La cathédrale Saint-Tugdual de Tréguier
- Alain Foucaut
- 19 juin 2017
- 3 min de lecture
La cathédrale Saint-Tugdual était primitivement sous le vocable de saint André. C’est le monument le plus important des Côtes-d'Armor et l'un des plus beaux de Bretagne.

Fondée au VIème siècle par le moine gallois Tugdual, est rebâti vers 970 par un dénommé Gratianus ou Gratias (après le saccage des Normands) puis de nouveau au XIIème siècle (époque dont il subsiste la tour appelée fort improprement "Tour d'Hasting", à l'extrémité du croisillon nord).

Le chantier de la cathédrale gothique est entrepris en 1296 en remplacement de la cathédrale romane. D'autres historiens affirment que c'est en l'année 1339 seulement que l'évêque Richard du Poirier ou du Perrier (Richardus de Piru) entreprit d'élever une nouvelle cathédrale. Si on en croit les chroniques, l'édifice est détruit ou tout au moins gravement endommagé par les Anglais en 1345.

A une époque imprécise (VIème siècle ?), Tugdual, évêque transmarin venu de Grande-Bretagne, fonda au Val-Trécor un monastère qui devint, avant le milieu du IXème siècle, le siège d'un évêché. Ce monastère comportait-il, suivant l'usage, plusieurs églises dans son enceinte, cela est probable, car le continuateur de Richard-Lescot indique que, pendant la guerre de Succession du duché, les Anglais détruisirent la cathédrale, sans oser toucher au tombeau de saint Yves, et qu'ils épargnèrent la mater ecclesia, donc distincte et peut-être Notre-Dame de Coatcolvezou.

Devant l'invasion normande, l'évêque Gorennan s'enfuit en France, au début du Xème siècle, avec les reliques de saint Tugdual, et la cathédrale fut détruite par les barbares. Elle fut seulement relevée de ses ruines vers 970 par les soins d’un noble appelé Gratias, suivant l'une des Vies de saint Tugdual qui nous fait connaître également le nom du maître de l'oeuvre de la charpente, Goeder.

Sans doute ce monument céda-t-il la place à un autre à la fin du XIème siècle ou dans les toutes premières années du XIIème, si l'on en juge par la tour Hasting, seul vestige en subsistant à l'extrémité du croisillon nord de l'église actuelle.

L'édifice que nous admirons aujourd'hui fut commencé en 1339 sous l'épiscopat de Richard du Perrier ; et, de cette époque, date encore la partie basse de la nef dont l'appareil, plus petit et de teinte plus foncée, se différencie nettement de la campagne postérieure.

Le procès de canonisation de Charles de Blois, indiquant que le duc descendit sept degrés pour entrer dans l'église, lorsqu'il se rendit au tombeau de saint Yves, montre que le sol n'était pas encore abaissé au niveau actuel, ainsi que le confirment, du reste, les massifs supportant les bases des premiers piliers.

La ville ayant été saccagée et l'église endommagée par les troupes anglaises en 1346, les travaux furent suspendus pendant plusieurs années. Repris vers 1370, ils furent alors activement poussés, car les voûtes hautes du choeur étaient achevées à la fin du XIVème siècle, ainsi que l'indiquent les armes de l'évêque Pierre Morelli (+ 1401), et les chapelles donnant sur la carole vers 1425.

Enfin, l'église fut terminée par le porche méridional, décoré des armes de l'évêque Pierre Piedru, et le clocher qui le surmonte, dont la maçonnerie fut achevée en 1432. Sa charpente fut exécutée sous la direction de Thomas Melmhezic et Gille Quéré, maîtres charpentiers, qui s'associèrent Jehan Le Besque. La couverture du clocher fut faite par Guille Macé et Jehan Le Cardinal, et la croix commandée à Jouhan Rolland, de Lannion.

Peu après, vers 1442, fut édifiée la chapelle du duc accolée à l'aile nord du transept et communiquant avec le bas côté nord par trois arcades.

Le cloître, commencé en 1450 sous l’épiscopat de Jean de Plouc, fut béni le 25 septembre 1468. C'est l'oeuvre de Rolland Le Besque et de Pierre Le Tirant, aidés comme piqueurs de Alain Menou, Jehan Huet, Jean Pezron, Jehan Tobarec, Jehan Jégou et Jehan le Coguiec. La charpente est dûe à Yvon Cogian.
En 1470, le porche neuf ayant été abîmé, il fut restauré sous la direction de Rolland Le Besque par les picoteurs Olivier Tanyan, Jehan Huet et Alain Menou. Les sculptures en furent faites par Hervé Ploegoulm (en français Colombe).

Les contreforts et arcs-boutants du choeur, en pierre de Pluzunet, ne furent terminés qu’en 1515.
Au XVIIIème siècle, la flèche en bois du clocher menaçant ruines, la flèche actuelle fut construite sur les plans dressés le 13 août 1772 par François Anfray, ingénieur des Ponts et Chaussées à Guingamp ; elle fut terminée en 1785.
1 Place du Général Leclerc, 22220 Tréguier
Accès libre