Des mérovingiens dans le parking Baudoyer !
Place Baudoyer, février 1994.

Depuis six mois, les archéologues de l'Afan (Association pour les fouilles archéologiques nationales) s'affairent pour mettre à jour les restes du cimetière mérovingien de Saint-Gervais (IVe arrondissement). Sarcophages, constructions, mobilier funéraire... Patrick Rebeaud, ex-élève de l'Idhec, filme et enregistre l'intégralité de la fouille. Un travail de titan. Une présence de tous les instants sur le chantier.

Au final, 150 heures de pellicule pour un documentaire de 52 minutes, plein de détails. Chantier bouclé à la va-vite, sarcophages détruits par les pelleteuses, habitants qui s'indignent du procédé. Trois semaines supplémentaires seront laissées aux scientifiques pour s'acquitter de leur tâche. Mais la vision du film laisse un goût amer...

Pour tout savoir (très intéressant et instructif), c'est ICI (le déroulement des fouilles archéologiques) ou LA (le génie civil au service du patrimoine)
Fibule gallo-romaine

Le site de la Place Baudoyer se localise dans le fond de vallée de la Seine, sur la butte Monceau-Saint-Gervais, basse terrasse sur la rive droite de la Seine. La première église (à l'emplacement de l'église
Saint-Gervais-Saint-Protais) et le cimetière auraient été fondés entre la fin du IVe et le début du VIe
siècle, le long d'une voie romaine et en dehors de la ville. La première mention de la basilique, dédiée à Saint-Gervais et Saint-Protais, émane de Fortunat, évêque de Poitiers et date du milieu du VIe siècle sous Childebert.
Fibules mérovingiennes

Le sépultureau des deux frères martyrisés, découvert à Milan, serait à l'origine de la dédicace de l'église au IVe siècle. Le cimetière pourrait s'être installé sur une nécropole antique, peu dense mais plus étendue.
Boucles mérovingiennes

Il perdure tout au long du haut Moyen Âge tout en s'amenuisant. À partir de 1212, le baptistère de l'église Saint-Gervais, situé près de la place de Grève, fait place à l'église Saint-Jean (détruite aujourd'hui) et à un nouveau cimetière. De très nombreuses découvertes de sarcophages en plâtre et en pierre se sont succédées depuis la fin du XIXe siècle (notamment celles de T. Vacquer) jusqu'en 1950 dans les rues proches de la place Baudoyer, mettant en évidence l'étendue de l'espace sépulcral.
Couvercle de sarcophage

Avec une épitaphe: "Dans cette pierre repose mort à douze ans Munacharius"

Une fouille de 1994-1995 permet, elle, de préciser les limites de la nécropole. La nécropole ad sanctos, se développe à partir de la fin du Bas Empire, depuis la rue Vieille du Temple à l'est, rue Lobau à l'ouest, la rue des Barres et le quai de l'Hôtel de Ville au sud. La place Baudoyer constitue la limite nord de cette nécropole, sous la mairie du IVe arrondissement. La fouille a également fait apparaitre une occupation allant de l’époque romaine jusqu’au Bas Moyen Âge.
Panneau de tête de sarcophage

et panneau de pied

A l'est du cimetière, se sont développés un habitat mérovingien et des activités artisanales (notamment un possible atelier de verrier) qui pourrait avoir été séparés de la nécropole par une clôture, détruite tardivement. A l'époque carolingienne, au sud de l'emprise, des habitats sont construits au dessus des sépultures mérovingiennes, laissant penser que dès le IXe siècle le souvenir de la nécropole avait été perdu ; enfin, l'implantation de caves dans le quartier du Bas Moyen Âge détruisent une partie des vestiges mérovingiens.

Une vitrine fut construite au premier niveau du parking. Elle présente le résultat des fouilles : pierres, bijoux, etc... ainsi que des vues et des plans des fouilles.
Parking Baudoyer, place Baudoyer, Paris IV°. ( accès côté rue de Rivoli, premier sous-sol )