top of page

Le logis abbatial de Jumièges

  • Alain Foucaut
  • 7 août 2017
  • 3 min de lecture

Situé au nord-est des ruines de l’abbaye, le logis abbatial est l’ancienne résidence des abbés commendataires de Jumièges.

Sa construction débute en 1666, en remplacement de l’ancien logis médiéval situé près de l’église Saint-Pierre et alors à l’abandon; il est achevé en 1671, date à laquelle François II de Harlay de Champvallon, archevêque de Paris et abbé de Jumièges, s’y installe.

Noble bâtiment de style classique à trois niveaux et à la haute toiture à la Mansart, le logis abbatial a l’aspect d’un véritable petit château. On y accédait par l’actuelle rue du Quesney, sur laquelle s’ouvre la cour d’honneur fermée d’une grille monumentale et encadrée de deux bâtiments de communs. Depuis son imposante façade, côté parc, la vue sur les ruines de l’abbaye et, plus loin, les côteaux de la Seine, est splendide. Le blason orné des clés de saint Pierre, patron de l’abbaye, orne toujours le fronton du majestueux avant-corps.

Les énervés de Jumièges

Selon une légende née au XIIe siècle, les deux fils du roi Clovis II se révoltèrent contre leur père, quand il partit en croisade. Jugés pour rébellion au retour de ce dernier, ils furent punis par où ils avaient péché, c’est à dire privés de leur force : l’opération consista à les « énerver », c’est à dire à leur brûler les tendons des muscles, de sorte qu’ils ne pouvaient plus bouger. Plus tard, pris de pitié, les parents décidèrent de les remettre à la grâce de Dieu. Ils les firent placer sur un radeau sans rame ni gouvernail et les abandonnèrent à la dérive sur la Seine. C’est la scène qu’a choisi le peintre : rejetant l’interprétation littérale du texte, où un serviteur accompagne les princes (ce personnage est présent dans une des esquisses préparatoires), il les isole, gisants, dans l’immensité glauque, où le ciel et l’eau se marient. Les deux princes inertes sont chaudement enveloppés d’une couverture aux ornements mérovingiens, sur le radeau paré de coussins de velours. La bougie, qui ne s’éteint pas, derrière un reliquaire fleuri, indique la protection de Dieu, tandis qu’au loin une aube blanche annonce un refuge salutaire : un moine de l’abbaye de Jumièges les recueillera et les soignera. Et ils vivront là saintement.

A la Révolution, le logis abbatial est vendu, séparément de l’abbaye, dès 1791 comme Bien national. Il connaîtra plusieurs propriétaires jusqu’à son acquisition, en 1865, par Louis-Helmuth Lepel-Cointet, fils d’Aimé-Honoré Lepel-Cointet, déjà propriétaire des ruines et du parc depuis 1852.

Saint Pierre en pape (XIVe et XVe siècles), saint protecteur de l'Abbaye n'est plus représenté en apôtre !

Ensemble exceptionnel pour ses restes de polychromie.

En 1946, l’abbaye de Jumièges devient propriété de l’Etat. Un musée lapidaire est installé en 1954 dans les salles du rez-de-chaussée du logis abbatial. Malheureusement, dans la nuit du samedi 17 au dimanche 18 août 1974, le logis abbatial est ravagé par un terrible incendie. D’importants travaux de restauration ont été nécessaires après ce sinistre pour rendre au bâtiment sa toiture et sa stabilité, sans pour autant permettre sa réouverture au public.

Plaque tombale du coeur d'Agnès Sorel

Le personnage d’Agnès Sorel est associé au manoir situé sur la commune du Mesnil-sous-Jumièges. En effet, durant la guerre de cent ans, le roi se rend à l’abbaye de Jumièges où elle le rejoint. Logée dans le manoir de la Vigne, alors propriété de l’abbaye, elle y meurt, le 9 février 1450, après avoir mis au monde sa quatrième fille. Les circonstances de sa mort sont encore aujourd’hui mystérieuses. Charles VII fait alors déposer le cœur de l’illégitime et contestée ”Dame de Beauté” dans une chapelle de l’église abbatiale, comme on le fait d’une reine, et reconnaît ses filles. Une dalle mortuaire de marbre noir recouvre sa dépouille, primitivement située dans la chapelle du bras nord du transept. Elle est présentée aujourd’hui dans le logis abbatial. L'élévation biseautée est gravée d'une inscription gravée en lettres gothiques, courant tout autour du tombeau : cy gist noble damoyselle Agnès Seurelle en [son vivant] dame de beaulté / [de Roquecisière] d'Issoudun et de Vernon sur Seine piteuse entre [toutes] gens et qui largement [donnait] de ses biens aux églises et aux pauvres laquelle trespassa le 9e jour de / fevrier lan [de grace] M IIIIc XLIV priez Dieu pour l'ame d'elle. Amen

Aujourd’hui, le Département de Seine-Maritime, propriétaire de Jumièges depuis 2007, a décidé d’ouvrir le logis abbatial (après 39 ans de fermeture) dans le cadre de sa politique en faveur des arts visuels, en y organisant en saison des expositions de prestige.

Tête dite de Guillaume le Conquérant (XIVe siècle)

Les pièces de la magnifique collection lapidaire de l’abbaye y sont associées, dans une volonté d’instaurer un dialogue entre ces pièces majeures de l’art médiéval et la création contemporaine.

Tête d'apôtre non identifié (XIVe siècle)

24 Rue Guillaume le Conquérant, 76480 Jumièges

Accès payant

Le Logis est ouvert au public durant les expositions temporaires.

Commentaires


articles recents: 
recherche par TAGS: 

© 2023 by The Artifact. Proudly created with Wix.com

  • Facebook B&W
  • Twitter B&W
  • Instagram B&W
bottom of page