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Lan treguer, Tréguier

  • Alain Foucaut
  • 14 juin 2017
  • 4 min de lecture

Tréguier ("Lan treguer", en breton) par référence aux trois rivières (« guer ») passant à Tréguier.

Tréguier doit son existence au moine gallois Tugdual (connu également sous le nom de Pabu) et dont la légende dit qu’il fut élu pape:

Tugdual est le fils du roi Hoël ler et de sainte Pompée et le frère du roi Hoël II, de sainte Sève et de saint Lunaire, d'origine galloise, ou plus précisément de l'île de Man.

Sa première « Vie » lui prête un sens politique, puisqu'il aurait demandé et obtenu l'aval de Childebert Ier, roi des Francs, pour les terres données par les princes, mais cela peut se voir comme faisant partie de la polémique entre Francs et Bretons sur l'ancienneté de l'autorité (imperium) des premiers. Quoi qu'il en soit, il est élevé malgré lui à la dignité d'évêque, et le roi Childebert Ier lui confie l'évêché de Lexobie, nom ancien de Lisieux. Il y subit des persécutions qui l'obligent à quitter son siège épiscopal et à partir pour Rome.

La tradition veut qu'il soit arrivé à Rome le jour même de la mort du pape Vigile, soit le 7 juin 555. Pendant qu'il priait à la basilique Saint-Pierre de Rome. Une colombe venant se poser sur son épaule pendant le conclave, on voulut le choisir pour pape; Une hymne trégorrois rapelle cet évènement : In Papam eligitur, nuta Deitatis, Tugdualus... (Est élu Pape, sur un signe de Dieu, Tugdual...).

Mais sa modestie et son humilité monastiques, quoi qu'il fût déjà évêque, lui firent renoncer à la charge papale. De là vient qu'il est souvent représenté avec la tiare papale sur la tête, et qu'il lui est donnée l'appellation de Pabu*, terme vieux breton signifiant "Pape" (en breton moderne, Pab).

S. Tugdual revint bientôt à Tréguier, rappelé par les Trégorrois sollicitant sa bénédiction et dans la ville desquels son absence avait causé des querelles et des calamités. Il revint et y exerça son épiscopat en paix jusqu'à son extrême vieillesse, mourant le 30 novembre 553, 559 ou 564.

Il va fonder un monastère prenant le nom de Lan Trecor, soit Landreger en breton, toponyme qui donnera, à partir du 14ème siècle, son nom à la ville et à ses habitants, les trécorois.

Consacré évêque vers 542, Tugdual deviendra ainsi un des sept saints fondateurs de la Bretagne et Tréguier une des étapes du « Tro Breiz », pèlerinage à ces sept saints (Corentin, Patern, Pol Aurélien, Tugdual, Brieuc, Samson, Malo). Le Tro Breiz relie les sept évêchés (Vannes, Quimper, St Pol de Léon, Tréguier, St Brieuc, Dol de Bretagne, St Malo) à raison d’une étape par an.

En 848, Nominoé, roi de Bretagne, fait de cet évêché abbaye un évêché séculier allant de Morlaix à Lézardrieux, dont il situe le siège à Tréguier, faisant ainsi de celle-ci la capitale historique du Trégor. Tréguier sera entièrement détruit par les Vikings au 9ème siècle et abandonné par ses habitants. Le siège épiscopal devient vacant.

Un certain Gratien va relever une cathédrale à partir de 970. Elle sera dédiée cette fois à Tugdual, (la précédente en bois l’avait été à l’apôtre André, premier saint protecteur de la ville). Il ne reste de cette deuxième cathédrale que la tour romane appelée, on ne sait pourquoi, tour d’Hasting.

Tréguier obtient le statut de ville en 1412. La période moyenâgeuse sera marquée par la construction de la cathédrale actuelle (1339-1435)

puis du cloître (1450-1479).

La renommée et le culte de St Yves (1253-1303), canonisé dès 1347 (premier saint breton officiel), va rejaillir sur Tréguier qui va devenir très rapidement après sa mort terre de pèlerinage.

Nombre de grands personnages viendront y manifester leur dévotion : Charles de Blois, Duguesclin, Anne de Bretagne, qui était déjà reine de France, en septembre 1505, François 1er en 1518.

L’aura intellectuelle de Tréguier commence à se manifester à partir du 14ème siècle avec l’ouverture dans le Quartier Latin à Paris du collège de Tréguier destiné à recevoir les étudiants trécorois. Il disparaitra sous Henri II pour devenir le Collège de France, celui-là même où Ernest Renan enseignera quelques siècles plus tard.

En mai 1485 s’ouvre à Tréguier la troisième imprimerie de Bretagne, après Bréhand-Loudéac (décembre 1484) et Rennes (mars 1485), nouveau témoignage de la vie intellectuelle et artistique. Y sera imprimé entre autres, en 1499, le « catholicon », dictionnaire trilingue breton, français, latin.

Déjà pillée par les anglais en 1346, Tréguier qui a choisi le camp loyaliste d'Henri IV va être à nouveau ravagée par les ligueurs du duc de Guise de 1589 à 1592. En compensation des peines endurées pour sa cause le roi fera tenir dans la petite ville les Etats de Bretagne en novembre 1607.

Pendant toute cette période, Tréguier connaitra un développement économique et commercial limité en dépit de l’atout considérable que constitue son port.

C’est une ville essentiellement intellectuelle et religieuse où les institutions vont se multiplier. Couvent de St François sur la rive gauche du Guindy en 1483, collège pour les garçons dès le 16ème siècle, couvent des Ursulines en 1625 (éducation des filles), des Augustines en 1654 (religieuses hospitalières), séminaire tenu par les Lazaristes en 1655, couvent des Sœurs de la Croix en 1666, (enseignement des jeunes filles également), des Paulines en 1699 (éducation des jeunes filles pauvres).

Ernest Renan la décrit ainsi : « un nid de prêtres et de moines, ville tout ecclésiastique, étrangère au commerce et à l’industrie, un vaste monastère où nul bruit du dehors ne pénétrait ».

* La dénomination « pabu » signifie donc en vieux breton pape, ou père (venant lui-même du grec pappas, père). On retrouve cette désignation ancienne pour beaucoup parmi les saints irlandais fondateurs de communautés en Islande!

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