La basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay
- Alain Foucaut
- 15 août 2018
- 3 min de lecture
Haut lieu de la chrétienté au Moyen Âge, Vézelay est un lieu de pèlerinage important sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Son histoire commence au IXe siècle : les terres de Vézelay faisaient alors partie d'une région qui avait été léguée au comte Girart de Roussillon et à sa femme Berthe, par le père de cette dernière, le roi de France Louis le Pieux. Vers 859, le couple décida de faire établir un petit monastère de femmes sur la colline de Saint-Père (voisine à celle où se trouve l'actuelle basilique), en la mémoire de leur fils qui venait de mourir après seulement une année de vie.

Mais le projet religieux est de courte durée, car quelques années plus tard, l'édifice s'effondre à la suite d'un incendie allumé par des troupes barbares, des Vikings.
À l'issue de cette invasion, on reconstruit un monastère sur l'autre colline : une communauté de moines bénédictins s'y installe.

Au XIe siècle siècle, la petite église, de maigre fréquentation, acquiert une énorme renommée lorsque l'abbaye prétend avoir recueilli des reliques sacrés, appartenant autrefois à Marie-Madeleine, reconnue dans la religion catholique comme sainte pour sa vie tumultueuse qui fut pardonnée par son amour pour Jésus qui la sauve par une apparition après sa résurrection.

On y vénère donc Marie-Madeleine, le symbole du pardon des péchés pour un nombre très élevés de pèlerins dans toute l'Europe, dont beaucoup n'hésitent pas à se rendre en pèlerinage à l'église.

Au XIIe siècle siècle, en 1120, le monastère subit pour la seconde fois un incendie. Les moines entreprirent alors la reconstruction des bâtiments : c'est sous ces travaux que l'édifice prend sa forme actuelle, avec la nef et le tympan qui donnent aux lieux une véritable allure royale.



C'est dans ces conditions que le monastère dédié à Marie-Madeleine connaît son apothéose, et dans ses plus belles heures, attire des fidèles de renommée comme Bernard de Clairvaux, le croisé, ou les rois Richard Cœur de Lion et Philippe Auguste.

Toutes ces richesses sont en proie à de nombreuses convoitises de la part des seigneurs alentour, mais le pape place le monastère sous sa tutelle personnelle et le déclare lieu saint hors du Vatican. Ainsi, il échappe à la soumission du jaloux évêque d'Autun.

Le monastère rivalise de beauté avec l'abbaye de Cluny, également en Bourgogne, très influente, qui bénéficie elle aussi d'une protection spéciale par le pape : les conflits religieux se manifestent, et déjà la popularité du monastère gêne certains...



Dès l'aube du XIIIe siècle siècle, des rumeurs circulent : le monastère provençal de Saint-Maximin déclare, lui aussi, avoir déterré les reliques sacrés de Sainte-Madeleine. C'en est une abbaye détentrice de trop. En 1279, la polémique se propage jusqu'au Vatican, chez le pape Nicolas III qui, lorsqu'il l'apprend, met un terme au débat en attribuant la possession au monastère de Saint-Maximin.


En conséquence, les pèlerins se désintéressent peu à peu du monastère de Vézelay, qui est délaissé. La communauté de moines va progressivement se diviser et partir vers de nouveaux horizons, pour, au XIVe siècle, laisser tout l'édifice à l'abandon.

Les bâtiments manquent de s'écrouler quand, juste à temps, le célèbre écrivain archéologue Prosper Mérimée inspecte les lieux en 1840, affirmant qu'une rénovation s'impose sans délai. Il confie les travaux à Eugène Viollet-le-Duc.

En 1870, le monastère connaît un événement important : sa crypte voit des reliques de Marie-Madeleine officiellement déposées à son emplacement. C'est une faveur considérable, qui fait renaître les lieux aux yeux des pèlerins. Le pape, lui-même, en 1920, fait élever le monastère au rang de basilique : c'est un titre prestigieux, qui ne fait qu'accroître la renommée du lieu saint.

Les lieux ont connu différentes époques, mais ce sont les travaux du xiie siècle siècle qui leur ont donné leur aspect actuel tant admiré par de nombreux touristes.
Le chœur reconstruit entre 1885 et 1190 est typiquement de style gothique primitif : il se veut lumineux, car c'est l'endroit où l'on réalise les services liturgiques. La nef de la basilique édifiée entre 1120 et 1140 est de style architectural roman. Elle est remarquable pour sa longueur, qui dépasse celles de grandes cathédrales comme Notre-Dame-de-Paris. Elle est faite d'arcs en pierres polychromes, alternativement ocres et blanches.
89450 Vézelay
La basilique est ouverte tous les jours de l'année de 7h à 20h.
Accès libre pour les visites durant toute la journée, sauf durant les offices religieux.
De Pâques au 1er novembre, des visites guidées sans réservation chaque dimanche à 14h30.
Du 1er juillet au 20 août : une visite guidée sans réservation à 14h30 du mardi au dimanche (samedi 15h) par un frère ou une soeur de la communauté.
Du 7 juillet au 2 septembre : les guides CASA sont à votre disposition pour une visite à la carte.
Ces horaires sont des horaires de principe, ils sont susceptibles de modifications liées aux impératifs liturgiques du sanctuaire.
Visites interdites et crypte fermée durant les offices monastiques célébrés dans la nef.
Magnifique visite en compagnie d'une soeur passionnante!

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