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Les visages sénons.

Une chose m'a frappé lors de la visite de l'extraordinaire exposition "LES SÉNONS : ARCHÉOLOGIE ET HISTOIRE D’UN PEUPLE GAULOIS", ainsi qu'à toutes les expositions et musées consacrés à l'âge du fer.

La propension des gaulois à la représentation anthropomorphe stylisée. Un homme n'est jamais représenté en tant que tel !

Dans le monde gréco-romain, le peuple divin est conçu comme analogue à celui des hommes. D’innombrables statues, en pierre et en bronze, célèbrent les dieux, et le corps humain est l’idéal artistique. Rien de comparable chez les Gaulois, du moins du IVe au IIe s. av. J.-C. et en dehors de régions périphériques telles que la Provence, qui sont marquées par des influences spécifiques. L’art celtique du second âge du Fer ne représente presque jamais le corps humain dans son entier. La tête est toujours privilégiée. À qui appartiennent ces visages ? À des divinités dont la représentation est réduite à la partie du corps qui manifeste le mieux la personnalité de chacune? À des défunts héroïsés, ancêtres de lignées fameuses, ou plus simplement à des vivants particulièrement importants ? Il est d’autant plus difficile de répondre à ces questions que ces faces, hiératiques et sobrement traitées, sont peu différenciées. Constatons du moins que la tête occupe une place privilégiée dans la pensée et dans l’art des Gaulois.

A PONT-SUR-SEINE sur le site du GUÉ DEHAN a été découverte d’une mystérieuse divinité dans l’Aube:

Lors du prélèvement des pieux des ponts, une petite pièce de bois a attiré l’attention des archéologues. Une statue intacte, une figure féminine taillée dans une branche d’if (95 cm).

« Cette statue constitue un «unicum», par son essence, sa morphologie, sa datation, son contexte de découverte… », explique Rémi Collas. L’if est un bois rare, peu utilisé, d’une teinte rougeâtre, d’une belle souplesse, imputrescible. Un bois qui n’est pas anodin. La statue a été trouvée à proximité du premier pont et pourrait y être liée. Du reste, sa datation (360 à 170 av. notre ère) concorde. Dans un travail mené conjointement, Christian Vernou et Rémi Collas ont trouvé des sujets très similaires à plus d’un siècle de distance : dans les ex-voto découverts dans le sanctuaire des sources de la Seine, datés autour du début de notre ère. Une divinité protectrice des eaux, voire la déesse Sequana qu’il fallait honorer pour implorer une traversée sans encombre ?

L’exposition Les Sénons, à Sens, vous offre de plonger vos yeux dans ce regard étonnamment troublant: Un regard venu de la Tène.

Une tête sculptée d'époque gauloise découverte en Seine et Marne.

Des visages stylisés, souvent minuscules et insérés dans des compositions complexes, ornent aussi une grande variété d’objets en métal: armes, ceintures et agrafes de vêtements, vaisselle.

Détail anthropomorphe de torque ternaire.

Poignards anthropomorphes en fer et bronze.

On peut imaginer que cette arme était identifiée à une divinité ou à un génie à qui il était demandé de rendre invincible son détenteur.

Monnaies de bronze des sénons. YLLYCCI à l'oiseau:

AVERS : Tête à droite, les cheveux en grosses mèches stylisées en avant et bouletées aux extrémités.

REVERS : YLLYCCI. Oiseau à gauche un pentogramme et une croisette bouletée accostée de 4 globules, derrière la queue 2 annelets centrés.

Au Palais Synodal, Sens du 19 mai au 29 octobre 2018.

Accès payant

Sources:

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