Les mésaventures du menhir de la Pierre Cornoise
- Alain Foucaut
- 3 oct. 2016
- 3 min de lecture
Egalement appelée Pierre Cornière ou de Cornoy, ce menhir* témoigne que le site de Thoury-Férottes était habité dès le néolithique. Ce menhir heureusement classé en 1889 (taillé au marteau d'après certain?), s'enracine de 1.20 m environ dans le sol et d'une hauteur apparente de 3.70 m (en forme de corne).

Une tradition rapporte que la pierre aurait été élevée sur la tombe d’un général nommé Cornois, mort sans doute vers la fin du VIe siècle, époque à laquelle Thierry et Théodebert, rois de Bourgogne et d’Austrasie, livrèrent en 599 une bataille sanglante à Clotaire, roi de Soissons ».
Vers 1860, « Des fouilles inintelligemment faites par l'abbé Béraud, au pied de cette pierre celtique, l'ont fait tomber mais sans la briser » (Base de données Mérimée du ministère de la Culture et de la Communication - direction de l'Architecture et du Patrimoine). Il fut relevé le 23 mars 1895.
De ce fait, son orientation actuelle n'est peut être pas celle d'origine en raison de son relèvement.
En visitant la Pierre Cornoise début septembre 2016, j'ai malheureusement constaté que le menhir avait été vandalisé (deux grosses flèches peintes en gris).

J'ai donc alerté Mr Benard du GERSAR qui a avisé le Service Régional de l'Archéologie et l'administration des Monuments Historiques, le menhir étant classé, afin de lui rendre son aspect d'origine au plus vite!

77940 Thoury-Férottes
Accès libre au milieu d'un champ, au pied d'une ligne à haute tension. Indiqué sur la carte IGN n° 2517 O.

*Le terme « menhir » est construit à partir du breton maen, « pierre », et hir, « longue ». Il semble que ce soit Théophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret qui, le premier, officialise le terme « menhir », dans son ouvrage Origines gauloises. Celles des plus anciens peuples de l'Europe puisées dans leur vraie source ou recherche sur la langue, l'origine et les antiquités des Celto-bretons de l'Armorique, pour servir à l'histoire ancienne et moderne de ce peuple et à celle des Français, publié entre 1792 et 1796. Cette appellation « menhir » est vite relayée par l'historien Pierre Jean-Baptiste Legrand d'Aussy (1737-1800). Le 7 ventôse de l'an VII (25 février 1799), Legrand d'Aussy fait, à l'Institut, une lecture de son ouvrage, Des Sépultures nationales, publié par la suite en 1824, dont voici un extrait (en respectant la graphie des termes) :« On m'a dit qu'en bas-breton ces obélisques bruts s'appellent ar-men-ir. J'adopte d'autant plus volontiers cette expression, qu'avec l'avantage de m'épargner des périphrases, elle m'offre encore celui d'appartenir à la France, et de présenter à l'esprit un sens précis et un mot dont la prononciation n'est pas trop désagréable. La nécessité où s'est vue la nation bretonne d'imaginer une expression pour désigner cette sorte de monument, semble annoncer qu'elle en avait chez elle une très grande quantité. [...]Ar-men-ir, littéralement la pierre longue. Ar, dans la langue bretonne, de même qu'al dans la langue arabe, est l'article défini qui répond à notre le, la; le transporter dans notre langue en y joignant le nôtre, serait une faute, parce que ce serait employer deux articles au lieu d'un. Je dirai donc menir, et non l’almenir; de même qu'on dit le Koran, et non l’alkoran. »

Mais finalement, les menhirs n'ont rien a voir avec nos gaulois, étant donné qu'ils ont été levé au néolithique, soit plusieurs milliers d'années avant l'arrivée des Celtes en Europe.