top of page

Le baptistère des Ariens et L'église du Saint Esprit à Ravenne

L'église est le premier monument cultuel érigé par Théodoric à Ravenne. Le baptistère des Ariens était situé à proximité de l’église du Saint-Esprit initialement nommée Hagia Anastasis (Sainte Résurrection). Cette église, cathédrale des ariens, fut re-consacrée comme cathédrale catholique sous l’invocation de saint Théodore (soldat et martyr d'Amasea in Porto) en 526. Il reste très peu du monument originel depuis sa reconstruction en 1543. Après la conquête de la ville en 493, il voulut donner à son peuple arien des églises différentes de celles des catholiques. Il édifia ensuite le Baptistère des Ariens durant les années 493 à 526. En effet, les Goths, comme d'autres peuples germaniques, avaient embrassé le christianisme sous la forme prêchée par Arius et considérée comme hérétique à la suite des premiers conciles œcuméniques. Le baptistère devait donc permettre aux Ariens de disposer de leur propre lieu.

Ce bâtiment est contemporain de la basilique Sant'Apollinare nuovo. En 565, après la condamnation de l’arianisme, il est converti en oratoire catholique sous l’invocation de sainte Marie. Un monastère grec est construit à côté, au temps de l’exarchat de Ravenne, et le baptistère est placé sous l’invocation de sainte Marie de Cosmedin. Vers l’an 1700, l’édifice devient propriété privée puis en 1914, il est acquis par l’État italien. Les bombardements alliés de la Seconde Guerre mondiale causent la ruine des bâtiments voisins qui l’enserraient de toutes parts. Les chercheurs purent ainsi, pour la première fois, prendre connaissance des détails extérieurs de tous côtés.

Comme pour les autres monuments de Ravenne, le sol extérieur ayant été exhaussé au cours de siècles, celui du baptistère se situe à présent à 2,30 mètres au-dessous du niveau du sol. Les murs sont nus, ce qui n’a pas toujours été le cas dans le passé. Pendant les recherches archéologiques qui y furent conduites avec déblaiement du sol, on découvrit en effet 170 kilos de tessères.

Le baptistère des Ariens nous permet d’admirer la précision de la représentation et le début de ce style hiératique byzantin. Les mosaïques du baptistère sont marquées par une schématisation plus rigide du système décoratif, significatif de l’art byzantin. Les personnages sont droits, souvent de face, et regarde le spectateur frontalement pour faire naître en lui des sentiments de dévotion, de glorification et permettre également une assimilation à la scène représenté. Ici, les mosaïques se trouvent sur la coupole du baptistère et ont pour thème central le baptême du Christ au Jourdain.

On trouve le récit du baptême du Christ dans les évangiles de Matthieu 3,13-17, de Marc 1,9-11, et de Luc 3,21-22. Les ariens n’acceptent pas le dogme chrétien d’ égalité de nature entre le Père et le Fils, ils affirment que le Fils n’est qu’une créature, inférieur au Père, puisqu’il est humain. Représenter le baptême du Christ est donc un moyen d’affirmer leurs croyances en la différenciant des représentations chrétiennes habituelles. Les mosaïques sont faites de tesselles d’or, de pierres précieuses et de verre. De plus, représenter une scène de baptême, au dessus des fonds baptismaux de cet édifice, permet de comparer cette entré dans la foi arienne avec la vie du Christ et son entré dans la vie publique a partir du baptême. Le catéchumène se trouvera sous la figure du Christ pour son propre baptême, ce qui lui permettra de s’assimiler à celui-ci. Tout cela met en évidence l’importance du baptême et de la foi a avoir.

Le Christ est représenté sous les traits d’un jeune homme imberbe, avec une auréole, nu; il est vu de face, et est a moitié dans le fleuve du Jourdain. Les représentations du Christ adulte entièrement nu, sont rares, ce qui fait de cette mosaïque une exception iconographique majeure.Cependant le bas du corps du Christ est couvert par les vagues du fleuve, puisqu’il est baptisé par immersion comme le faisait les premiers chrétiens. Le dieu du fleuve est représenté à gauche de Jésus, comme un vieillard aux cheveux longs et à la barbe blanche; il est couronné de lauriers, couvert d’une toge verte noué à la ceinture. Il tient un rameau et est assis sur une amphore versant l’eau composant le fleuve où se passent les baptêmes. Au dessus du Christ se trouve le Saint-Esprit sous forme de colombe, comme en témoignent les récits bibliques. Un souffle va de la colombe jusqu’à la tête du Christ, il s’agit de la voix du Père entendu lors du baptême. Dans ce récit, le Christ représente sont humanité, le Saint Esprit à la forme d’une colombe, mais il n’accède pas aux rangs des pécheurs qu’a la nature humaine, le Père ne peux pas prendre de forme, toutes sont trop imparfaites pour que cela soit possible, selon les ariens. Ce souffle prouve donc la perfection du Père, Dieu, tandis que le Fils reste une créature ayant besoin du baptême (purification) pour se rapprocher de Dieu. Cette représentation anodine au premier abord se dévoile ainsi engagé dans la théologie arienne, en insistant sur les différences avec la foi chrétienne romaine. En face du dieu Jourdain, se trouve saint Jean Baptiste, vêtu de sa mélote ( peau de mouton, chameau) et tenant un pelum, bâton de pâtre recourbé. Cette représentation de Jean Baptiste en berger est sans doute issu de la tradition païenne des divinités champêtres vêtus en bergers. Ce type de représentation sera remplacé ensuite par celle d’un esthète vivant dans le désert. Avant cela, on pouvait le trouver vêtu d’une tunique antique comme sur la chaire de Maximien à Ravenne. Ces trois personnages sont situés au cœur de la coupole, au centre d’une couronne végétal doré, afin de les mettre en valeur. Ce cercle principal est entouré des douze apôtres, vêtus de la même façon : une tunique bleutée sous un vêtement blanc, chaussés de sandales brunes et portant chacun une couronne de lauriers, sauf ceux autours de l’autel. Tous ont les mains couvertes par un voile en signe de respect, pour le divin. A coté de l’autel, ont peux reconnaître saint Pierre tenant ses clefs, faisant référence au rôle de Pierre donné par le Christ (Matthieu 16, 18-19). Les visages sont presque que tous différentiables, et certains sont personnalisés (Pierre, Paul).

Tous amène leurs offrandes vers l’autel où se trouve une croix gemmé, symbole de la mort sur la croix du Christ et du rachat de l’Humanité par son sacrifice. Les offrandes ont donc une vocation d’action de grâce, puisque la purification du baptême est permise par la mort sur la croix du Christ.

Cette mise en parallèle de ces moments importants pour un chrétien, permet d’établir une relation de louange à Dieu souhaitée. Ainsi, le programme iconographique du baptistère des Ariens sert-il à mettre en parallèle l’action du catéchumène et celle du Christ, lors du baptême. Il est utiliser à des fins théologiques également, pour proclamé la toute puissance de Dieu le Père sur toutes les créatures, y compris le Christ; mais il sert également à donné un programme de vie pour le nouveau baptisé, dans la louange et l’action de grâce, suite à sa purification, lui permettant d’être sauvé. Cette iconographie exceptionnelle nous permet de découvrir l’arianisme et ses représentations du sacré, mais également de comprendre l’évolution stylistique de la mosaïque dans l’Empire romain d’Occident, qui inspira de nombreuses autres réalisations.

Piazzetta degli Ariani, Ravenna RA, Italie

Accès payant

Mots-clés :

articles recents: 
recherche par TAGS: 
bottom of page