top of page

La Sainte Tunique

Le plus célèbre des vêtements de Jésus demeure sans conteste la robe sans couture, que la Vierge aurait tissée pour son fils, et que les Évangiles décrivent comme ayant été tirée aux dés par les soldats romains après la crucifixion (Jean, 19, 23-24). Certains récits légendaires racontent que Marie la lui confectionna dès son plus jeune âge, qu'elle grandissait en même temps que lui et qu'il la conserva sans usure jusqu'au jour où elle fut tirée au sort entre les soldats chargés de son supplice (avec les sandales du Christ, le périzonium et la ceinture), ce qui en fait également une relique mariale. Au cours de l'Histoire, plusieurs tuniques ont été présentées comme l'authentique vêtement de la Passion du Christ. Celle d'Argenteuil et celle deTrèves sont entières. Moscou en revendique un large fragment. On en trouve aussi dans les églises romanes de Saint-Praxède et de Saint Roch, la cathédrale de Cortone, à Venise, à Aix-la-Chapelle, à Bamberg, à Brême, à Lokkum, à Abbeville, à Constantinople, à Londres et dans plus de 30 autres églises et monastères à travers le monde.

La légende indique qu’Hélène, mère de l'empereur Constantin légua (ou selon une autre tradition en fit don) la Sainte tunique (vêtement inconsutile qu'aurait porté Jésus) à l'évêque de Trèves Agritius. La tradition tréviroise de l'existence de cette tunique à Trèves est tardive : elle est évoquée pour la première fois vers 1060 par le biographe de saint Agritius. Un siècle plus tard, le 1er mai 1196, elle est transférée de la chapelle saint Nicolas de la cathédrale dans le nouveau maître-autel du chœur orienté.

En 1512 a lieu le premier pèlerinage sous l'archevêque Richard von Greiffenklau. L'empereur Maximilien assiste à l'ouverture du coffre dans le maître-autel le 15 avril et l'ostension de la relique pendant 23 jours attire 100 000 pèlerins. Les années qui suivent voient la tenue de plusieurs pèlerinages autour de cette relique mais l'usage s'en perd au milieu du XVIe siècle. Il est relancé au début du XIXe siècle avec un pèlerinage tous les 30 ou 40 ans. Les dernières ostensions ont eu lieu en 1933, 1959, 1996 et 2012.

La Sainte tunique est conservée dans un reliquaire en bois datant de 1891, l’ensemble étant placé dans une vitrine climatisée dans la chapelle de la Sainte-Tunique. Cette chapelle n'est accessible qu'une fois par an, mais le vêtement sacré n'est pas exposé.

Un « examen archéologique » de la tunique a eu lieu en 1890-1891 mais aucune étude scientifique sérieuse n'a été réalisée. L'habitacle abritant la relique en 1512 était trop petit pour contenir une tunique en entier. Il s'agissait probablement d'une réduction, un élément pars pro toto de la Sainte tunique. 1,48m devant, 1,57m dans le dos, 1,09m de largeur inférieure et 70cm de largeur supérieure, des manches longues de 46cm et larges de 31cm. C'est à partir de cette date que la relique actuelle a été confectionnée et raccommodée au cours des siècles : le « tissu noyau » en laine embrouissaillée (aujourd'hui décomposé en fibres) fut enrobé par une gaze en soie puis enveloppé dans différentes couches de tissu (feutre de laine, taffetas de soie) et fixé sur une toile de lin. Il a été trempé dans une solution de colle en caoutchouc (ce qui a durci et bruni le textile par oxydation) pour le préserver. La Sainte Tunique originale n'existe donc plus et le fidèle peut voir uniquement son reliquaire (les couches de tissu qui l'enchâssent), ce qui ne change pas sa nature selon le principe de la relique de contact.

Une autre tunique de Jésus est conservée à Argenteuil en banlieue parisienne. Un test en 1984 a soit disant montré que le tissu de la tunique Argenteuil serait venu également de la région méditerranéenne et aurait à peu près du même âge que la tunique Trèves. Prudente, l’Église catholique ne se prononce pas vraiment sur son authenticité. Finalement tout ce que l'on peut dire, c'est que la sainte tunique de Trêves serait apparue au XIIe siècle et s'avère être une fausse relique. Pour l'évêché de Trèves l'authenticité de la tunique est accessoire, puisque c'est le pèlerinage qui a du sens !

Liebfrauenstraße 12, 54290 Trier, Allemagne

Accès libre

Mots-clés :

articles recents: 
recherche par TAGS: 
bottom of page