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Chasuble de la reine Bathilde

Anglo-Saxonne de naissance, Bathilde fut capturée par les armées d'invasion du Danemark en 641 et vendue à Erchinoald, Maire du palais de Clovis II, roi de France. Elle gagna rapidement la faveur de tous, car elle avait du charme, de la beauté et une nature gracieuse et douce. Elle gagna aussi l'affection de ses compagnes servantes, car elle leur montra de nombreuses attentions telles que le nettoyage de leurs chaussures et de leurs vêtements, les travaux de réparation, et son caractère lumineux et attrayant qui la rendirent chère à tous. Erchinoald, impressionné par ses qualités, voulut en faire sa femme, mais Bathilde, alarmée par cette perspective, se déguisa avec de vieux vêtements et des haillons, et se cacha parmi les servantes du palais. Erchinoald, pensant qu'elle s'était enfuie, épousa une autre femme.Son prétendant suivant, cependant, fut le roi Clovis. Lorsque Bathilde jeta ses vêtements anciens et apparut de nouveau, le roi remarqua sa grâce et sa beauté, et déclara son amour pour elle. En 649, Bathilde la jeune fille esclave de19 ans devint reine de France. Elle donna à Clovis trois fils: Clotaire III, Childéric II et Thierry III, tous devenus rois. A la mort de son époux, elle fut nommée régente pour son fils aîné, Clotaire, qui n'avait que cinq ans, et elle gouverna avec compétence pendant huit ans avec Saint-Éloi comme conseiller.Elle fut une bonne reine et régna en sage. Elle n'oublia jamais qu'elle avait été esclave, et fit tout en son pouvoir pour soulager ceux qui étaient en captivité. Il fut écrit que la Reine Bathilde fut la plus sainte et la plus pieuse des femmes. Se souvenant de son propre esclavage, elle mit de côté des sommes immenses pour le rachat des captifs. Bathilde aida à promouvoir le christianisme en suivant les enseignements de Saint Ouen, Saint Léodegard, et de plusieurs autres évêques.

Pendant cette période, les habitants les plus pauvres de France étaient souvent obligés de vendre leurs enfants comme esclaves pour répondre aux taxes écrasantes qui leur étaient imposées. Bathilde réduisit leurs impôts, interdit l'achat d'esclaves chrétiens et la vente de sujets français, et déclara que tout esclave qui mettait le pied en France serait libre, dès cet instant. Ainsi, cette femme éclairée gagna l'amour de son peuple et fut une pionnière pour l'abolition de l'esclavage.Elle fonda également plusieurs abbayes, telles que Corbie, Saint-Denis, et Chelles, qui devinrent colonies de peuplement dans ces régions sauvages et reculées de France. Sous sa direction, les forêts furent récupérées et l'agriculture devint florissante. Elle construisit des hôpitaux et vendit ses bijoux pour aider les nécessiteux. Quand son fils, Clotaire, fut en âge, et qu'il monta sur le trône comme roi de France, [écartée du pouvoir], Bathilde se retira dans sa propre abbaye royale de Chelles, près de Paris, où elle fut une moniale ordinaire avec humilité et obéissance.Elle mourut à Chelles avant d'avoir atteint son cinquantième anniversaire. La mort la toucha d'une main douce; Tandis qu'elle mourait, elle dit qu'elle voyait une échelle allant de l'autel vers le ciel, et que sur celle-ci, elle grimpait en compagnie des anges.

Cet habit fait partie des collections du musée municipal de cette ville, Alfred Bonno. La raison de ce vêtement nous est peut-être donnée par la Vita Eligii (La vie d'Eloi), qui raconte que Bathilde dut sacrifier ses bijoux sur l'ordre posthume de son confesseur, Eloi, "pour la plus grande révérence du Christ" et alors que la reine avait encore besoin du symbole de pouvoir que ces bijoux représentaient. Le vêtement aurait donc été brodé pour Bathilde, rappelant son rang royal tout en respectant les exigences d'humilité de saint Eloi.

Seul le devant de ce vêtement liturgique est conservé : il s’agit d’une pièce de lin en forme de T, sorte de "surtout" sans manches, sur lequel on a finement brodé, avec des fils de soie de différentes couleurs, la représentation très fidèle d’une somptueuse parure d’orfèvrerie d’origine byzantine, constituée de trois colliers. Le premier est simple, on en connaît de semblables dans le haut-moyen-âge méditerranéen. Le second est constitué de pierres serties en triangle, à la manière germanique. Il lui est rattaché une croix pectorale, gemmée et dont on connaît une copie, figurée sur la couverture d'or d'un évangéliaire offert au monastère de Monza, peu après l'an 600, par Théodelinde, reine des Lombards.

Le troisième collier est un grand sautoir dont on ne voit quasiment pas la chaîne, alors que les médaillons qui y sont suspendus sont bien visibles, qui rappellent les médaillons précieux de la Lombardie du VIIe siècle : ainsi la fibule Castellani (British Museum) ou les boucles d'oreille lombardes de Senise. Le médaillon central montre des monstres affrontés autour de l'arbre de vie, comme sur le sarcophage de Théodata à Pavie (VIIIe siècle) ou une plaque du baptistère de Sigualdus à Cividale, antérieure à 737.

Deuxième moitié du VIIe siècle

Toile de lin et broderie de soie, H : 117 cm ; L : 84 cm

Chelles, musée Alfred Bonno, Inv. 21.001.700

6 Place Paul Painlevé, 75005 Paris

Accès payant

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