Psautier pourpré dit "de saint Germain"
- Alain Foucaut
- 14 nov. 2016
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En principe, un psautier est un recueil de psaumes, et il était tel au début, d'abord comme livre liturgique à l'usage du clergé, ensuite comme livre de dévotion à l'usage des laïques. Autrefois, dans l'Église catholique, tout prêtre et tout chrétien lettré possédait le psautier. C'était alors le livre par excellence après l'Evangéliaire.

Selon une légende, ce Psautier aurait été rapporté par Childebert Ier d’une expédition en Espagne, avec la croix d’or et la tunique de saint Vincent, et utilisé par l’évêque de Paris saint Germain (496-576). S’il n’est pas exclu que l’arrivée du manuscrit dans l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés soit liée à son fondateur, sa présence est en tout cas attestée dès 1269, date de l’inventaire des reliques dans lequel il est mentionné pour la première fois. Ce manuscrit renferme une version anté-hiéronymienne des psaumes, issue de la Vetus latina dont la traduction a été effectuée d’après les textes grecs de la Septante. Son écriture, une élégante onciale de gros module a été attribuée, dans un premier temps, à l’Italie des premières décennies du VIe siècle, mais Michel Huglo puis Roger Gryson ont montré que le texte en vieux latin de ce Psautier présente des affinités avec celui qui circule en Gaule lyonnaise à la fin de l’Antiquité, ce qui apporte donc du crédit à une origine française et rend plausible son utilisation à Saint-Germain-des-Prés dès les premiers temps de sa fondation.

Les psautiers destinés à des princes ou à des dignitaires de l'Eglise, de même que ceux à l'usage des souverains, étaient exécutés avec plus ou moins de luxe, d'abord de calligraphie, puis d'ornementation et de miniatures, et représentent souvent de véritables oeuvres d'art. Le plus ancien exemple nous en est offert par le Psautier (latin), dit de saint Germain, écrit en lettres onciales d'argent et d'or sur parchemin pourpré; on le fait dater du VIe siècle, et il aurait servi à saint Germain, évêque de Paris.
Couleur mythique par excellence, la pourpre revêt, quant à elle, une double connotation impériale et chrétienne : elle permet aux souverains de se poser en héritiers des empereurs romains, tout en évoquant la Passion du Christ (le rouge du sang du Christ). Associée à Rome à l'exercice du pouvoir impérial, depuis la décision de Néron d'en faire la couleur officielle exclusivement réservée aux empereurs sous peine de mort, elle demeure le symbole du pouvoir impérial à Byzance. La pourpre était obtenue dans l'Antiquité à partir de mollusques, dont le plus connu est le murex. Elle pouvait revêtir différentes teintes, allant du rouge brun au gris bleu. Cette couleur était particulièrement onéreuse, puisqu'il fallait environ dix mille coquillages pour obtenir un gramme de pigment pur. Devenue introuvable en Occident au Moyen Âge, elle est généralement remplacée par différents substituts, les plus courants étant l'orseille, un extrait obtenu à partir de différents lichens, et le folium ou tournesol, dont les différentes parties étaient mises à macérer jusqu'à obtention d'un rose violacé. Ces substituts sont connus des enlumineurs carolingiens, comme l'atteste notamment leur présence dans deux manuscrits à peintures de cette époque.
Italie ou France, VIe siècle
Parchemin, A-C + 291 ff., H : 27, 5 cm, L : 22 cm
Paris, BnF, mslatin
11947
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