La forteresse de Koules à Heraklion
Son nom, Koules, lui vient du même mot turc signifiant « forteresse », mais serait aussi un dérivé du nom composé Su Kulesi, en turc, « forteresse des mers ».

Ce château impressionnant, constitué de deux corps de fortification massifs, est situé en bout de jetée afin de surveiller les côtes. Son autre nom est celui qui lui fut donné par les Vénitiens, la Rocca al mare, Castello del Molo ou encore castello al mare. Aujourd'hui, c'est donc son dernier nom, Koules, qui est resté dans les mémoires et par lequel on dénomme l'édifice.

La forteresse est située sur le port vénitien de Candie, l'actuelle Héraklion. Selon les archéologues, le Koules a été bâti sur un ancien emplacement fortifié, peut-être arabe, entre le IXe et le Xe siècle. Les Arabes l'auraient donc construit après 825, date de leur conquête de la Crète. En effet, Al-Hakam Ier, émir de Cordoue, était en guerre contre les chrétiens d'Espagne. Subissant des défaites, des seigneurs qui lui été soumis se soulevèrent mais la prise de Barcelone en 803, lui donna l'occasion de chasser de nombreux rebelles de l'émirat. Ceux-ci, après plusieurs années d'exil, firent de la Crète un lieu de piraterie et de pillage avant de s'y installer pour lancer leurs assauts sur les côtes égéennes. Ils fondèrent alors la cité de El Khandak(l'actuelle Héraklion) et la fortifièrent légèrement, creusant un fossé le long de la ville, lui donnant son nom, et érigeant deux tours de défenses à l'entrée de la cité portuaire. Avant, pendant, et après les Croisades, la République de Venise, à l'instar des Génois, s'occupa à étendre son emprise commerciale, quitte à conquérir des territoires pour s'en faire des comptoirs. La Crète tomba ainsi dans le giron vénitien. Lors de la Quatrième croisade, une lutte éclata entre les villes italiennes de Gênes, Pise et la République de Venise. Finalement, Venise en sortit vainqueur. La tour byzantine, encore en place, fut certainement aménagée aux besoins des soldats de Venise au début du XIIIe siècle. La forteresse de Koules n'était donc, dans un premier temps, qu'une tour rénovée pour servir au stockage de nourriture et de baraquements aux troupes installées à Héraklion. Mais un tremblement de terre la détruisit en 1303. Elle fut alors reconstruite par des architectes génois. Ce n'est qu'en 1462, que le sénat de la République de Venise s'attacha à bâtir une forteresse digne de ce nom à l'entrée du port d'Héraklion. Un autre tremblement de terre, en 1500 mit à terre l'édifice la forteresse. Finalement, la République de Venise fit appel à Michele Sanmicheli, issu des meilleurs architectes italiens du début du XVIe siècle.

Elle a donc été reconstruite au milieu du XVIe siècle. Appelée Castello del Molo, Rocca al Mare, Castello del Mare « fort de la mer » par les Vénitiens, l'édifice à deux étages construit en pierre locale comportait initialement 3 entrées et 26 salles. Les murs épais laissent encore voir à l'extérieur des bas reliefs dont le lion ailé de Saint Marc, emblème de Venise. Les pièces du rez de chaussée étaient réparties en entrepôts alimentaires, dépôts de munitions, prison... et certaines comportaient des ouvertures pour l'emplacement des canons. Une rampe intérieure permettait d'accéder à la terrasse d'où l'on peut voir la mer de 3 côtés. La garnison devant si besoin être autonome, les lieux disposaient également d'un moulin, d'un four... et évidemment d'une chapelle. Prise par les Turcs, la forteresse a ensuite subi peu de modifications sous l'occupation ottomane. Elle a surtout servi de prison.

Toutefois, au milieu du XIXe siècle, un nouveau phare, aujourd'hui détruit avait été érigé à l'emplacement de l'ancienne tour dite « à feux » située en haut de la muraille de la face nord-est.

Fortement mise à mal sur ses fondations creusées par la mer depuis de nombreuses années, subissant les phénomènes d'érosion et d'humidité dus à la pluie et au vent avec pour conséquences la désagrégation de la roche, les chutes de pierres et des problèmes de courts-circuits, les soubassements ont été consolidés et l'édifice a fait l'objet d'une restauration complète de 2011 à 2016.

Héraklion 712 02, Grèce
Accès payant