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L'aile Longueville de Châteaudun

Les descendants de Jean Dunois, les seigneurs de Longueville, complètent le château en ajoutant une aile au nord, côté Loir, entre 1509 et 1518. Commencée par François Ier de Longueville et son épouse Agnès de Savoie, pour les soubassements, elle fut élevée par ses petit-fils. Le fossé qui subsistait à l’Est fut comblé et l’aile provisoire est rasée. Le château s’ouvrait sur la ville. La façade sur cour de l’aile Longueville contraste par la richesse de son décor avec la sobriété de la construction du XVe siècle et constitue l’un des premiers témoignages de l’influence italienne à l’extrémité Nord du Val de Loire.

La verticalité marquée par les hautes toitures conservent à l’édifice un caractère médiéval tandis que la relative symétrie de la composition et le répertoire ornemental de la cage d’escalier annoncent la Renaissance. Comme sur le mur de l’aile Dunois, un soubassement mouluré marquent les horizontales. De grandes croisées à double traverse ouvrent largement la façade. Leurs montants se prolongent en guirlandes de feuillage sur les linteaux, dont les culots sculptés et les trilobes rappellent les ornements de l’aile Louis xii de Blois. Une balustrade ajourée surmonte une corniche : ce motif décoratif évoque la Renaissance. Les deux niveaux de combles éclairés par des lucarnes à double fenêtres superposées, aujourd’hui disparues, amplifiaient encore la verticalité de l’ensemble.

Comme pour la demeure de Dunois, l’escalier est l’élément décoratif majeur de l'aile nord.

Cet escalier est plus monumental que celui de l’aile Dunois mais sa conception est identique : une vis en oeuvre précédée de paliers formant loggia, ici surmontée d’une salle haute accessible par un petit escalier en vis dans une tourelle en encorbellement. L’ensemble est coiffé d’une haute toiture en pavillon. Des contreforts à niches surmontés de dais cantonnent les deux travées et portent un riche décor flamboyant.

De grandes baies couvertes d’arcs surbaissés laissent pénétrer le regard vers les paliers dont les balustrades italianisantes annoncent le décor intérieur.

C’est le décor intérieur de la cage qui introduit à la Renaissance : le noyau de calcaire blanc est décoré de candélabres. Des colonnes couronnées de chapiteaux aux décors variés ornent les murs de la cage.

Des caissons de pierre rythment les plafonds plats des paliers. Les linteaux des portes sont sculptés de motifs italianisants, cantonnés de médaillons. La qualité du décor sculpté n’est pas toujours égale, mais les sculpteurs locaux n’ont pas hésité à exécuter des décors à la variété débridée.

On remarque des personnages anthropomorphes tels que sirènes ou hommes-poissons, des putti parfois ailés jouant de la trompette ou sortant de cornes d’abondance, au détour d’un chapiteau on identifie une silhouette casquée vêtue d’un drapé à l’antique, et même un enfant portant un bonnet d’âne.

L’aile Longueville est formée d’un long corps de logis rectangulaire, d’axe est-ouest, accolé à l’ouest au mur des pavillons de l’aile Dunois. Le rez-de-chaussée était destiné à François ii de Longueville, l’étage

vraisemblablement à son épouse, Françoise d’Alençon, les serviteurs logeant dans les combles.

La disposition des pièces est la même sur les deux premiers niveaux, introduisant une distinction nouvelle entre l’espace privé du duc et celui de la duchesse, de part et d’autre de l’escalier, deux pièces :

vestibule ou chambre de parement et « sallettes ». L’espace public de la grande salle de 300 m2 se trouve dans leur prolongement occidental. Deux cheminées sont disposées aux deux extrémités.

Sur le manteau de l’une d’elle, un cerf majestueux est couché. Sa tête amovible permettait au duc d’y installer son dernier trophée. Ce hautrelief rappelait à tous que la chasse au gros gibier était l’apanage de la noblesse.

Derrière le grand escalier et donnant sur le Loir existait un ensemble de pièces plus privatives comportant une seconde chambre, une chapelle, une garde-robe et un cabinet. Il n’en subsiste que la terrasse, suite à un éboulement.

La grande salle haute de l’aile de Longueville occupe une surface identique à celle de la salle basse. Elle est couverte d’un plafond à la française, depuis la restauration de celui-ci les poutres de bois évidées cachent la structure métallique qui soutient l’ensemble.

Dans les ébrasements des murs, trois paires de volets intérieurs correspondent aux doubles croisées. Chaque vantail est constitué d’un châssis à deux panneaux séparés par un montant. Les panneaux sont tous décorés d’un motif en plis de serviette, typique du style gothique. Ces volets permettaient de conserver la chaleur de la pièce. À chacune des extrémités de celle-ci, deux cheminées sobrement décorées produisait modestement chaleur et lumière, tant le rayonnement des foyers était insuffisant en proportion du volume à chauffer.

Une chambre de tapisserie contribuait au confort thermique et phonique lors des réceptions. La salle est meublée de plusieurs coffres gothique et Renaissance restaurés. Les ducs de Longueville y accueillaient leurs convives. Elle était le cadre de grandes réjouissances : danse, musique, poésie, contes et récits, représentations théâtrales accompagnaient les banquets. Le sol pavé était jonché de végétaux et, en saison d’herbes aromatiques.

Place Jehan de Dunois, 28200 Châteaudun

Accès payant

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