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Et autres chef-d'œuvres de la salle Piette

Edouard Piette (1827-1906), fils d'un propriétaire foncier, a étudié le droit à Paris. Mais il est plus passionné par l'archéologie que par le droit. En 1870, un voyage dans les Pyrénées lui fait découvrir les grottes de la région. Il se lance dans leur exploration. Les fouilles sont privées et financées par lui. Les découvertes sont importantes. De 1871 à 1875, Piette fouille les grottes de Gourdan, de Lortet et d'Espalungue. Puis de 1887 à 1897, il fouille le Mas d'Azil, la grotte du Pape à Brassempouy. En trente ans Piette a constitué une collection de plusieurs milliers de pièces ; outillage lithique ; gravures et sculptures sur os et sur ivoire avec des représentations animales et humaines, des figures géométriques. La contribution de cet amateur est considérable. Il donne tous ses trésors au musée des antiquités nationales et meurt en 1906.

Grotte de Lortet. Ce site découvert par Edouard Piette en 1873 a offert plusieurs vestiges préhistoriques dont des propulseurs, harpons ou os ouvragés. Les objets les plus connus restent un bâton minutieusement gravé de cerfs et de saumons ainsi qu’un bois de cerf où a été gravé un serpent. magdalénien moyen, vers -15000 / -13000 ans

Le bâton aux cerfs et saumons de Lortet. Ces cavernes furent fouillées en 1874-1875. Il représente des cerfs traversant la rivière aux saumons. Cette gravure, la plus belle de Lortet, fut baptisée le Bâton aux cervidés et saumons, c'est un chef-d'oeuvre du quaternaire qui n'a pas été dépassé à notre époque. Elle est remarquable par l'exactitude anatomique des proportions et des détails (ramures des cerfs, pigmentation des saumons). Cette gravure a paru dans les dictionnaires à la page de la préhistoire et dans le générique d'histoire naturelle à la télévision. ce bois gravé de cervidé (peut-être un renne) semble presque banal.

Pourtant, en réalisant un calque que l'on déroule, nous nous trouvons devant un chef d'oeuvre de l'art magdalénien : « La gravure aux cerfs et aux saumons ». Trois cerfs sont représentés (les deux premiers au galop, le troisième se retourne en bramant pour appeler son faon). Nous observons six saumons et deux signes losangés. Les cerfs semblent fuir et traverser une rivière peuplée de saumons. Les poissons ont été réalisés après le tracé des cerfs. Il est intéressant de noter que l'homme primitif n'avait pas besoin de « dérouler » l'image sur une surface plane pour saisir la représentation. Ce genre de scène est très rare dans l'art paléolithique.

Le Mas-d'Azil

Trois têtes de chevaux sont sculptées et gravées sur le propulseur, qui est daté du Magdalénien. Cette période connaît une véritable explosion de l’art, qu’il soit pariétal ou mobilier, toutes techniques confondues. De nombreux objets portent des décorations. Les propulseurs ne font pas exception et un grand nombre d’exemplaires retrouvés ont été ornés. Observons les trois chevaux de notre propulseur. On voit une petite tête fine, puis, à l’envers, une tête plus grande avec la bouche ouverte, et enfin, gravé sur le manche avec une abondance de détails, un crâne décharné dont les dents mises à nu se distinguent nettement.Si l’on part de l’hypothèse que les proportions ont été volontairement respectées, on pourrait alors identifier un poulain, un adulte et un mort. Sont-ce trois chevaux différents, d’une même famille ? Ou bien est-ce le même individu représenté trois fois ? Dans ce cas, l’auteur préhistorique a-t-il voulu matérialiser trois étapes de la vie, la jeunesse, la maturité, la mort ? Que pourraient symboliser ces étapes ? un résumé du déroulé d’une vie, de ses débuts à sa fin ? une image du temps qui passe, au niveau de l’individu ? ou à l’échelle de la nature, du rythme des saisons dont dépend la vie des hommes ? Est-ce un questionnement sur la vie, la mort, est-ce l’expression d’une fascination ou une manière d’exorciser ses peurs, ses incertitudes ? Mais alors, pourquoi choisir l’image d’un cheval plutôt que celle d’un homme ou d’une femme ? Quelles dimensions symboliques, religieuses, mythologiques ou encore philosophiques cet animal pouvait-il bien porter ?

Magdalénien moyen / supérieur. Vers - 15 000 / - 11 000 ans. Fouilles Édouard Piette, 1887-1894.

Bison entièrement sculpté dans une palme de bois de renne dont l’épaisseur indique qu’il s’agit d’une ramure de mâle. Une fracture ancienne a emporté la tête ; des cassures lors de la fouille ont brisé les pattes et suggèrent que l’animal était relié à un support plus long, la perche du bois de renne formant alors le fût d’un propulseur (ou bâton percé) comme sur d’autres objets du Mas-d’Azil et d’ailleurs.

Le travail de sculpture, très important, a dégagé les quatre pattes et créé un espace vide sous le ventre. Cette particularité peu fréquente rappelle une autre sculpture du site « le faon aux oiseaux ».

Si l’effet esthétique est renforcé, l’objet s’en trouve fragilisé, comme le prouve son état actuel. L’objet conserve d’abondantes traces de colorant rouge.

Rondelle découpée figurant deux hommes, deux pattes d'ours et un cheval. Os. Omoplate. Grotte du Mas d'Azil au Mas d'Azil (Ariège). Magdalénien moyen. Vers - 15 000 / - 13 000 ans. Fouilles Édouard Piette, 1887-1894.

Bouchon d'outre quadrillé, Ivoire de mammouth, grotte du Pape à Brassempouy, gravettien vers -29000 / -22000 ans

Fragment d'omoplate de bovidé gravé, femme enceinte paré de bijoux (collier et bracelets) couché sur le dos sous un cervidé.

Aiguilles a chas, Grotte du Placard à Vilhonneur (Charente), Magdalénien, vers – 15 000 ans.

L’aiguille à chas a été inventée il y a 45 000 ans environ (C’est dans la célèbre grotte de Denisova (montagnes de l’Altai), en Sibérie, qu’une équipe de chercheurs a découvert la plus ancienne aiguille à chas trouvée à ce jour). Une baguette est extraite de l’os en creusant deux sillons profonds, réguliers et parallèles : c’est la technique du double rainurage. Cette baguette est ensuite perforée et façonnée en aiguille.

Sans commentaire, juste pour les yeux.

Sculpture : animal, insecte (cigale ?), petit fuseau décoré de 2 croisillons et 4 traits obliques (à l'extrème droite)

Et encore la dame de Brassempouy, elle le vaut bien!

Domaine National de Saint-Germain-en-Laye, Château-Place Charles de Gaulle, 78100 Saint-Germain-en-Laye

Accès payant. AVERTISSEMENT: Réservation obligatoire dans la limite des places disponibles.

Sources:​

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