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Pincevent, campement magdalénien de chasseurs de rennes

  • Alain Foucaut
  • 17 sept. 2017
  • 3 min de lecture

Après une visite du site magdalénien de Pincevent, il y a 25 ou 30 ans, il était temps d'y retourner...

Malgré des essais infructueux faits depuis deux ou trois ans, cette année fut la bonne ! Un rendez-vous fut pris très tôt pour les journées européennes du patrimoine.

Autant vous dire que le site à bien changé. Je me souviens de vastes zones de fouilles, aujourd'hui, elles sont toutes recouvertes, et c'est une grande esplanade.

Le site de Pincevent se trouve dans une sablière exploitée depuis 1926.

À partir de 1956, des découvertes fortuites y sont réalisées, puis des fouilles de sauvetage concernent un cimetière du Ve siècle.

Moulage d'une tombe de l'âge de Bronze

Des édifices gallo-romains, un cimetière gaulois, 10 à 11 foyers probablement néolithiques et les premiers foyers magdaléniens sont détruits par l'exploitation de la carrière entre 1956 et 1964, malgré la surveillance de chercheurs bénévoles dépourvus de moyens d'intervention. Le Magdalénien est la dernière phase du Paléolithique supérieur européen, comprise entre environ 17 000 et 12 000 ans avant le présent. Son nom a été proposé par G. de Mortillet à partir du site préhistorique éponyme de la Madeleine à Tursac en Dordogne. Le climat était bien plus froid et sec qu'aujourd'hui

Un des jeunes archéologues (passionnant) nous fais découvrir le site "originel" de Pincevent.

La ou tout a commencé...

L'un de ces chercheurs, Isabelle Roux-Rath, spécialiste de paléoclimatologie, qui réside à la Grande Paroisse, alerte l'équipe d'André Leroi-Gourhan, le Centre de recherches préhistoriques et protohistoriques de l'université de Paris-I, qui intervient dans un premier temps dans le cadre de fouilles de sauvetage. Compte tenu de l'intérêt et de l'étendue du site, des mesures de protection sont prises puis le terrain est acquis par l'État. Les fouilles peuvent donc continuer dans de meilleures conditions, sous la direction d'A. Leroi-Gourhan jusqu'en 1985, puis par la suite par son équipe.

Le site de Pincevent a été occupé il y a environ 12 300 ans, à plusieurs reprises, du début de l’été au début de l’hiver. Le principal gibier chassé par ses habitants était le renne, mais ils consommaient aussi des poissons et des œufs.

L'organisation spatiale des vestiges lithiques et osseux ainsi que les foyers ont été conservés de manière exceptionnelle par de fins limons d'inondation de la Seine.

Leur étude a permis de mettre en évidence des aires d'activités circulaires correspondant probablement à l'emplacement d'habitations. Il a donc été proposé à titre d'hypothèse que les habitants vivaient dans des tentes pliables recouvertes de peaux, proches des tipis des Nord-Amérindiens.

La réalisation systématique de remontages des blocs de silex, une reconstitution du bloc d'origine comme s'il s'agissait d'un puzzle à trois dimensions, a permis de mettre en évidence des niveaux de compétences différents pour la taille du silex : certains tailleurs étaient expérimentés,

d'autres étaient encore en phase d'apprentissage. L'étude des ossements de renne montre que les animaux entiers étaient ramenés au campement avant d'être partagés entre les différentes habitations.

Pincevent a également joué un rôle important dans le développement et l'amélioration des méthodes de fouilles préhistoriques.

Moulage de coupe stratigraphique, empreinte au latex de sédiments fin.

À la suite des travaux de G. Laplace et L. Méroc dans les Pyrénées, A. Leroi-Gourhan y a développé et formalisé des techniques minutieuses de fouille par décapages mais surtout des enregistrements systématiques de tous les objets, traces, macro et microstructures découvertes avec pour objectif de les positionner précisément dans un espace en 3 dimensions.

Avec cette méthode et à partir de l'analyse de dizaine de milliers d'éclats de pierre, de fragments de bois ou d'os éparpillés sur différents horizons, A. Leroi-Gourhan et son équipe ont pu reconstituer l'habitat et la vie quotidienne des magdaléniens qui chassaient le renne et pêchaient sur les rives de la Seine, 9 à 10000 ans avant notre ère. Cette technique, perfectionnée à Pincevent, allait faire école et s'applique depuis dans de nombreux chantiers de fouilles préhistoriques.

Accessoire percé en bois de renne pour redresser les baguettes ou torsader les cordes et polissoir.

Rondelles en grès et calcaire (niveau IV-0)

Les fouilles effectuées au cours de l’année 2011 ont réservé une belle surprise aux archéologues : la mise au jour d’une dent humaine (prémolaire supérieure) dans le niveau supérieur. Elle se trouvait dans une zone de rejets parmi des ossements de chevaux.

Coquillages fossiles percés (niveau IV-0) que les magdaléniens collectaient pour confectionner leur parure.

Incisives de rennes avec marque de sciages.

Par la suite, quelques fragments d’os longs humains ont également été identifiés au même endroit. Ce sont les premiers ossements humains retrouvés à Pincevent depuis le début des fouilles en 1964. Et c’est aussi l'un des plus anciens vestiges humains retrouvés en Île-de-France.

Essai de chasse aux rennes armé de propulseur et sagaie.

Site Archéologique de Pincevent 77130 La Grande-Paroisse

Accès très limité... Sur rendez-vous lors des "Journées européennes du patrimoine"

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