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Le trésor de Gourdon

Le trésor ne fut découvert que fortuitement par une jeune bergère, Louise Forest, en 1845, dissimulé sous une tuile romaine gravée d'une croix. Il fut vendu le 20 juillet 1846 à Paris, le calice et la patène acquis par l'État tandis que les pièces étaient dispersées. Ces objets remarquables avaient été cachés en même temps qu'un trésor monétaire constitué de 104 sous d’or et tiers de sous, le plus récent datant des environs de 530. Le trésor se composait de :

- 20 solidi et 5 triens de Justin

-14 solidi et 63 triens d’Anastase

- 1 solidus de Léon

- 1 solidus de Zénon

Toutes les monnaies sont burgondes, les plus récentes frappées dans un atelier burgonde conquis par les Francs. L’enfouissement du trésor se situe au moment de la conquête de la Bourgogne par les Francs, probablement vers 530, avant l’avènement de Théodebert en 534. La présence de ces objets liturgiques à quelques centaines de mètres de l'église de Gourdon n'est sans doute pas fortuite si l'on se réfère à la mention en ce lieu par Grégoire de Tours d'un monasterium Gurthonensis. On peut en effet envisager compte tenu de la datation haute du trésor, que l'origine de ce monastère ait été plus ancienne et que lors des expéditions franques de 523-524 ou de 534 - la datation des objets liturgiques et des monnaies les plus récentes ne permettant pas d'en décider - en Burgondie, les moines aient pris soin de dissimuler leurs biens les plus précieux avant de fuir, sans avoir eu la possibilité de les récupérer par la suite.

Le calice a la forme d’un cantharos aux anses recourbées ayant à leurs extrémités des têtes de griffons ; la partie supérieure de la coupe est décorée de filigranes et de cloisons profilées (où alternent les grenats et les turquoises), qui dessinent un sarment de vigne ; au-dessus et au-dessous de cette frise, deux fils d’or

retenus sur des anneaux devaient porter des rangées de perles, aujourd’hui perdues. En dépit de leur forme encore classique (indice d’une datation qui ne saurait être postérieure au Ve siècle), la fonction eucharistique de ce calice et de la patène associée est confirmée par leurs motifs décoratifs : outre la croix et le sarment de vigne, le griffon symbolisait en effet le Christ, selon l’exégèse de certains Pères de l’Église. Il devait s’agir d’objets liturgiques transportables, ce qui expliquerait leurs dimensions réduites : ils comptent au nombre des plus anciens objets chrétiens parvenus jusqu’à nous, et constituent de surcroît les seuls en or subsistants parmi tous ceux dont les sources écrites indiquent la présence en Gaule mérovingienne.

Patène: Plateau d’or massif exhaussé sur une galerie découpée à jour. Bord décoré d’une rangée de losanges en grenats montés en cloisonné, placée entre deux lignes de lentilles en grenats cloisonnés. Aux quatre coins du plateau, des coeurs. Au centre du plateau, croix latine creusée dans la masse et se détachant du fond grâce à des ornements carrés en grenat, les contours de la croix en filigrane comme ceux des quatre coeurs décomposés occupant les coins du plateau. On peut noter que dans cet exemple très ancien, la patène n'est pas encore ronde et adaptée à la forme du calice, telle qu'elle le deviendra dès la période carolingienne.

On a par ailleurs supposé (sans apporter à ce propos de preuves définitives) qu’il s’agissait des biens du monasterium Gurthonensis, dont Grégoire de Tours mentionne l’existence au VIe siècle.

Pour plus de renseignements ICI numéro 58 page 28

Patène et calice eucharistiques de Gourdon

Royaume burgonde ( ?), 2de moitié du Ve siècle

Or et grenats ; H : 19, 5 ; L : 12.5 cm (patène) ; H : 7, 4 ; D : 4, 4 cm (calice)

Provenance : découverts le 20 juillet 1845 lors d’une campagne de

fouilles près de Gourdon sous une brique décorée d’une croix

Paris, BnF, Inv. 56.96 et 56.97

6 Place Paul Painlevé, 75005 Paris

Accès payant

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