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La tombe de Marie et Jean Delepierre, archéologues.

En allant voir le moulin de la Charité dans le cimetière du Montparnasse, j'ai été surpris par le nombre de promeneurs!

Avec 35 000 concessions, il abrite le souvenir d'un grand nombre de personnalités : hommes politiques ayant participé à la vie de la République, penseurs de la condition humaine, artistes exerçant dans les domaines les plus variés,

Tombe du général Aupick, de Mme Aupick et de Charles Baudelaire.

artisans du progrès technique, etc. Ainsi, un certain nombre de tombes individuelles se font l'écho des événements qui sont survenus depuis la création du cimetière et qui ont marqué les esprits ou les cœurs.

Georges Wolinski meurt le 7 janvier 2015, abattu par des terroristes lors de l'attentat contre Charlie Hebdo à Paris. Par arrêté du 1er septembre 2015, la mention « Victime du terrorisme » est inscrite sur son acte de décès

Sans compter les monuments funéraires qui sont de véritables oeuvres d'art.

Ricardo Menon, assistant et ami de Niki de Saint Phalle, décède. L’artiste compose alors une grande sculpture d’un chat en mosaïque d’environ 1,50 m de hauteur pour la tombe de son ami.

Mais une tombe a retenu mon attention, celle du couple Marie et Jean Delepierre.

La donation Jean et Marie Delepierre, reçue en 1966 « peut être considérée comme la plus remarquable qui ait été remise au Cabinet des médailles depuis celle du duc de Luynes en 1862 » (Georges Le Rider). La donation faite à l’État par Marie Delepierre, trois ans après la mort de son mari, compte quelque 8000 monnaies grecques, d’or, d’argent et de bronze, et quelques 260 de ces objets (« marbres, bronzes, vases et même bijoux ») « qui fournissent les correspondances nécessaires pour l’exégèse et la chronologie des monnaies » (Marie Delepierre)

Né à Montreuil-sur-Mer le 9 octobre 1889, Jean Delepierre fut saisi dès sept ans par la passion numismatique. D’abord les monnaies romaines, trouvées localement dans des brocantes ; les catalogues de vente qu’il se fait envoyer. La découverte des monnaies grecques, à onze ans, oriente définitivement sa collection. Après des études de droit, il fuit sa ville natale et les projets que son père nourrissait pour lui ; à Paris, il subsiste tant bien que mal tout en travaillant la numismatique et l’archéologie. Il envisage un temps d’enseigner l’histoire, ou d’entrer au Cabinet des médailles. L’épreuve de la Grande Guerre conduit l’officier d’artillerie qu’il était, affecté à l’Inspection des Forges, « témoin d’une partie de la mobilisation industrielle du pays » (journal JD), à choisir en 1919 de se mettre au service du pays en entrant dans l’Administration (ministère du Commerce et de l’industrie).

C’est l’amour de la Grèce et la connaissance des monnaies qui le rapprochent de celle qui allait devenir son épouse (1932) et sa collaboratrice, Marie Sisco. Née en 1896, elle avait acquis un savoir et des diplômes remarquables pour une jeune fille de ce temps : diplômée de philosophie, licenciée en droit, certifiée en archéologie grecque… Elle aussi, pendant la guerre se mit au service de son pays, dans le cadre du Phare, œuvre au service des aveugles de guerre ; elle traduisit en Braille, pendant plusieurs années, les textes grecs au concours de l’agrégation.

Leurs activités de Réserve des livres rares, résistants pendant la Seconde Guerre valurent à Jean une certaine mise à l’écart professionnelle. Cette retraite avant l’heure les conduisit à « chercher dans l’étude un refuge ». La Libération le rétablit dans son honneur et ses fonctions. Après sa retraite, en 1954, le couple dédia ses dix dernières années à voyager en Grèce, et accroître la collection.

Marie Delepierre survécut 10 ans à Jean, décédé le 7 octobre 1963. Elle les consacra à contribuer, avec Georges Le Rider, au catalogage scientifique de leur collection donnée au Cabinet des médailles. Après sa mort, le 19 février 1974, l’œuvre fut poursuivie par Hélène Nicolet.

Cimetière du Montparnasse - 3 boulevard Edgard Quinet - 75014 Paris

Accès libre

Sources:

Ἡροδότου Ἁλικαρνησσέος ἱστορίης ἀπόδεξις ἥδε, ὡς μήτε τὰ γενόμενα ἐξ ἀνθρώπων τῷ χρόνῳ ἐξίτηλα γένηται, μήτε ἔργα μεγάλα τε καὶ θωμαστά, τὰ μὲν Ἕλλησι τὰ δὲ βαρϐάροισι ἀποδεχθέντα, ἀκλεᾶ γένηται, τά τε ἄλλα καὶ δι' ἣν αἰτίην ἐπολέμησαν ἀλλήλοισι.

« Hérodote d'Halicarnasse présente ici les résultats de son Enquête afin que le temps n'abolisse pas le souvenir des actions des hommes et que les grands exploits accomplis soit par les Grecs, soit par les Barbares, ne tombent pas dans l'oubli ; il donne aussi la raison du conflit qui mit ces deux peuples aux prises. »

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