains édifices au titre des monuments historiques.

Sources:

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