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Le sarcophage de la chasse au lion dit tombeau de Jovin

  • Alain Foucaut
  • 2 sept. 2016
  • 3 min de lecture

Flavius Valerius Jovinus est un général romain d'origine gauloise, né à Reims (v. 310 - 370). Il est nommé Maître de cavalerie en Gaule par l'empereur Julien, charge qu'il conserve sous Jovien (363-364) et Valentinien Ier (364-375). Il arrête plusieurs incursions des Alamans, comme en 366 à Scarpone.

En 363, quand Jovien veut le remplacer par un de ses hommes, il est proclamé par ses légions en Gaule, mais il refuse la pourpre et calme la révolte de ses troupes. Jovien, reconnaissant, lui restitue sa charge. En 366, il bat à trois reprises les Alamans qui ont passé le Rhin, à Scarponna (Dieulouard), sur un fleuve (peut-être la Moselle) puis à Châlons-sur-Marne. Il en est récompensé l'année suivante par le titre de consul.

Converti au christianisme il fait construire à Reims l'église de Saint-Agricole et Saint-Vital, dite Jovinienne (sur l'emplacement de l'actuelle abbaye Saint-Nicaise) où il est inhumé à sa mort en 370 dans un sarcophage de marbre blanc qu'il aurait ramené d'Italie, décoré sur sa face principale d'un haut-relief représentant une scène de chasse. Ce tombeau est conservé depuis 1958 dans le musée d'archéologie de Saint-Rémi, mais depuis 1880 son attribution à Jovin est remise en cause:

La question principale, au sujet de cet exceptionnel sarcophage, est celle de sa traçabilité: Depuis quel moment, avant le XVIème siècle et N.Bergier (1966), est-il dans le patrimoine rémois? A-t-il pu servir de tombeau à Jovin, général d'état-major (360-375) des empereurs Julien et Valentinien. L'analyse traditionnelle, comparative, stylistique et iconographique, montre qu'il devrait s'agir d'une oeuvre réalisée à Rome dans les années 260 ap J-C. La documentation rémoise, ne permet pas une réponse probante pour l'arrivée du sarcophage à Reims.

Comme un second sarcophage antique de chasse au lion semble bien avoir existé à Reims jusqu'à la Révolution, une hypothèse ancienne de J-J Hatt, faisant du "tombeau de Jovin" une oeuvre éclectique tardive, réalisée par un atelier local à l'époque valentinienne, ne peut être complétement exclue; Il pourrait alors s'agir d'une réplique luxueuse et adaptée pour Jovin, vraisemblablement mort à Reims, en bon chrétien, vers 370-390 ap J-C.

Une analyse du marbre blanc du sarcophage du musée Saint- Remi permet maintenant d'en connaître précisément l'origine: Du marbre de l'antique Proconnesos (au nord de l'île de Marmara, région de Saraylar) et non de Carrare, origine traditionnellement admise. Dans la série comparative des chasses au lion le "célébre sarcophage de Jovin de Reims", fait parti des 5 oeuvres "d'une importance et d'une valeur inhabituelle" et en est l'aboutissement (ANDREAE 1985 p.8 et 1977, éd. Mazenod). L'hypothèse d'une réplique voulant faire mieux qu'un autre sarcophage de chasse au lion,

déjà présent dans la métropole de Reims, est proche de celle de Hatt; Les portraits du défunt étant considérés comme d'époque constantienne par l'école allemande, cette hypothèse d'un atelier de Rome, trèvire ou mixte, qui aurait réalisé pour Jovin, une version parachevée qui manifeste le "néo-classicisme et l'éclectisme qui régnaient dans le mileu impérial valentinien" (HATT 1966, p.85) est à prendre en considération dans son époque valentinienne de restauration impériale de la Gaule, sauvée des Germains et devenu chrétienne.

Quoiqu'il en soit, une étude globale, iconographique et technique, jamais réalisée, pour les trois portraits mais aussi pour la cuve et les agrafes métalliques, est nécessaire car la nouvelle identification d'un marbre venant de Marmara y invite fortement. Une notice dans la CAG 51/2 Marne Reims (mars 2010) ne fait pour le moment que résumer notre mise à jour de la question de l'origine de ce superbe sarcophage.

53 Rue Simon, 51100 Reims

Accès payant

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