Une mosaïque d'exception à Grand
- Alain Foucaut
- 18 déc. 2017
- 2 min de lecture
Au fond du musée de Grand se trouve le joyau des collections : une magnifique mosaïque de 232 m2, l’une des plus grandes conservées du monde romain ! Dès 1873, sous la Maison des Sœurs, un angle du pavement fut découvert et dix ans plus tard, en mai 1883, Félix Voulot (conservateur du musée d’Epinal) fit dégager les deux mètres de terre qui recouvraient l'ensemble de la surface. Elle fut classée monument historique l’année suivante ! Le bâtiment est vraisemblablement construit au Ier siècle après JC, date de la principale phase de construction du site, mais la mosaïque elle-même, plus tardive , date de seconde moitié du IIème siècle.

Elle pavait le sol d’un édifice qui a longtemps été identifié à une basilique, même si cette interprétation est dorénavant largement remise en cause. Afin de préserver cette découverte exceptionnelle, un bâtiment épousant les formes de l’ancien édifice a rapidement été construit. Le visiteur a ainsi le rare privilège de découvrir un décor de sol complet de mur à mur et sur son emplacement d'origine.

Il s'agit d'une mosaïque polychrome utilisant du blanc, du noir, du crème, du rouge, du jaune, du beige-gris, du rose, du bleu, du gris foncé, etc. et dont les tesselles sont en calcaire d'origine locale, sauf pour le rouge qui provient des Ardennes.

Cordon de marbre rouge entre la mosaïque et les murs, plaques de marbre et de porphyre revêtant la paroi de marqueterie sur 160 cm de haut, stucs peints en blanc, jaune, rouge et bleu à la partie supérieure, moulures de marbres brun et blanc à la base et au sommet des murs composaient une ornementation raffinée. Plus de soixante variétés de marbre dont certaines originaires de Grèce et d'Afrique du Nord ont été utilisées !

La qualité du pavement n'est pas la même en fonction de l'emplacement sur la mosaïque. En effet, si l'emblema (la scène du tapis central) était réalisé par un véritable maître, le caractère répétitif des motifs du décor de champ fait que l'on confiait cette tâche à des ouvriers peu qualifiés.

Le travail a duré un an, la coupe des tesselles occupant six mois à elle seule. Aux quatre angles de l'emblema, on peut voir quatre animaux: Un tigre, une panthère, un sanglier et un ours.

L’emblema de la mosaïque (4,80 m par 2,80 m) a disparu au trois-quarts. Quelle est la scène représentée ?

Henri Stern a d’abord pensé à une pièce issue du répertoire des comédies latines (Plaute, Térence…).

Toutefois la découverte d’une mosaïque similaire a permis l’identification à une scène du répertoire comique grec. En effet Jean-Pierre Darmon a rapproché cet emblema à une scène du Phasma (le Fantôme) de Ménandre.

La mosaïque a bénéficié en 2009, d’une restauration qui restitue l’éclat et la fraicheur des couleurs d’origine.

4 rue de la Mosaïque, 88350 Grand
Accès payant