top of page

L'aile Dunois de Châteaudun

A partir de 1460, Dunois fit bâtir l’aile gothique, dite « aile Dunois », pour y loger sa famille. Elle comporte cinq niveaux, deux en sous-sol, éclairés côté jardin, deux étages en élévation et un niveau de combles côté cour. La façade est percée de larges et élégantes ouvertures : deux niveaux de croisées coiffés d’arcs en anse de panier sont surmontés de lucarnes aux motifs décoratifs géminés. L’impression de verticalité ainsi créée est rompue par trois larmiers qui rythment la façade de leurs lignes horizontales.

Elle est desservie par deux escaliers en vis. Un escalier en vis, situé entre la Sainte-Chapelle et le logis de Dunois, est typique de l’art de construire médiéval : élevé dans une tourelle extérieure accolée à la façade. Il est éclairé par trois fenêtres étroites et une porte couverte d’un arc en anse de panier y donne accès.

Le grand escalier de l’angle nord-ouest constitue un jalon dans l’histoire de la distribution des demeures seigneuriales.

C’est un escalier en vis conformément à la tradition médiévale mais il en diffère en ce qu’il est séparé de la façade par un porche voûté et un palier.

Les paliers des niveaux permettent d’accéder à la fois à l’aile Dunois et à l’aile Longueville. La façade de l’escalier contraste avec la sévérité du logis par l’ampleur de ses ouvertures et la profusion de son ornementation ».

Dans le logis de Dunois, au premier niveau du sous-sol se succèdent cinq pièces en enfilade auxquelles on accède par un escalier droit.

Deux immenses cuisines voûtées sur croisées d’ogives abritent deux cheminées qui occupent toute la largeur du mur de refend.

Elles sont abondamment éclairées par les croisées donnant sur jardin dans l’embrasure desquelles des bancs de pierre ou coussièges sont ménagés. Deux autres pièces de service, un four à pain et des latrines complètent l’ensemble.

L’ampleur des cuisines manifeste l’importance de l’hospitalité dans l’art de vivre seigneurial tout au long du Moyen âge et de l’époque moderne. Le banquet témoignait de la richesse et de la munificence de l’hôte, des vertus chrétiennes de charité et de générosité qu’il devait ostensiblement manifester pour affirmer son pouvoir. De nombreux serviteurs procédaient à la préparation des mets tels que le maître queue, les cuisiniers, pâtissiers, « gallopins » et autres menus serviteurs et au service de table, l’écuyer tranchant, l’échanson, le panetier.

Au premier niveau du sous-sol de l’aile Dunois, une porte sculptée de feuillages s’ouvre sur l’appartement des bains. Une première pièce, dotée d’une cheminée vraisemblablement un vestiaire ou salle de repos, permet d’accéder au jardin par un escalier et à des latrines. Accessible par quelques marches, une pièce voûtée dotée de bancs de pierre constituait la salle chaude, donnant sur une petite étuve.

LA SALLE DE JUSTICE

Cette pièce était le lieu où le seigneur exerçait personnellement ou par délégation son pouvoir de justice. Elle est dans un état remarquable de conservation et constitue un témoignage exceptionnel de ce que pouvait être le décor d’une juridiction seigneuriale d’Ancien Régime au XVIIe siècle. Elle fit l’objet d’un aménagement particulier à l’occasion des passages de Louis XIV à Châteaudun en 1682 et 1685. La salle fut recouverte en partie haute d’un badigeon blanc sur lequel furent alternativement peints une fleur de lys et un monogramme doré composé d’une couronne couvrant un L.

Si le L fait bien entendu référence à Louis, la couronne fermée rappelle l’adage selon lequel le roi de France est « empereur en son royaume » et qu’il tient son pouvoir de Dieu seul. En partie basse, sur le tiers inférieur du mur, une peinture dorée fait écho à l’or des armes royales.

L’espace à proprement parler servant de tribunal est délimité par des boiseries. La pièce est fermée par des stalles qui séparent l’espace où la justice se rend du reste de la salle. L’angle de la pièce est lambrissé de panneaux de chêne et reçoit une estrade en équerre à laquelle on accède par quatre degrés. C’est là que siégeaient les magistrats. Cette scénarisation de l’espace judiciaire permettait d’impressionner le justiciable

et de rappeler à tous qu’on ne pouvait se soustraire aux rendus de la cour. C’est pourquoi, lorsque la Révolution éclata, le lieu fut investi par les autorités d’alors qui y firent ajouter une peinture affirmant que la justice était désormais rendue au nom du peuple français, suivant en cela l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen qui stipulait : « La loi est l’expression de la volonté générale. [...]. Elle doit

être la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. » Ainsi, sur le panneau central couvrant l’angle, une scène ayant la loi en son centre présente différents symboles révolutionnaires : devant un livre grand ouvert portant en lettres majuscules le mot « Loi » se tient le coq gaulois, évocation du peuple français. Derrière le livre, à droite, un lion rappelle la force du droit, tandis qu’au-dessus un faisceau de licteurs surmonté d’un bonnet phrygien est entouré de feuillages, de deux drapeaux tricolores et de fanions. De part et d’autre du code, des pointes d’étendards hérissent la composition.

Le château comprend quelques cellules aménagées certainement en même temps que le tribunal du XVIIe

siècle. Les murs, de calcaire tendre, sont couverts des inscriptions et graffiti gravés par les prisonniers.

Le plus fameux d’entre eux est certainement Michel de Marillac, un des chefs du parti dévot, écarté et emprisonné lors de l’ascension au pouvoir de Richelieu.

Jouxtant la salle de justice on peut voir une chambre au lambris peint de motifs funèbres du XVIe siècle, elle est un vestige supposé du décor des obsèques de Léonor de Longueville.

De l'autre côté de l'aile Dunois se trouve le logis nord qui se compose de plusieurs pièces, dont l'une est ornée de lys et de L couronnés commémorant la venue de Louis XIV au château en 1682 et 1685.

A côté, la salle à manger lambrissée et la chambre à alcôve ont été aménagées par les ducs de Luynes au XVIIIe siècle.

Le chemin de ronde.

Le jardin suspendu, premier construit en France, s'inspire du modèle des palais de la Renaissance italienne.

Place Jehan de Dunois, 28200 Châteaudun

Accès payant

Mots-clés :

articles recents: 
recherche par TAGS: 
bottom of page