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La fosse Dionne à Tonnerre

Sa profondeur insondable et impénétrable a longtemps laissé penser aux habitants que sa création était d’origine céleste ou diabolique. Malgré des investigations spéléologiques, elle reste encore aujourd’hui mystérieuse par la couleur étrange de ses eaux. Où va tomber la pierre que le passant curieux pousse du pied ? C’est le secret du Diable…

À l'époque gallo-romaine la fosse Dionne est utilisée pour alimenter en eau l'oppidum de Tornodurum, implanté sur le plateau dit des vieux châteaux qui domine la ville actuelle. La ville moderne de Tonnerre est par la suite édifiée autour de la source.

En 1758, Louis d'Éon, père du chevalier d'Éon, fait aménager la source en lavoir. Un bassin de 14 mètres de diamètre est édifié. Les lavandières sont protégées des intempéries par un toit en forme de « demi-rotonde » porté par une charpente adossée à un mur en moellons.

Pour éviter toute pollution, un muret sépare la source de l'auge annulaire utilisée pour le lavage. Des foyers situés sur le pourtour du lavoir permettent de produire la cendre utilisée pour le nettoyage. Le lavoir est classé Monument historique depuis 1920.

La fosse Dionne est du point de vue hydrogéologique une source de type exsurgence alimentée principalement par l'infiltration des précipitations dans les couches calcaires du plateau karstique datant du Jurassique et qui avoisine la ville de Tonnerre. Mais des colorations ont démontré qu´une partie des eaux de la source sont également fournies par la Laigne qui se perd au niveau de Villaines-en-Duesmois dans le gouffre de la Garenne, à 43,5 km de Tonnerre à vol d'oiseau. Il existe également une relation entre la source et le gouffre d’Athée.

La source constitue une vasque profonde (d'où l'appellation de fosse) dans laquelle débouche une galerie noyée dont l'entrée haute de 2,5 mètres est visible depuis l'extérieur. Le réseau hydrogéologique souterrain a été exploré par des plongeurs malgré les difficultés créés par des boyaux étroits (étroitures) et une succession de profonds siphons nécessitant de fréquents paliers de décompression. La première exploration connue a été effectuée en 1955. La galerie s´enfonce d'abord selon un angle de 45° jusqu'à la profondeur de 32 mètres. Pour continuer l'exploration il faut franchir une chatière de 0,80 m sur 0,40 m. Puis elle remonte à deux reprises à des profondeurs proches de 0 mètre avant de s'enfoncer progressivement jusqu'à -70 m à 370 m de l'entrée, distance limite atteinte jusqu'ici par les plongeurs.

Plusieurs tentatives d’exploration ont eu lieu, notamment en 1955, 1962,1979, 1989 et 1996 mais, à la suite de plusieurs accidents mortels (1962 et 1996), l’accès au site a été interdit en 1996. La plongée souterraine y est strictement réglementée.

C'est une exploration historique. Pierre-Éric Deseigne, qui plonge régulièrement dans la Fosse Dionne à Tonnerre depuis l'été 2018, vient de battre le record de profondeur. Le dimanche 13 octobre 2019, au cours d'une plongée en solitaire, il a dépassé la profondeur de -70 mètres atteint en 1989 par Patrick Jolivet. Sa "terra incognita". Il était alors à plus de 370 mètres de l'entrée de la cavité.

Le toponyme Dionne aurait pour origine Divona. Divona « divine » est un terme gaulois qui semble avoir d'abord désigné une source sacrée. Il s'agit d'un dérivé du nom celtique de dieu, c'est-à-dire *dēuos (*dēvos) et au féminin *deua, devenu diua (diva). On le rencontre par exemple dans des noms de rivières comme la Dives (Normandie).

14 Rue de la Fosse Dionne, 89700 Tonnerre

Accès libre

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