L'église romane de Saint Cydroine
- Alain Foucaut
- 17 sept. 2018
- 3 min de lecture
"Cydroine, le martyr auquel est dédié le monument, vivait au IIIe siècle de notre ère. Fils d’un chevalier romain, citoyen de Sens, il fut arrêté, en 274, sur l’ordre d’Aurélien, lorsque ce dernier entra en campagne contre Tetricus. Amené à Troyes pour y être jugé, il parvint à s’enfuir, traversa la forêt d’Othe et vint se réfugier à Calosemagus, à 300 mètres à l’est du prieuré actuel de Saint-Cydroine. Découvert là, quelques jours après, il échappa aux soldats lancés à sa poursuite ; mais, rattrapé, il fut mis à mort et inhumé à l’endroit même de son martyre.

L’histoire de Saint-Cydroine se mêle avec des légendes. Au pied de la colline de l’église aurait eut lieu au IIIe siècle le martyre de Cidroine et de sa sœur Béate par des légionnaires romains. Les chroniqueurs parlent du miracle de Cidroine, qui, après sa décollation, aurait pris sa tête entre ses mains et gravi la montée pour déposer le chef à l’endroit de l’actuel édifice. Une source miraculeuse, qui aurait jailli spontanément à l’endroit même de la décapitation, est devenue lieu de pèlerinage. Une petite fontaine surmontée d’une croix existe encore aujourd’hui, devenue lieu de pèlerinage des brodeuses; les jeunes filles plongeaient des aiguilles dans l’eau; si celles-ci surnageaient, elles savaient qu’elles auraient une chance de se marier dans l’année. Une première église lui fut consacrée au VIIIe siècle, sa dédicace a été fixée au 11 juillet."

L’église Saint-Cydroine est une église romane datant des XIe siècle et XIIe siècle parmi les plus anciennes du département de l'Yonne, située dans la commune de Laroche-Saint-Cydroine en France. C'est, à l'origine, une église abbatiale d'un prieuré bénédictin dépendant de l'abbaye de La Charité-sur-Loire.

Les parties les plus intéressantes de l’édifice, de la première partie du XIIe siècle, sont le transept et le chœur aux absidioles récemment restaurées. Cette partie est d'un style roman classique avec des voûtes en berceau aux grands arcs doubleaux, des piliers cruciformes aux colonnes engagées, des bases de colonnes décorées,


et quelques chapiteaux romans d’un bel effet sculptés d'animaux fabuleux, de deux oiseaux buvant dans un calice et de deux éléphants affrontés. Les passages voûtés entre le chœur et les absidioles, qui s'ouvrent sur de petites pièces et sur une tourelle d’escalier, sont des parties originales du plan.

La longue nef unique du XIe siècle, aux petites baies en plein cintre et sans décoration, est sensiblement antérieure. Probablement avait-on prévu de la remplacer par une nef voûtée à bas-côtés, comme l’indiquent les arcades murées du transept. Le magnifique clocher octogonal, dont le style évoque La Charité et Cluny, est d’un volume imposant avec ses deux étages à arcatures et baies triples.

Dans l’Yonne on peut trouver d’autres clochers romans octogonaux seulement à Sacy et à Parly. L'église a profité d’une importante campagne de restauration qui a mis en valeur les absidioles et la belle vue du chevet.

Plusieurs traces de fresques anciennes sont encore visibles dans l’église: fragments du 12e siècle sur la voûte du chœur, médaillon roman avec tête de Saint-André dans le croisillon sud et quelques fresques gothiques dont le Christ en majesté avec le tétramorphe et les apôtres.

D’autres éléments anciens sont les pierres tombales médiévales dans la croisée

et les fragments de sarcophages mérovingiens dans l’absidiole nord.

Enfin, le mobilier du chœur comprend la grille en bois, le portail en bois du passage sud et les autels du XVIIIe siècle.

Les chapiteaux des colonnes engagées sont assez remarquables. Il y a six chapiteaux aux décors animalier et végétal, dont quatre sur les piliers orientaux de la croisée et deux sur les colonnes du chœur, tandis que les quatre chapiteaux des piliers occidentaux de la croisée sont épannelés ou inachevés.

Les sculptures du début du 12e siècle sont traitées en faible relief. Sur les deux piliers de la croisée, du nord au sud, remarquons des éléphants affrontés sous des arbres fleuris,

des oiseaux aux queues en feuillages buvant dans un calice et mangeant des raisins,

une tête de chat vomissant des entrelacs aux tiges de feuillages,

et deux oiseaux fabuleux affrontés aux têtes humaines avec des mains humaines sortant de la bouche et une tête humaine dans leurs griffes.

Dans le chœur, les chapiteaux représentent deux atlantes

et deux feuillages enroulés sur les angles.

Les tailloirs des chapiteaux sont également décorés avec frises de feuilles, palmettes, rubans entrelacés ou tiges ondulées. Enfin, les bases de colonnes présentent des motifs géométriques avec des cordons noués, des zigzags, des tores et des baguettes en chevrons.

1 Ruelle du Prieuré, 89400 Laroche-Saint-Cydroine
Sources: