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La sublime croix de Lothaire et chefs-d'œuvre de l'art ottonien

La croix de Lothaire est une croix processionnelle conservée au trésor de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle. Réalisée vers l'an mille, en 984, elle compte parmi les chefs-d'œuvre de l'art ottonien (entre 950 et 1050 environ).

La croix de Lothaire (en allemand : Lotharkreuz) est une crux gemmata, une croix décorée de pierres précieuses qui fait fonction de croix de procession datant d'environ l'an 1000, même si sa base date du XIVe siècle. Elle a vraisemblablement été fabriquée à Cologne et elle est probablement un don de l'empereur Otton III.

C'est un exemple exceptionnel de travail d'orfèvrerie médiévale, et un monument important de l'idéologie impériale. Elle continue à être utilisée en liturgie lors de solennités.

Le nom de la croix a pour origine une inscription sur le sceau taillé dans sa partie basse, qui mentionne le roi Lothaire ; il s'agit de Lothaire Ier ou de Lothaire II de Lotharingie. Les dimensions de la croix sont 50 × 38,5 × 2,3 cm (hauteur, largeur, profondeur). La croix date d'une période où l’art ottonien évolue vers l'art roman et la crucifixion gravée au dos de la croix annonce cette nouvelle période.

Le noyau en chêne de la croix est recouvert de feuilles d'or et d'argent et incrusté de gemmes et pierres semi-précieuses ; elle comporte 102 pierres semi-précieuses et 33 perles. La face avant est couverte de feuilles d'or et d'argent et richement décorée de pierres semi-précieuses, perles et filigranes d'or torsadé et d'émaux cloisonnés. La face arrière est simplement gravée.

Les extrémités horizontales de la croix latine sont élargies en des formes rappelant des chapiteaux et rehaussées de chaque côté par un saphir non taillé particulièrement grand. Ces pierres sont serties dans un triangle dont les sommets portent des pierres plus petites ou des perles. La pointe du triangle repose sur deux épaisses bandes verticales décorées en filigrane doré et en émail. On retrouve les filigranes torsadés sur toute la surface de la croix.

Les pierres précieuses sur les barres transversales sont disposées en cinq rangées. Dans la rangée du milieu sont posées des pierres plus grosses, enchâssées dans des montures hautes. Dans les deux rangées intérieures suivantes se trouvent des petites pierres, perles et corbeilles en fil d'or, serties dans des montures moins hautes. Les rangées extérieures sont de petites et grosses pierres et de perles enchâssées dans de simples montures. L'ornement en filigranes d'or torsadés semble se développer à partir des grandes pierres de la série centrale, tandis qu'il encadre simplement les pierres et perles des autres lignes.

Au centre de la croix se trouve le camée de l'empereur romain Auguste, en sardonyx à trois couches, datant du début du Ier siècle. Elle représente le buste tourné vers la gauche de l'empereur, ceint d'une couronne triomphale de laurier et tenant dans sa main droite un sceptre surmonté d'un aigle.

Près de la base est une pierre en quartz verdâtre considéré comme un sceau de Lothaire, avec l'inscription « +XPE ADIVVA HLOTARIVM REG » « Christ, viens en aide au roi Lothaire » et au centre son portrait.

Entre le camée et le sceau se trouve une pierre rouge comportant une image gravée des Trois Grâces, mais la pierre semble avoir été montée curieusement, et les Grâces sont horizontales. Le texte entourant les Grâces est « ΕΥΧΑΡΙΩΤΑC XΑΡΙΤΑC ΠΟΡΦΥΡΙC ».

Le dos de la croix est une feuille dorée plate, avec une gravure de la crucifixion.

Au-dessus, une main de Dieu (en) ou « manus Dei » représentant Dieu le père, tenant une couronne de laurier et à l'intérieur la colombe du Saint Esprit.

L'inscription au dessus de la tête du Christ est « HIC EST HIC NAZARENVS REX IVDEORVM » (« Voici [Jésus] le Nazaréen, roi des juifs ») avec une erreur d'orthographe : le deuxième HIC (« ici ») devrait être IHS (« Jésus »). Ceci est la première apparition d'une colombe dans ce motif qui introduit l'ensemble de la Trinité dans une représentation iconographie, motif qui a connu une longue vie. Le serpent représentant Satan est enroulé au pied de la croix.

Les médaillons aux extrémités des bras de la croix sont des personnifications du soleil et de la lune.

La main portant la couronne est un motif courant dans les mosaïques de Rome.

Soleil se voilant la face, sur le dos de la croix.

Cette face de la croix est un exemple de représentation de la crucifixion proche de la croix de Gero de Cologne, un peu antérieure qui a son tour est essentiel dans le développement de l'image, à l'Ouest, d'un Christ souffrant et mort crucifié, en opposition au Christ triomphant. Des dos gravés sont fréquents dans des croix décorées de cette période.

Le socle est plus tardif, il date du XIVe siècle. Il est en argent doré. Le pied, à six lobes, comporte trois apôtres, une statuette de Marie, et deux crucifixions ; ce sont des figures apposées. Le montant du pied, initialement émaillé, montre des représentations des saintes Ursule, Catherine, Dorothée et Barbe.

L'art ottonien combine trois sources principales, trois influences artistiques : l'Art paléochrétien de l'Antiquité tardive, la période carolingienne et la sphère byzantine.

Seau dit situla d'ivoire (vers 1000 ou 1020). H 17,5 cm, diamètre de 9,5 à 12,5 cm. Seau liturgique hexagonal, peut-être produit pour le couronnement d'Henri II, et qui proviendrait de Trèves.

L'anse en bronze et le gobelet en argent ont été rajoutés en 1863.

Citrine, quartz jaune transparent (XIe siècle). La citrine servit probablement d'agrafe sur la cuirasse du buste-reliquaire de Charlemagne.

Klostergaße, 52062 Aachen

Accès payant

Sources:

"Le trésor de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle" Herta Lepie / Georg Minkenberg

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