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Les regalia du Saint-Empire

  • Alain Foucaut
  • 21 avr. 2019
  • 4 min de lecture

Les regalia du Saint-Empire sont les insignes et ornements du souverain élu à la tête du Saint-Empire romain germanique.

Leurs origines remonte à Charlemagne, conquérant d'un puissant empire, consacré par l'autorité papale en 800, qui englobait entre autres la France, l'Allemagne, et l'Italie actuelle, mais la tradition germanique s'ancre à partir du règne d'Otton le Grand.

Les emblèmes du Saint Empire gardés dans la salle du trésor de Vienne sont le seul trésor royal qui ait été (presque) intégralement conservé depuis le Moyen Âge. Ils comprennent la Couronne impériale, le costume de sacre, l'orbe et le sceptre, l'épée impériale, l'épée de cérémonie, le crucifix de l'Empire, la Sainte Lance et d'autres reliques, la bourse de saint Étienne, l'évangéliaire du sacre et le "sabre de Charlemagne".

Évangéliaire du couronnement de Vienne

Les Évangiles du couronnement de Vienne est un manuscrit enluminé contenant les évangiles formant un évangéliaire comportant une reliure conçue par des orfèvres. Il aurait, selon la légende, été retrouvé dans le tombeau de Charlemagne. Il servait lors du serment des empereurs romains germaniques à Aix-la-Chapelle. Le manuscrit a sans doute été produit aux environs des années 800 sans doute commandé par Charlemagne lui-même. Selon la légende, le manuscrit aurait été retrouvé par Otton III du Saint-Empire, alors qu'il avait ordonné l'ouverture du tombeau de son ancêtre dans la chapelle palatine, aux environs de l'An Mil. Le manuscrit a été considéré comme une relique de l'empereur. Il est intégré aux joyaux de la couronne au plus tard au XIIIe siècle mais se retrouve inventorié uniquement au XVIe siècle. Le manuscrit sert de support au serment effectué par l'empereur du Saint-Empire lors de son intronisation. Celui-ci touchait alors de son doigt la première page de l'évangile de Jean.

Vers 1500, sa reliure est refaite et recouverte d'une plaque en argent doré représentant Dieu sous les traits de Charlemagne​

Tous ces objets ont joué un grand rôle dans l'histoire du Saint Empire romain germanique et possédaient une très grande force symbolique qui fut d'une importance toute particulière lorsque la légitimité d'un empereur était remise en question. On ne sait pas avec certitude la date d'entrée de chaque objet parmi les emblèmes de l'empire ; des incertitudes persistent également quant à l'origine géographique et à l'identité du fabricant de certains objets.

Bourse de Saint-Étienne. Période carolingienne, première moitié du IXe siècle.

à l'origine, les regalia impériales n'étaient pas conservées dans un lieu fixe, mais accompagnaient l'empereur dans ses voyages à travers le Saint Empire romain germanique ou étaient gardées dans des lieux sûr, par exemple des châteaux forts ou des forteresses. Ce n'est qu'en 1423 que l'empereur Sigismond Ier ordonna que les emblèmes du Saint Empire romain germanique (hormis la bourse de saint Étienne, l'évangéliaire du sacre et le sabre de Charlemagne qui étaient conservés à Aix-la-Chapelle) soient confiés à la ville de Nuremberg, où ils arrivèrent en 1424 et demeurèrent jusqu'à la fin du XVIIIe siècle ; durant cette période, les insignes impériaux ne quittèrent Nuremberg qu'à l'occasion des cérémonies de couronnement.

Le crucifix de l'Empire.L'objet est creux et est le plus ancien reliquaire des regalia conservées à Vienne, il aurait conservé des éléments d'autres regalia, dont la Sainte Lance et des reliques de la Vraie Croix.

Après la Révolution Française, l'insécurité n'eut de cesse d'augmenter en Europe. En 1794, les insignes conservés à Aix-la-Chapelle furent évacués vers l'ouest, puis lorsque les troupes françaises traversèrent le Rhin en 1796, les emblèmes gardés à Nuremberg furent eux aussi déplacés, d'abord à Ratisbonne, puis quatre ans plus tard (en 1800) jusque Vienne, ou les emblèmes apportés d'Aix-la-Chapelle les rejoignirent en 1801.

Sainte Lance , dite Sainte Lance de Longin ou Longinus. Origine lombarde, VIIe siècle. Une des reliques de la Passion du Christ. Elle est considérée comme étant l’arme qui aurait percé le flanc droit de Jésus lors de sa crucifixion. Une petite tige de fer a été insérée dans le fer de lance et maintenue par des fils d'argent et était considéré selon la tradition comme un des clous de la crucifixion de Jésus.

Longinus au Vatican

Lorsque le Saint Empire romain germanique fut dissout par son dernier empereur François II en 1806, les emblèmes du Saint Empire se trouvaient toujours à Vienne. En vertu du droit international, la fortune d'une personne juridique, à l'extinction de cette dernière et en l'absence de successeur, revient à l'État sur le territoire national duquel elle se trouve au moment de la dissolution : c'est pourquoi aujourd'hui, les emblèmes du Saint Empire romain germanique sont la propriété de la République d'Autriche, en tant qu'héritière de l'Empire d'Autriche fondé en 1804. C'est, du moins, l'argumentation qui fut tenue au fil des siècles par les partisans de la conservation des insignes impériaux à Vienne.

L'Orbe impérial, fin du XIIe siècle.

les villes de Nuremberg et Aix-la-Chapelle ont, chacune à sa façon, réclamé un retour des emblèmes du Saint Empire sur leur territoire. La ville de Nuremberg a même connu un court succès : en 1938, sur ordre d'Adolf Hitler, les insignes impériaux furent transportés à Nuremberg, où ils furent d'abord exposés dans le couvent de Sainte-Catherine, puis stockés dans un abri anti-aérien. Des soldats américains les y découvrirent en 1945 ; sur intervention des États-Unis, les insignes impériaux furent ramenés à Vienne en 1946.

Sceptres, début du XIVe siècle

Le «grand déménagement» de Bonn à Berlin a mis en lumière l'absence detradition de capitale en Allemagne, au contraire de la France ou de la Grande-Bretagne. Ensemble flou, aux frontières mouvantes, l'Allemagne a compté une bonne dizaine de centres successifs au fil des siècles. De toutes les «capitales» allemandes visitées, Aix-la-Chapelle est la seule à se glorifier encore de son passé impérial. Aix, c'est la ville de Charlemagne! Ici encore, le titre de «capitale allemande» est approximatif. L'empire assemblé par Charlemagne était bien plus vaste que l'Allemagne puisqu'il comprenait l'essentiel de la France d'aujourd'hui. Il n'empêche: Charlemagne, attiré par les sources chaudes d'Aix, fut le premier à renoncer à la vie itinérante des souverains de l'époque pour s'y fixer. Il voulait y élever une capitale sur le modèle de Rome.

Plus tard, la chapelle d'Aix devint lieu de couronnement des empereurs du Saint Empire romain germanique, à partir d'Othon le Grand en 936 jusqu'à Ferdinand Ier en 1531.

Les originaux étant conservés à Vienne, les regalia d'Aix-la-Chapelle sont de magnifiques copies.

Markt, 52062 Aachen

Accès payant

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